Philippe DeRouville, le hockeyeur devenu ostéopathe en Italie
Au cours de sa carrière de hockeyeur professionnel, le gardien victoriavillois Philippe DeRouville a eu la chance de parcourir le monde en jouant au Canada, aux États-Unis, en Allemagne, en Écosse, en Suède, en France, en Italie, en Irlande et en Croatie. Une fois ses jambières accrochées, c’est en sol italien que DeRouville a décidé de déposer ses pénates pour ensuite amorcer ses études afin de devenir physiothérapeute puis ostéopathe.
Depuis 2008, DeRouville vit à Bressanone, une ville majoritairement germanophone d’environ 25 000 habitants située dans le nord de l’Italie. Si le Victoriavillois s’est retrouvé dans cette partie du monde, c’est que pour la saison 2004-2005, il avait décroché un contrat avec la formation italienne située à Brunico, soit le HC Pustertal/Val Pusteria, une ville située tout près de Bressanone. C’est donc là-bas qu’il a rencontré celle qui allait devenir la mère de ses deux enfants, soit Alissa, une jeune adolescente de 14 ans passionnée du monde des arts, et David, un nageur âgé de 9 ans.
Lorsqu’il a terminé sa carrière de hockeyeur, se demandant ce qu’il allait faire de sa vie, DeRouville a décidé de se lancer dans le monde de la physiothérapie puis de l’ostéopathie. «Plus jeune, j’avais quand même une bonne facilité à l’école. Mes parents pourraient même dire que je n’ouvrais jamais mon sac d’école. Ma cousine dirait pour sa part que je surfais sur la vague! Donc, en sachant que j’avais cette facilité à l’école, je savais que je serais capable de me lancer dans de telles études. C’est donc en 2008 que je suis parti étudier à Amsterdam pour faire un programme de quatre années en physiothérapie. Ensuite, étant intéressé par les techniques manuelles, j’ai décidé de me lancer en ostéopathie», a expliqué celui qui est aujourd’hui âgé de 46 ans.
Après avoir complété ses exigeantes études ostéopathiques, qui se font la fin de semaine dans le cadre de séminaires, DeRouville a eu la chance de faire sa place dans une clinique privée. Vivant en Italie depuis une quinzaine d’années déjà, il concède que l’idée de revenir un jour au Québec lui effleure parfois l’esprit, mais pour le moment, ce n’est pas un projet à court terme. «J’y pense des fois, mais par contre, j’ai tellement investi de temps dans ma profession, ce qui me permet d’avoir de bons résultats financiers. J’ai 46 ans, bientôt 47. Le temps passe si vite. Je me vois donc mal de laisser tout ce que j’ai construit ici pour recommencer à neuf. Revenir à Victoriaville serait peut-être un avantage pour moi, mais ça fait maintenant une dizaine d’années que je travaille en Italie. Je suis dans le privé, je commence à avoir mes patients et à être connu. Avec la famille qui est ici également, je me vois mal dans un avenir rapproché retourner au Québec, mais on ne sait jamais.»
Fier de sa carrière de hockeyeur
Choix de 3e tour des Sieurs de Longueuil en 1990, équipe devenue ensuite le Collège-Français de Longueuil puis le Collège Français de Verdun, DeRouville a eu la chance de disputer quatre saisons dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), remportant notamment la coupe du Président au terme de la campagne 1991-1992. En plus de cette conquête, le Victoriavillois a eu la chance de défendre les couleurs du Canada au Tournoi Hlinka-Gretzky (Coupe Phoenix à l’époque) ainsi qu’au Championnat du monde junior des moins de 20 ans de 1993, remportant la médaille d’or, en plus d’être repêché en 5e ronde par les Penguins de Pittsburgh en 1992. «Ça a vraiment été de belles années. Nous avons gagné la coupe du Président quand j’avais 17 ans. L’année suivante, alors que tout le monde nous voyait au dernier rang, nous avions réussi à nous maintenir avec une fiche de .500. Nous avions Alain Rajotte comme entraîneur. Il a vraiment fait du bon travail avec nous.»
Dès l’âge de 20 ans lors de la saison 1994-1995, il a eu la chance de signer sa première victoire à son premier match dans la LNH aux côtés des légendaires Mario Lemieux et Jaromir Jagr. Par la suite, ce n’est qu’à l’âge de 22 ans qu’il a eu une autre occasion de garder les buts pour les Penguins, le temps de deux parties. Le destin ne lui réservait pas d’autres parties dans la meilleure ligue du monde cependant. Dans les années qui ont suivi, DeRouville a eu la chance de parcourir le monde afin de poursuivre sa carrière de hockeyeur, s’arrêtant dans neuf pays différents pour y garder les buts.
Maintenant bien ancré dans sa seconde carrière, DeRouville a le recul nécessaire pour apprécier tout ce qu’il a accompli en tant qu’athlète. «Jouer dans la LNH pour quelques matchs, ça a été quelque chose. C’était mon but! Y rester, c’était autre chose. Lorsque nous avons des déceptions, il faut être en mesure de les surmonter, de travailler plus fort. Il y a tant de choses qui se passent. Représenter le Canada à deux reprises m’a également rendu très fier. Évidemment, j’aurais aimé jouer plus longtemps dans la LNH, mais peut-être que c’était fait comme ça pour moi. Je me suis toujours dit qu’il y en avait des moins bons que moi qui ont fait mieux et il y en a des plus talentueux qui ont fait moins. Il faut être satisfait des choses que nous accomplissons», a-t-il fait valoir philosophiquement.
DeRouville garde notamment de très bons souvenirs de son passage dans le vestiaire des Penguins où il a eu la chance de côtoyer de grands noms du hockey comme Mario Lemieux, Jaromir Jagr, Ron Francis, Larry Murphy et même Luc Robitaille. «À cette époque, tout était axé vers l’attaque dans l’organisation des Penguins. On se fiait surtout à force de frappe de l’attaque. […] Quand la rondelle arrivait vers Mario pour le lancer sur réception, c’était terminé. J’ai vu plusieurs matchs du haut des gradins et je pouvais voir tout ce qui pouvait arriver. J’avais pitié pour les gardiens adverses! Mario, ce n’était pas le meneur le plus bavard, mais il était facile d’approche.»