Un problème de masque
Qu’ont en commun la lutte aux changements climatiques et la lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes? Cette introduction pourrait sonner comme le préambule à une mauvaise blague, mais il n’en est rien. Il existe réellement un point commun entre les deux et il n’y a rien de drôle à ce sujet.
Ce point commun est que ces luttes ne sont pas gagnées d’avance et qu’elles mettent en lumière que le respect de l’environnement, tout comme les intérêts des femmes dans notre société, ne sont pas acquis et demandent un effort constant de sensibilisation.
Le 5 juin dernier, l’Organisation des Nations Unies (ONU) soulignait la Journée mondiale de l’environnement, sous le thème de la biodiversité. Thème évoquant l’interdépendance de chaque espèce dans la nature et qui rappelle que chacune d’entre elles joue un rôle crucial dans l’équilibre de nos écosystèmes.
Le lendemain, le 6 juin, la Ville de Victoriaville publiait sur sa page Facebook un message pour inviter la population à être plus soucieuse lorsque venu le temps de se départir des masques et gants à usage unique. Fortement utilisés en cette période de pandémie, ceux-ci se retrouvent non seulement dans notre environnement, mais beaucoup trop souvent polluant le sol de la ville.
Nous nous sommes questionnées, à la Table de concertation du mouvement des femmes du Centre-du-Québec, sur le rôle que nous pouvions jouer dans ce dossier. Et il nous est apparu nécessaire de lancer un appel à la réflexion. Le contexte actuel de la pandémie a occupé le paysage médiatique et la sphère privée de nos vies depuis le mois de mars dernier, mais des problématiques très importantes subsistent au-delà de cette pandémie et doivent impérativement continuer d’être dénoncées.
Lorsque nous mesurons l’énergie et les ressources déployées dans le cadre de la lutte à la pandémie, il est naturel de se demander ce que serait notre société si, sur les problématiques de l’égalité entre les hommes et les femmes ou celle de la lutte contre le racisme, ou encore celle pour contrer les changements climatiques, nous utilisions la même énergie. Certes, gérer des priorités est un argument légitime, mais il ne faut pas oublier qu’à plusieurs égards notre société est le reflet de nos choix. Et si nous arrêtions de regarder chaque crise séparément et que nous commencions à nous questionner collectivement sur les liens qui les unissent? Et si nous arrêtions de masquer des problèmes et que nous travaillions constamment à prévenir une autre crise?
La pandémie aura eu l’effet d’une tonne de brique en matière d’environnement, tout comme sur la vie des femmes, ici et partout dans le monde. Puisqu’il est question de choix, sommes-nous en mesure de faire des choix réfléchis? Ne pas jeter ses déchets par terre, se munir de matériel réutilisable, acheter local, dénoncer les injustices sexistes, mettre de la pression sur nos instances décisionnelles afin qu’elles adoptent de meilleures pratiques en matière d’égalité ou d’environnement…
Ces masques et ces gants, contenant nombre de produits toxiques pour l’environnement, survivront à notre passage sur terre, et celui de nos futures générations, et y resteront pour les 400 prochaines années. Sont-ils réellement les vestiges de notre époque que nous voulons conserver? D’ailleurs, un récent sondage de Léger Marketing révèle que plus de deux tiers des Québécois (e)s souhaitent qu’un Québec sorti de la crise de la COVID-19 priorise d’abord et avant tout la santé, l’environnement et la qualité de vie, plutôt que la croissance économique. Donc, quel rôle voulons-nous jouer en tant que citoyennes et citoyens dans notre écosystème social, mais également dans celui qui unit toutes les espèces?
L’équipe de la Table de concertation du mouvement des femmes du Centre-du-Québec