Pour Bazinyan, ce sera Phinn en attendant Mungia, Pacheco, Canelo…
MONTRÉAL — «Pour l’honneur». C’est le nom donné au gala du 11 avril prochain par Eye of the Tiger Management, dont la finale sera assurée par le duel de super-moyens entre Erik Bazinyan et Shakeel Phinn. On pourrait aussi penser que c’est tout ce que Bazinyan a à gagner dans ce combat, alors qu’il a tout à perdre.
Bazinyan (32-0, 23 K.-O.) tentera alors de défendre son titre de la North American Boxing Federation (NABF) pour une septième fois face à Phinn (26-3-1, 17 K.-O.). Mais contre un boxeur qui pointe au 54e rang du classement du site spécialisé Boxrec.com, Bazinyan joue gros, alors qu’il est aspirant no 2 à la World Boxing Association (WBA), no 3 au World Boxing Council (WBC) et à la World Boxing Organization (WBO), et no 5 à l’International Boxing Federation (IBF).
«J’ai 10 ans de travail à perdre, a laissé tomber Bazinyan en conférence de presse au Casino de Montréal, où aura lieu ce combat. Mais je ne pense jamais que je vais perdre. Au lieu de penser que je peux perdre, je pense à travailler davantage. Si je mets les efforts et suis discipliné, mon expérience et mon talent vont me permettre de l’emporter. Tout le monde sait de quelle façon je boxe. Tout le monde sait ce qui va se passer. Mais ce sera un bon combat. Il a 26 victoires, c’est un bon boxeur. Je sais ce dont il est capable.»
Phinn, qui a déjà détenu la ceinture NABF maintenant portée par Bazinyan, a relancé sa carrière avec Tyler Buxton et United Boxing Promotions. Qu’un boxeur du top-5 mondial lui offre l’occasion d’effectuer un retour au bercail de la sorte, il n’allait certainement pas refuser.
«Quand on m’a dit qu’on avait le combat, j’ai fait: ‘Oh!’, a dit le boxeur d’origine jamaïcaine dans un excellent français. C’est un combat que je veux pour progresser dans ma carrière.»
Les deux hommes se connaissent bien pour avoir souvent mis les gants ensemble à l’entraînement. Phinn a même servi de partenaire d’entraînement à Bazinyan pour son duel du 25 janvier dernier. Mais leur amitié ne les suivra pas dans le ring.
«Il n’y a rien de personnel, a noté Phinn. Lui est dans le top-5. Si un autre boxeur du top-5 m’avait approché, j’aurais dit oui aussi. On se connaît depuis longtemps, mais c’est le business. On veut tous monter dans les classements, affronter Canelo et faire beaucoup d’argent.»
Après sa victoire éclatante face à Billi Facundo Godoy en janvier, Camille Estephan, président d’Eye of the Tiger Management et promoteur de Bazinyan, avait saupoudré sa conférence de presse des gros noms de la division. Mais les Jaime Mungia, Diego Pacheco, David Morrell et autres Canelo Alvarez ne se bousculent pas pour affronter le Québécois d’origine arménienne.
«On a essayé de convaincre Pacheco, Mungia, [Edgar] Berlanga. Mais tous ces gars-là veulent se battre contre Canelo, a-t-il indiqué. Ils se disent tous qu’ils n’ont rien à gagner à affronter un gars qui n’est pas encore une vedette et qui représente un si grand risque. Vaut mieux alors lui faire faire un combat qui va lui apporter quelque chose de plus pour sa préparation que de ne pas en faire.»
«On est dans une position où les appels des gros noms n’arrivent pas, a ajouté Marc Ramsay, l’entraîneur de Bazinyan. Il doit demeurer actif, à un niveau qui est sérieux. On ne peut pas lui donner trois ou quatre combats faciles d’affilée pour qu’il soit ‘trop confortable’ quand un gros combat surviendra. Il faut qu’il travaille fort au gym et dans chaque combat.
«Beaucoup de gens font le contraire: ils attendent. On ne veut pas faire ça. On vit le même phénomène avec [Christian] Mbilli. Prend un gars comme William Scull, un Cubain qui se bat en Allemagne: il est aspirant no 1 à l’IBF et on a tenté autant comme autant de l’attirer. Mais lui, il est convaincu que l’appel de Canelo va venir et il ne bouge pas. C’est un peu la même chose avec les autres aspirants. Tout est un peu gelé chez les super-moyens.»
Ian McKillop, l’entraîneur de Phinn, est convaincu que son poulain, qui vient de gagner ses cinq dernières sorties, peut surprendre Bazinyan avec sa puissance. Mais il a aussi une théorie sur la possible raison pour laquelle Phinn a reçu cette offre d’Eye of the Tiger.
«Marc Ramsay est un excellent entraîneur, de classe mondiale. Il sait que ce combat est un combat risqué pour son boxeur. Je pense aussi que Camille compte trois boxeurs de pointe à 168 livres en Bazinyan, Mbilli et le Cubain Osleys Iglesias. Il doit les lancer à l’eau et ceux qui couleront, il les laissera peut-être aller.»
À Bazinyan, donc, de ne pas couler sur l’écueil Phinn.