Coup de cœur pour le tennis
VICTORIAVILLE. À ceux qui dénoncent l’oisiveté de la jeunesse d’aujourd’hui, Mireille Moreau fait un pied de nez. Passionnée par le tennis depuis quatre ans, elle ne rate jamais une occasion de rivaliser d’adresse avec les meilleures de la province… et même au pays.
Non seulement elle est une adepte inconditionnelle du tennis, elle carbure également à la compétition et à l’adrénaline. Tous ces ingrédients font d’elle un spécimen rare sur la scène sportive régionale. «On a rarement vu un tel talent dans le milieu du tennis dans la région», confirme son entraîneur Gilles Painchaud.
Au-delà de son aisance sur le terrain, la Warwickoise possède le tempérament idéal pour ce sport individuel. Le tennis lui colle à la peau. «Les sports d’équipe, ce n’est pas pour moi! Au tennis, si ça va bien, c’est grâce à toi. Si ça ne va pas, c’est de ta faute. Tu es le seul responsable», lance-t-elle sans hésiter.
À 14 ans, Moreau s’avère l’un des plus beaux espoirs que les Bois-Francs aient connus dans cette discipline. Au fil des ans, quelques tenniswomen se sont illustrées sur la scène provinciale, mais la féroce compétition offerte par les joueuses des grands centres a toujours eu raison des athlètes de la région.
«Notre structure n’était pas adéquate. Les joueurs de tennis des grands centres bénéficient depuis de nombreuses années de programmes sport-études, entre autres. Les athlètes d’ici étaient contraints de s’entraîner les soirs et les fins de semaine. La venue d’un tel programme à Victoriaville a changé la donne», a poursuivi M. Painchaud.
La montée en flèche de la popularité d’Eugénie Bouchard et de Milos Raonic a largement contribué au récent engouement des jeunes pour le tennis. D’ailleurs, il n’est pas étranger à la création d’un programme sport-études dans la région il y a deux ans. Pour Mireille Moreau, toutefois, ce n’est pas le brio des joueurs canadiens sur la scène internationale qui lui a donné la piqûre. Elle l’a eue bien avant que Bouchard et Raonic se hissent au rang de vedettes internationales.
«Mes parents jouent au tennis. Ce sont eux qui m’ont initié. Plus jeune, j’ai pratiqué plusieurs disciplines. J’ai cependant eu la piqûre pour le tennis à l’âge de 10 ans. Depuis ce temps, je n’ai jamais cessé d’aimer ce sport», a expliqué cette fervente admiratrice de la Danoise Caroline Wozniacki, dont le style de jeu s’apparente au sien, précise-t-elle.
Seul le temps dira jusqu’où cette aventure mènera la jeune athlète. Ses plus récents résultats en compétition sont prometteurs. À sa dernière sortie, à l’occasion de la première de quatre étapes de qualifications pour le championnat canadien, à Rimouski, elle a terminé au deuxième rang chez les moins de 18 ans, et ce, malgré ses 14 ans. Elle s’est inclinée en finale à l’issue d’un duel âprement disputé face à Catherine Simard (2-6, 6-2 et 6-2). Les huit meilleures au Québec au terme de ces quatre étapes accéderont au championnat canadien.
Moreau s’exécute également chez les moins de 16 ans. Dans cette catégorie, la première étape aura lieu le 7 novembre. «Mon objectif est de participer au championnat canadien. Mes chances sont évidemment meilleures d’y participer chez les moins de 16 ans. On verra», a-t-elle dit prudemment. Il reste qu’elle est actuellement la deuxième meilleure raquette de moins de 18 ans au Québec à l’issue de la première étape à Rimouski.
L’an dernier, elle avait accédé au championnat canadien. Elle avait pris le 11e rang. Les 44 meilleures joueuses au pays étaient de la partie. Son brio sur le terrain et, surtout, son potentiel indéniable ne sont pas passés inaperçus. Les bonzes de la fédération québécoise de tennis l’ont identifiée comme étant l’un des plus beaux espoirs de la province dans son groupe d’âge. En compagnie de cinq autres jeunes joueurs prometteurs, elle participera, en décembre prochain, à un tournoi en Floride, aux États-Unis. Elle goûtera pour la première fois à la compétition internationale.
«J’ai hâte de vivre cette expérience. J’aime la pression et l’adrénaline que me procure le tennis. J’aime la compétition», enchaîne-t-elle.
Témoignant de sa passion pour ce sport, Mireille Moreau ne ménage pas les efforts à l’entraînement pour s’améliorer. Comme le font les professionnelles, elle se prépare minutieusement en prévision de son prochain tournoi et de son prochain match. Elle a déjà en tête son prochain duel, dans trois semaines, contre Amélia Guèvremont, qu’elle a déjà affrontée à deux reprises. «Elle m’avait battu à chaque fois. Disons que le tirage ne m’a pas favorisé, mais je ne m’en fais pas avec cela. Je travaille fort pour m’améliorer. Je vais finir par réussir à la battre!», raconte-t-elle.
Consciente que plus elle progressera dans l’univers du tennis, plus la compétition se resserrera, Moreau peut néanmoins se permettre de rêver. Comme un hockeyeur rêve à la coupe Stanley, elle souhaite accéder, un jour, au statut de joueuse de tennis professionnelle. «Sinon, j’aimerais à tout le moins avoir la chance de jouer au sein d’un programme universitaire américain», poursuit-elle.
D’ici là, elle continue son entraînement au Complexe sportif Sani Marc. «Ma prochaine compétition n’est que dans trois semaines, dit-elle d’un ton déçu. Je ne sais pas encore ce que je ferai durant les prochains week-ends. Je vais sans doute venir au Complexe!»
D’ailleurs, elle et son entraîneur son ravi de la construction de ce centre multisports sur la rue de l’Acadie. Auparavant, les joueurs de tennis partageaient leur surface du Pavillon Agri-Sports. «Et la surface était très rapide. En tournoi, ça prenait toujours une manche pour s’adapter en raison de la grande différence. La surface de jeu du Complexe Sani Marc est vraiment très belle. Enfin, on s’entraîne sur un terrain identique à ce que l’on voit en compétition», a-t-elle souligné.
D’ailleurs, grâce au Complexe sportif Sani Marc, Victoriaville peut désormais accueillir des tournois de tennis d’envergure. Ce week-end, une trentaine de joueurs de partout au Québec s’y donneront rendez-vous en prévision d’une séance de qualifications. Quatre laissez-passer seront à l’enjeu pour la deuxième étape de qualifications pour le championnat canadien. Moreau est exemptée puisqu’elle est déjà qualifiée en raison de son rang provincial. Les 12 meilleurs au Québec obtiennent ce privilège. Les autres doivent passer par cette qualification. «Je ne jouerai pas en fin de semaine, mais je vais sûrement passer la fin de semaine ici!», a conclu la jeune passionnée de tennis.