L’exercice physique est bénéfique pour les patients atteints du parkinson
MONTRÉAL — Une activité physique intense pourrait être en mesure de ralentir la progression de la maladie de Parkinson chez les patients qui en sont encore aux premiers stades, conclut une nouvelle étude pilotée par un chercheur de l’université américaine de Yale.
L’activité physique semble en effet protéger la substance noire du cerveau, que la maladie de Parkinson détruit progressivement. L’exercice augmenterait dans le cerveau la quantité de dopamine, un neurotransmetteur utilisé par ces cellules, et de neuromélanine, un pigment qui donne son aspect sombre à cette région du cerveau.
Si on sait déjà depuis plusieurs années que l’exercice physique semble en mesure d’atténuer les symptômes du parkinson, a fait remarquer le professeur Louis-Éric Trudeau, un spécialiste de cette maladie à l’Université de Montréal, «il n’y a aucune stratégie thérapeutique qui permet de ralentir la progression de la maladie».
«Mais dans cette étude-ci, ce qui est intéressant, c’est (que les chercheurs) se sont demandés si on peut ralentir, mais pas nécessairement annuler, le processus pathologique chez des gens qui en sont au début de la maladie avec un programme d’exercices assez intensif», a-t-il complété.
Les participants à cette étude, écrivent les auteurs, ont atteint 80 % de leur rythme cardiaque théorique maximum lors des deux tiers de leurs séances d’entraînement. Ils ont atteint 70 % de leur rythme cardiaque maximum lors de plus de 85 % des séances, ce qui signifie qu’ils atteignaient la plupart du temps un niveau d’intensité supérieur à «modéré».
«On ne parle pas de faire du vélo stationnaire en regardant la télé ou en lisant un livre, mais ce n’est pas non plus un entraînement (de triathlon de style) Iron Man, a souligné M. Trudeau. Ça serait accessible à bon nombre de gens.»
Il resterait toutefois à valider les résultats obtenus dans le cadre d’une étude de plus grande ampleur, a-t-il dit, surtout qu’il n’y avait pas cette fois-ci de groupe témoin.
Cette étude n’a en effet porté que sur une dizaine de sujets. Cela étant dit, après six mois d’entraînement, une imagerie de leur cerveau a montré «non seulement qu’il n’y avait pas de baisse, mais qu’il y avait même une tendance à la hausse des marqueurs du système dopaminergique», un des systèmes de neurotransmission normalement les plus affectés par la maladie de Parkinson, a indiqué M. Trudeau.
«Et ça, c’est notable», a-t-il affirmé, d’autant plus que la littérature scientifique témoigne clairement d’une détérioration des marqueurs associés au système dopaminergique dans les années qui suivent le diagnostic de parkinson, a-t-il ajouté.
De plus, poursuit-il, pendant les six mois qu’a duré le projet, les participants à l’étude n’ont pas eu besoin de davantage de médication pour augmenter la quantité de dopamine disponible dans leur cerveau, a ajouté M. Trudeau, ce qui aurait normalement dû être le cas.
D’autres études ont montré que les gens qui pratiquent une activité physique régulière ont une prévalence générale plus faible de plusieurs maladies neurodégénératives, et non seulement de la maladie de Parkinson, a-t-il rappelé.
«Et quand ils développent ces maladies, les symptômes sont souvent moins sévères», a souligné M. Trudeau.
De multiples études ont démontré, au cours des dernières années, qu’il n’est jamais trop tard pour s’activer physiquement face à la maladie. Même les patients atteints d’une maladie cardiaque grave ou d’un cancer agressif peuvent en tirer des bénéfices.
Il semblerait maintenant qu’il en va de même pour des maladies neurodégénératives comme le parkinson, d’autant plus «qu’une sorte de minuterie s’active lorsqu’on est diagnostiqué», a rappelé M. Trudeau.
La maladie peut en effet passer inaperçue pendant de nombreuses années, «parce que notre cerveau est très bon pour compenser», a-t-il dit. Mais le processus pathologique est quand même en marche, et quand le diagnostic tombe, c’est que les systèmes dopaminergiques du cerveau ont été atteints.
Et à ce moment-là, sur la base d’études comme celle-ci, «il y a des raisons supplémentaires de se mettre en action (…) parce qu’il y a peut-être un espoir de ralentir la progression de la dégénérescence dans notre cerveau».
«On peut penser qu’il est peut-être trop tard pour changer son mode de vie, mais ce genre d’étude-là montre qu’il n’est peut-être pas trop tard, a dit M. Trudeau. Peut-être qu’on a été trop sédentaire pendant les années ou même les décennies précédentes, mais on peut toujours renverser le cours de la situation.»
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal npj Parkinson’s Disease, qui est membre de la prestigieuse famille scientifique Nature.