Secteur public fédéral: des syndicats contestent le retour au bureau 3 jours/semaine
Les syndicats qui représentent quelque 260 000 fonctionnaires fédéraux sortent l’artillerie lourde: ils déposent des plaintes et griefs contre le retour obligatoire au bureau trois jours par semaine.
Ils demandent également au Nouveau Parti démocratique de remettre en cause son entente avec le gouvernement libéral de Justin Trudeau en signe d’appui à leur cause. Mais le chef du NPD, Jagmeet Singh, ne semble pas prêt à aller aussi loin que de retirer son appui au gouvernement.
L’Alliance de la fonction publique du Canada, l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada, l’Association canadienne des employés professionnels et l’Association canadienne des agents financiers en ont fait l’annonce, mercredi, au cours d’une conférence de presse conjointe à Ottawa.
Le gouvernement fédéral avait annoncé, au cours des derniers jours, qu’il changeait sa politique et qu’il exigerait désormais que les employés qui travaillent en mode hybride passent trois jours au bureau par semaine.
La présidente du Conseil du trésor fédéral, Anita Anand, affirme que la politique actuelle était déjà de «deux à trois jours/semaine» et qu’elle passera tout simplement à trois jours par semaine. Et les gestionnaires passeront quatre jours par semaine au bureau, a-t-elle précisé.
Invitée à répliquer aux syndicats, elle a affirmé que «ce n’est pas une matière de négociation avec les syndicats. Ce n’est pas dans les ententes avec les syndicats».
Mais l’AFPC fait valoir que lors de la dernière négociation des conventions collectives, elle avait justement fait inclure une lettre d’entente par laquelle le gouvernement fédéral s’engageait à collaborer avec les syndicats sur la question du télétravail.
L’Alliance se base donc sur cette lettre d’entente pour riposter. Elle estime avoir été flouée par le gouvernement fédéral, qui a pris une décision unilatérale.
Ces syndicats déposent donc ou vont déposer des griefs de principe et une plainte de pratique déloyale. Ils invitent également leurs membres à déposer des griefs individuels.
Ils reprochent aussi au gouvernement fédéral de ne s’être basé sur aucune étude pour en venir à cette décision, qu’ils qualifient de «politique», pour «faire plaisir à Doug Ford» (le premier ministre ontarien) et aux commerces des centres-villes d’Ottawa et de Toronto.
«Le télétravail, c’est le futur» et le gouvernement fédéral, en tant qu’employeur, devrait montrer l’exemple aux autres employeurs, a plaidé Alex Silas, vice-président exécutif régional de l’AFPC pour la région de la capitale nationale.
Ces syndicats font valoir que le travail depuis le domicile est meilleur pour l’environnement, parce qu’il réduit le transport par automobile, en plus d’être plus favorable pour la qualité de vie et la conciliation travail-famille. Ils assurent également qu’il n’affecte pas la productivité, au contraire, puisqu’il favorise une meilleure concentration.
Ces syndicats annoncent aussi un «été de grogne» de leur part. Ils ont toutefois refusé de préciser par quels moyens ils exprimeraient ce mécontentement. Le choix des moyens est toutefois limité, puisque les conventions collectives sont en vigueur.
Appui moral de Singh
Pour ce qui est de la demande syndicale au NPD de retirer son appui au gouvernement Trudeau, s’il ne revient pas sur sa décision, le chef Jagmeet Singh a laissé entendre qu’il trouverait moyen de porter le point de vue syndical, mais sans aller jusqu’à retirer son appui au gouvernement.
«Ils ont notre appui. On va utiliser notre pouvoir pour continuer de mettre de la pression sur le gouvernement», a-t-il répondu aux journalistes qui l’interrogeaient pour savoir s’il retirerait son appui au gouvernement Trudeau.
«Ce que les libéraux font, ils brisent un élément de l’entente qu’ils ont obtenue ensemble», a-t-il ajouté. Et le gouvernement, qui a signé ces ententes avec les syndicats, doit les respecter, a-t-il plaidé. «On appuie les demandes des travailleurs.»
– Avec les informations d’Émilie Bergeron à Ottawa