Longue piste: Vincent de Haître espère réintégrer le programme national
QUÉBEC — Vincent de Haître s’assoit sur une chaise dans un corridor de béton en retrait de l’anneau Gaétan Boucher avec l’air dépité. Il explique qu’un changement à l’horaire et un manque de communication ont miné ses chances de connaître une bonne performance.
Le Franco-Ontarien devait d’abord patiner son 1000 mètres au sein du groupe B en matinée vendredi. Après s’être levé tôt pour s’échauffer, de Haître est finalement retourné à l’hôtel avant de remettre la machine en marche pour concourir en après-midi au sein du groupe A.
De Haître s’est finalement contenté d’un temps d’une minute 10,30 secondes et du 18e rang du groupe A.
Le patineur âgé de 29 ans a toutefois vu neiger au cours des dernières années.
Après deux saisons décevantes, il a été exclu du programme national cette saison. Il s’est simplement fait offrir le rôle de partenaire d’entraînement et il a finalement préféré devenir le maître de son destin.
De Haître a préparé lui-même son programme d’entraînement et il patine à Leval, en Alberta, sous les conseils d’anciens entraîneurs de l’équipe nationale, notamment Todd McClements.
«En tant qu’athlète, oui je suis déçu (de ne pas être appuyé par le programme national), mais si je dirigeais une entreprise et qu’une personne ne répondait pas aux attentes… Même si dans ma tête je n’ai pas été bien appuyé l’an dernier, je ne peux pas jeter le blâme sur les autres», a dit de Haître à La Presse Canadienne.
De Haître, qui a participé aux Jeux olympiques de Sotchi en 2014 et de Pyeongchang en 2018 en patinage de vitesse, mais aussi aux Jeux olympiques d’été de Tokyo en 2020 en vélo, croit que la rigidité des entraîneurs au centre national de Calgary a éventuellement mené à sa perte.
Notant avoir connu ses meilleures performances en carrière quelques mois après ses saisons de vélo et non depuis qu’il se concentre sur le longue piste, de Haître est de ceux qui croient que si les choses ne fonctionnent pas une fois, il faut les changer plutôt que répéter le même processus dans l’espoir d’obtenir un résultat différent.
«Les entraîneurs croient avoir le meilleur programme pour leurs athlètes et ils doivent croire en ce qu’ils font, tout comme les athlètes, a souligné de Haître. Si l’un des deux n’y croit pas, ça ne fonctionnera pas.»
Donc, après deux saisons à s’enliser avec le programme national, de Haître n’est pas nécessairement malheureux d’avoir dû prendre son avenir en main en étant exclu du programme national.
De Haître a réussi à se qualifier pour le circuit de la Coupe du monde grâce à ses performances aux Championnats canadiens en début de saison. Et lors des étapes de la Coupe du monde, il a accès aux ressources techniques de l’équipe canadienne.
Il voit toutefois des limites à ce qu’il peut accomplir avec des moyens limités.
«Je suis fier de voir que j’arrive à être compétitif en fin de saison. Mais quand vous êtes toujours seul, ç’a des limites», a-t-il noté.
De Haître s’est classé deuxième parmi les Canadiens au 1000 mètres au classement cumulatif de la Coupe du monde et s’est donc qualifié pour les Championnats mondiaux par distances, du 15 au 18 février à Calgary. Il a aussi confirmé sa place au 1500 mètres, plus tard samedi.
Ses performances cette saison pourraient lui permettre de réintégrer le programme national l’automne prochain. Si cette possibilité s’offre à lui, il la considérera sérieusement, surtout qu’il s’attend à des changements dans les méthodes de travail des entraîneurs à Calgary, alors qu’il n’est pas le seul à avoir fait défection au cours des derniers mois.
«Nous nous étions fait dire durant l’été que chaque athlète répond différemment aux mêmes entraînements, puis quand la saison était arrivée, nous faisions tous la même chose. C’est contradictoire», a raconté de Haître en revenant sur le passé.
«Nous ne pouvons pas dire à tous les athlètes de s’entraîner de la même façon et je crois que nous aurons plus de liberté la saison prochaine. C’est ce que le groupe à Québec fait. Ils ont plus de contrôle sur leur entraînement et ça les motive plus», a-t-il conclu.