Laura Stacey et Kori Cheverie attendent impatiemment le match à l’Aréna Scotiabank
MONTRÉAL — Lorsqu’elles ont vu, à la fin du mois de novembre, que le premier match de l’équipe professionnelle de hockey féminin de Montréal à Toronto allait avoir lieu le vendredi 16 février, Laura Stacey et l’entraîneuse-chef Kori Cheverie ont sans doute ressenti une certaine hâte. Maintenant que ce duel sera disputé à l’Aréna Scotiabank — le château-fort des Maple Leafs — au lieu du Centre athlétique Mattamy, qui peut accueillir environ 2500 personnes seulement, elles sont carrément fébriles.
Stacey et Cheverie n’ont nullement caché cette fébrilité, jeudi midi, après la séance d’entraînement de l’équipe montréalaise à l’Auditorium de Verdun.
«J’étais tellement excitée (en apprenant la nouvelle)», a admis Stacey, peu de temps avant de monter dans l’autobus en prévision d’un match pour lequel les quelque 18 800 billets ont été vendus en environ une heure, le 1er février.
«Bien sûr, c’est un aréna extraordinaire, qui renferme beaucoup d’histoire. Je suis une grande partisane des Leafs — ‘oui, je sais, je sais, c’est mal’ — glisse-t-elle en ricanant.
«C’est fantastique pour le hockey féminin. Cet édifice, cette équipe, cette ville ont appuyé le hockey féminin. Que la LPHF y joue et que l’on vende tous les billets d’un édifice de cette taille, c’est une sensation spéciale. Et d’y aller avec Montréal, avec qui il existe toute une rivalité, je pense que ce sera une rencontre bien spéciale demain soir.»
Stacey, qui est née à Mississauga, tout près de Toronto, n’était pas en mesure de dire si elle se sentira plus nerveuse que d’habitude, vendredi.
«J’espère que non. Bien sûr, il y aura quelques-uns de ces petits papillons simplement parce que c’est un match important. Je pense que c’est naturel», a mentionné Stacey.
«Je suis généralement excitée pour ces matchs, mais ce sont des sensations positives, dans le sens qu’on va là pour avoir du plaisir et pour savourer le moment. Ce n’est pas tous les jours que nous vivons ces expériences spéciales et je pense que c’est très important de les apprécier. Pendant l’échauffement (d’avant-match), je vais sûrement jeter quelques regards autour de moi», a admis l’Ontarienne de 29 ans.
Un autre record d’assistance
Comme Stacey, Cheverie va se retrouver en pays de connaissance vendredi soir.
«Il y a longtemps, j’ai fait un stage avec les Maple Leafs et plusieurs des personnes que j’ai côtoyées travaillent toujours avec l’organisation», a expliqué Cheverie.
«Je trouve que c’est pas mal ‘cool’ que plusieurs anciens collègues de travail seront là. C’est un match qui mérite d’être joué dans un plus grand amphithéâtre. Je pense que ça va être pas mal amusant. Je suis vraiment excitée.»
Cheverie compte encore beaucoup d’amis à Toronto mais elle s’attend à travailler, vendredi, dans un environnement où peu de partisans soutiendront son équipe. Ça ne change rien à ses états d’âme.
«J’ai hâte d’entrer dans cet aréna où beaucoup de fans seront contre nous mais où nous aurons au moins une petite section de spectateurs pour nous appuyer. Mais ça devrait être une journée agréable, agréable pour le hockey féminin et un moment vraiment important aussi.»
Si ce moment sera si important, c’est qu’il va permettre d’éclipser tous les records d’assistance pour un match de hockey professionnel féminin. Des marques établies au cours des six dernières semaines et auxquels a contribué, à chaque fois, la formation féminine de Montréal.
Le premier record remonte au 2 janvier lorsque Montréal et Ottawa ont joué devant 8318 spectateurs à la Place TD. Seulement quatre jours plus tard, ce record tombait lorsque Montréal et Minnesota ont attiré 13 316 amateurs au Xcel Energy Center, le domicile du Wild de la LNH.
Le club d’Ottawa a ensuite perdu son record pour un match de hockey professionnel féminin joué au Canada quand la Place Bell, à Laval, a réuni 8646 spectateurs lors de l’affrontement entre Ottawa et Montréal le 27 janvier.
La grande question est de savoir si le record qui sera réalisé vendredi soir résisterait à la présentation d’un match de hockey féminin au Centre Bell, où on pourrait accueillir jusqu’à 21 000 spectateurs.
Les joueuses de l’équipe montréalaise rencontrées jeudi aimeraient bien en avoir l’opportunité.
«Tu y penses quand tu as la chance de jouer au Scotiabank et que tu vois qu’il va y avoir 18 000 personnes», a souligné Marie-Philip Poulin.
«Je pense que ça va être dans les plans. Danièle (Sauvageau), elle a une vision. On espère qu’éventuellement, on sera là», a ajouté la capitaine.
«Je veux que le record soit à Montréal», a lancé, de son côté, la gardienne Ann-Renée Desbiens.
«Je suis consciente aussi que le Centre Bell est plus grand que le Scotiabank Arena. C’est le fun de briser (le record) une fois, on peut le briser après. Si j’étais une personne d’administration, c’est ce que j’aurais fait! Je ne sais pas s’ils y ont pensé jusqu’à là. Je suis confiante qu’on va avoir l’opportunité de jouer au Centre Bell et que les partisans de Montréal et du Québec vont se pointer.»