École Bedford: Bernard Drainville suspend les brevets des 11 professeurs

QUÉBEC — Les brevets des 11 professeurs mis en cause dans l’enquête sur l’école Bedford, à Montréal, ont été suspendus mardi par le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville.

Dans les constats des comités d’enquête, on dit s’inquiéter de «l’intégrité physique, psychologique et émotionnelle des élèves» et on se questionne «sur la qualité de l’enseignement reçu présentement par les élèves», notamment.

«Dans les avis qui m’ont été acheminés, les membres du comité d’enquête écrivent ceci: “les faits émanant de la documentation consultée par le comité semblent aller à l’encontre des principes édictés dans la Loi sur la laïcité de l’État”», a indiqué le ministre de l’Éducation en point de presse à l’Assemblée nationale.

Ces 11 mêmes professeurs ont été suspendus de l’école par le Centre de services scolaire de Montréal samedi dernier.

Un rapport du ministère de l’Éducation a dressé un portrait dévastateur de l’école Bedford, faisant état d’un climat toxique de peur et d’intimidation imposé par une clique d’enseignants. Des enquêtes sont en cours dans d’autres établissements montréalais.

«Renforcer les contrôles et la laïcité»

Mardi, le premier ministre François Legault s’est dit «choqué» par les nouvelles des derniers jours sur le comportement d’enseignants à l’école Bedford. Il a annoncé vouloir «renforcer les contrôles et la laïcité dans les écoles».

Le premier ministre a indiqué avoir mandaté Bernard Drainville et le ministre de la Laïcité, Jean-François Roberge, «d’examiner toutes les options» pour «éviter d’autres situations aussi choquantes et surtout aussi dévastatrices pour les enfants».

Le premier ministre dénonce par ailleurs une «tentative d’un groupe d’enseignants d’introduire des concepts religieux islamistes dans une école publique».

«Au Québec, on a décidé, il y a longtemps, de sortir la religion des écoles publiques. On n’acceptera jamais de retourner en arrière», a-t-il souligné dans un message sur le réseau social X.

À quoi pourraient ressembler les changements proposés sur la laïcité? Les deux ministres caquistes n’ont pas voulu s’avancer, affirmant qu’il fallait faire l’analyse avant de tirer des conclusions.

«Selon les membres du comité, il y a un enjeu avec le respect de la loi sur la laïcité et donc nous avons une responsabilité de regarder ce qui peut être fait pour renforcer cette loi en lien avec Bedford et possiblement en lien avec d’autres écoles au Québec», a affirmé le ministre Drainville.

Selon son collègue Jean-François Roberge, «quand une loi n’est pas totalement appliquée, parfois, il n’est pas nécessaire de changer la loi, mais il faut la faire appliquer et c’est le travail des directeurs d’école et des équipes de gestionnaires des centres de services scolaires».

La Loi sur la laïcité de l’État a été adoptée en 2019 par le gouvernement Legault. Elle interdit notamment le port de signes religieux par les employés de l’État en position d’autorité comme les policiers, les juges et les enseignants.

«Pratiques religieuses»

Le rapport sur l’école Bedford indique que le soccer aurait été interdit aux filles et fait mention de «certaines pratiques religieuses, telles que des prières dans les salles de classe ou encore des ablutions dans les toilettes communes». On indique que, bien que «ces pratiques n’étaient majoritairement pas effectuées devant les élèves», la preuve analysée fait état de «deux événements où des élèves auraient été impliqués dans le cadre de pratiques religieuses».

On écrit également que «des témoins ont mentionné aux enquêteurs avoir constaté une forte influence du milieu communautaire sur plusieurs membres du personnel de l’école Bedford. Un certain nombre d’entre eux fréquenterait notamment un centre communautaire et une mosquée située dans le quartier».

Le rapport mentionne toutefois «que bien que le clan majoritaire soit surtout composé de personnes d’origine maghrébine, des personnes d’autres origines y sont aussi associées. Également, le clan minoritaire est lui aussi composé en partie d’individus d’origine maghrébine, incluant certaines des plus fortes oppositions au clan majoritaire».

On ajoute que «bien qu’il y ait effectivement présence de clans à l’école Bedford composés d’individus de différentes origines, les enquêteurs ont surtout observé une opposition entre des idéologies».

Le document fait aussi état de «lacunes dans l’enseignement de la communication orale, des sciences et de la technologie, de l’éthique et de la culture religieuse et de l’éducation à la sexualité».