Les experts s’attendent à des résultats serrés aux élections en Saskatchewan

RÉGINA, Sask. — Les experts politiques estiment que le Parti saskatchewanais de Scott Moe formera un cinquième gouvernement majoritaire, mais qu’il perdra des sièges au profit du NPD de Carla Beck.

Tom McIntosh, politologue à l’Université de Regina, a déclaré récemment que la force de Scott Moe dans les circonscriptions rurales devrait l’aider à conserver son poste de premier ministre lorsque les électeurs se rendront aux urnes le 28 octobre ou avant.

Selon lui, Mme Beck pourrait gagner des sièges dans les quatre plus grandes villes de la province — Saskatoon, Regina, Prince Albert et Moose Jaw — afin de renforcer considérablement les rangs de l’opposition, mais il lui sera difficile d’obtenir une majorité.

«C’est une élection étrange. Tout le monde est à peu près certain du résultat. C’est juste la répartition des sièges qui est encore un peu incertaine», a affirmé M. McIntosh.

Il faut 31 sièges pour obtenir un gouvernement majoritaire dans la législature de 61 sièges de la Saskatchewan. Il y a 29 sièges ruraux, 30 urbains et deux circonscriptions nordiques.

Le NPD détient 14 sièges et le Parti saskatchewanais en compte 42. Il y a quatre indépendants et un siège est vacant.

Il s’agit de la première tentative de Mme Beck de devenir première ministre, tandis que M. Moe occupe ce poste depuis 2018. Le Parti saskatchewanais a obtenu quatre mandats majoritaires consécutifs depuis 2007.

Mme Beck croit qu’il est temps de changer de gouvernement. Elle promet de suspendre la taxe sur l’essence de 15 cents par litre pendant six mois et de supprimer la taxe de vente provinciale sur les vêtements pour enfants et les produits d’épicerie prêts à consommer, tout en n’augmentant pas d’autres taxes.

M. Moe a vanté le bilan de son gouvernement, disant qu’il a fait croître l’économie, créé des emplois et augmenté la population.

Daniel Westlake, professeur d’études politiques à l’Université de la Saskatchewan, indique que le Parti saskatchewanais est le favori de la campagne, mais il avance que le NPD pourrait montrer des signes de percée à Prince Albert et à Moose Jaw s’il fait campagne en dehors de Saskatoon et de Regina.

«Le NPD peut-il sortir de Saskatoon et de Regina? Telle est la question», lance-t-il.

Charles Smith, professeur d’études politiques au St. Thomas More College de Saskatoon, soutient que c’est la première fois en 17 ans que la Saskatchewan se trouve dans un environnement politique compétitif.

Selon lui, le soutien des 29 sièges ruraux donne de meilleures chances au Parti saskatchewanais, mais il surveille également la formation de droite Parti uni de la Saskatchewan, qui pourrait réduire le soutien de M. Moe en dehors des villes.

Il rappelle que ce parti a déjà exercé une certaine influence sur le parti au pouvoir. Par exemple, le Parti uni de la Saskatchewan a fait de l’utilisation des pronoms et de l’éducation sexuelle à l’école un enjeu l’année dernière lors d’une élection partielle en milieu rural, ce qui lui a permis d’arriver en deuxième position, derrière le Parti saskatchewanais.

Peu de temps après, M. Moe a implanté des règles exigeant le consentement des parents pour les enfants de moins de 16 ans souhaitant changer de nom ou de pronom à l’école.

M. Moe a également mis en garde contre la division du vote à droite.

«La crainte de la droite est de voir se répéter ce qui s’est passé en Alberta [en 2015]», a déclaré M. Smith.

Cette année-là, le NPD de Rachel Notley a formé une majorité alors que le Parti progressiste-conservateur et Wildrose se sont partagé les voix dans plusieurs circonscriptions.

M. McIntosh n’est pas certain que le Parti uni de la Saskatchewan obtiendra suffisamment de soutien de la part du Parti saskatchewanais pour que le NPD se retrouve au milieu.

«Il faudrait qu’il bénéficie d’un soutien massif, ce que je n’ai pas vu dans les sondages», a-t-il souligné.

Selon lui, si le Parti saskatchewanais forme un caucus plus petit et essentiellement rural, les divisions dans la province s’intensifieront.

«Cela pose toute une série de défis et de problèmes quant aux priorités. Qui donne une voix aux grandes villes dans un gouvernement qui n’a que très peu de représentants dans ces villes?»