Des artistes canadiens visent la renommée en participant à des émissions étrangères

Des artistes canadiens tentent d’acquérir une renommée internationale en participant à des concours télévisés à l’étranger.

Par exemple: les Reklaws.

Le duo frère-sœur composé de Jenna et Stuart Walker est bien connu au Canada. Quatre de leurs chansons ont atteint le sommet du palmarès country au pays. Tous deux ont été récompensés maintes fois par la Canadian Country Music Association et ont été candidats aux Juno.

Et pourtant, le duo n’a pas hésité à participer le mois dernier à l’émission «America’s Got Talent», au grand étonnement de ses admirateurs.

Jenna et Stuart Walker expliquent qu’ils ne pouvaient pas tourner le dos à une occasion d’étendre leur renommée à l’extérieur du Canada.

«On peut bûcher à Nashville pendant les 10 prochaines années ou nous pouvons accepter de participer à ce concours afin de voir si cela permet aux portes de s’ouvrir plus vite», dit Jenna Walker.

Les producteurs de l’émission de NBC ont dit aux deux chanteurs que le fait d’être bien connus au Canada les avait séduits en partie, ajoute Stuart Walker.

«C’est comme s’ils souhaitaient devenir notre tremplin pour acquérir un plus grand bassin d’admirateurs et avoir un auditoire devant nous. Évidemment, on ne pouvait pas refuser.»

Les Reklaws ont amorcé leur carrière en 2012. Cinq and plus, ils devenaient connus à l’échelle nationale grâce à la chanson «Hometown Kids». Malgré leur succès au Canada (huit prix du CCMA, huit nominations aux Juno, quatre titres au numéro un du palmarès country), ils n’ont pas encore percé au sud de la frontière.

L’idée de participer à «America’s Got Talent» a germé lors du tournage d’une vidéo pour la chanson «Honky Tonkin’ About» à laquelle participait le chanteur country américain Drake Milligan. Ce dernier a participé à l’émission, l’an dernier. Son équipe a offert au duo de prendre contact avec les producteurs qui l’ont recruté pour une audition.

Passage que Jenna et Stuart Walker ont réussi haut la main en obtenant l’approbation des quatre juges de l’émission. Ils passeront à la prochaine étape qui s’amorce le 13 août.

Un parcours réussi à l’émission peut donner aux artistes une crédibilité et une renommée aux États-Unis. Les Reklaws sont bien placés pour saisir cette occasion, croit le commentateur Eric Alper.

«Ils ont plusieurs dizaines de chansons déjà prêtes qui attendent d’être découvertes par de nouveaux admirateurs, raconte-t-il. Ils ont la chance unique de pouvoir rassembler rapidement beaucoup de personnes autour de leur candidature.»

Tenter sa chance dans un autre pays est un véritable défi pour l’artiste et sa maison de disque.

«On repart à zéro dans certains cas», souligne Eic Alpher.

Et les Reklaws ne sont pas les seuls à tenter de mousser leur popularité en participant à un concours télévisé à l’étranger.

Un certain nombre de Québécoises comme Jade Matthieu, Anick Saint-Pierre ou Tamara Weber-Fillion ont participé à l’émission «The Voice» ou un de ses volets en France.

La chanteuse canado-marocaine Faouzia s’est même rendue plus loin. En 2024, elle a participé à «Singer 2024», une émission diffusée en Chine. Parmi les autres concurrents figurait la chanteuse américaine de R&B Chanté Moore.

«On va là pour rencontrer plein de gens formidables, on va là pour vivre de belles expériences. On se retrouve dans un genre d’émission auquel on ne participe habituellement pas, un concours à ce stade de ma carrière», mentionne-t-elle.

Faouzia a collaboré avec John Legend, David Guetta, Kanye West et a été en nomination pour la révélation de l’année au gala des prix Juno en 2022. Ses chansons ont été entendues des centaines de millions de fois sur les plateformes musicales comme Spotify, YouTube et TikTok. Malgré tout, elle demeure une relative inconnue à l’échelle du pays.

«Je ne suis pas sûre d’être connue dans plusieurs régions du Canada ou à l’étranger, mais j’espère y parvenir», dit celle qui a grandi à Carman, au Manitoba.

Jada Watson, professeure adjointe à l’Université d’Ottawa, dit que les concours internationaux peuvent être «une voie à la visibilité» pour un article qui compte briser des tabous ou obtenir un nouvel élan.

Elle explique qu’il existe souvent un fossé entre la perception du public sur le succès d’un artiste et la réalité du secteur de la musique.

«Plusieurs fans croient que s’ils voient un artiste dans un festival local ou s’ils le voient au gala des Juno, ils s’imaginent qu’il a un grand bassin d’admirateurs, qu’il peut compter sur ce capital pour poursuivre leur carrière. Or ce n’est pas la réalité.»