Poilievre est opposé aux femmes trans dans le sport féminin ou les espaces non mixtes
OTTAWA — Pierre Poilievre estime que les «hommes biologiques», même s’ils ont une identité de genre féminin, n’ont pas leur place dans les disciplines sportives féminines ou dans les espaces non mixtes réservés aux femmes, comme les toilettes ou les vestiaires.
Les journalistes ont demandé au chef conservateur mercredi en conférence de presse si les femmes transgenres devraient avoir accès aux espaces réservés aux femmes — et s’il légiférerait pour empêcher les personnes transgenres à les utiliser.
M. Poilievre a déclaré aux journalistes qu’il croyait que «les espaces réservés aux femmes devraient être exclusivement réservés aux femmes et non aux hommes biologiques» à la naissance.
Cette position est conforme à une résolution votée par les membres du Parti conservateur lors de leur congrès de l’automne dernier à Québec. La résolution stipule que les femmes devraient avoir accès à des «espaces non mixtes» dans des domaines comme les prisons, les toilettes, les vestiaires et le sport.
Des débats au sein de législatures dans des États américains ont incité des élus à interdire aux personnes transgenres d’utiliser des espaces correspondant à leur identité de genre.
De passage à Edmonton mercredi, le premier ministre Justin Trudeau a accusé le chef de l’opposition de cibler «certaines des personnes les plus vulnérables de la société».
M. Trudeau a soutenu que les politiciens comme M. Poilievre préfèrent creuser des clivages politiques et semer la division plutôt que de se concentrer sur l’offre de «solutions concrètes aux grands problèmes auxquels tous les Canadiens sont confrontés dans leur vie quotidienne».
M. Poilievre a affirmé mercredi que bon nombre de ces «espaces non mixtes» sont de compétence provinciale ou municipale, de sorte que le rôle que pourrait jouer le gouvernement fédéral n’est pas clair.
«Mais évidemment, les sports féminins, les vestiaires féminins, les toilettes féminines devraient être réservés aux femmes et non aux hommes biologiques», a-t-il précisé.
Les «conservateurs sociaux»
C’est la deuxième fois au cours des dernières semaines que M. Poilievre prend publiquement position sur les questions liées à l’identité de genre.
Plus tôt ce mois-ci, il a été interrogé sur le projet de la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, visant à empêcher les jeunes d’accéder à des thérapies liées à l’identité de genre, comme les hormones et les «bloqueurs de puberté».
M. Poilievre a répondu que les enfants devraient être capables de faire de tels choix concernant leur corps «quand ils seront adultes». Lorsqu’on lui a demandé directement s’il s’opposait aux bloqueurs de puberté pour les mineurs de tous genres, il a répondu «Oui».
Depuis qu’il est devenu chef, à la fin de 2022, M. Poilievre ne s’est pas beaucoup éloigné de ce que son parti considère comme les enjeux essentiels pour accroître ses appuis et remporter les prochaines élections fédérales — notamment le coût de la vie, le logement et la criminalité.
Mais certains militants de la base, y compris ceux qui s’identifient comme «conservateurs sociaux», cherchent à inviter dans le débat ces questions autour de l’identité de genre et des enfants.
Les premiers ministres conservateurs de la Saskatchewan, de l’Alberta et du Nouveau-Brunswick ont tous présenté de nouvelles politiques exigeant que les directions d’écoles informent les parents lorsque des élèves transgenres ou non binaires souhaitent utiliser leurs prénoms et pronoms préférés.
Le premier ministre Justin Trudeau a accusé ces premiers ministres et M. Poilievre de s’en prendre aux droits des personnes transgenres — et le chef conservateur en particulier de chercher à priver les parents de la capacité de faire ce qui est bon pour leurs enfants, en consultation avec les médecins.
Jagmeet Singh a estimé mercredi que la déclaration de M. Poilievre montre qu’il ne se soucie pas de ce que le chef néo-démocrate appelle «l’épidémie de violence» à laquelle sont confrontées les femmes à travers le pays et des solutions comme l’augmentation du financement des refuges.
«Il ne prend pas vraiment au sérieux la protection des femmes», a déclaré M. Singh lors d’une conférence de presse mercredi à Toronto.
Les véritables menaces auxquelles sont confrontées les femmes proviennent de leurs partenaires masculins, a déclaré M. Singh, ajoutant que «la véritable menace contre les femmes dans le sport est l’écart de rémunération (…) et la violence des entraîneurs».