Commission spéciale sur les jeunes et les écrans: Meta et ByteDance se désistent
QUÉBEC — Meta et ByteDance ne participeront finalement pas aux auditions publiques de la commission spéciale sur le temps d’écran des jeunes. Les deux entreprises ont confirmé à La Presse Canadienne vendredi qu’elles se désistaient.
La commission spéciale transpartisane étudie depuis la semaine dernière les effets des écrans sur la santé et le bien-être des jeunes. Pratiquement tous les experts qu’elle a entendus jusqu’à présent ont exhorté les grandes plateformes à se responsabiliser.
C’est que ces entreprises utilisent des conceptions «addictogènes», comme le défilement infini (infinite scrolling), qui ont pour but de créer de la dépendance aux réseaux sociaux, particulièrement nocive pour les jeunes utilisateurs, a notamment déclaré à la commission le chercheur épidémiologiste français Jonathan Bernard.
Il affirmait, à l’instar de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et plusieurs autres groupes, que les enjeux liés à la surutilisation des écrans allaient bien au-delà de la responsabilité individuelle, et que les multinationales devaient impérativement être mieux régulées.
Vendredi, la conseillère en communications rattachée à la commission spéciale, Béatrice Zacharie, a confirmé à La Presse Canadienne que Meta et ByteDance (propriétaire de TikTok) avaient été «convoquées» par la commission, «mais elles se sont en effet désistées par la suite». Pour quelles raisons? «L’Assemblée nationale ne commente pas les désistements des personnes ou organisations invitées en audition», a-t-elle répondu.
La demande d’entrevue formulée par l’agence de presse à la présidente de la commission, la députée caquiste Amélie Dionne, est également restée lettre morte.
Jointe au téléphone, une porte-parole de ByteDance n’a pas voulu expliquer les raisons qui ont poussé l’entreprise à annuler son audition devant les députés membres de la commission. Elle a toutefois indiqué que ByteDance s’engageait à soumettre un mémoire d’ici la fin des travaux.
Un porte-parole pour Meta, la société mère de Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger, a simplement rappelé qu’Instagram venait de lancer des comptes «Adolescents», dans le but de rendre la plateforme plus sécuritaire pour les utilisateurs mineurs.
La commission spéciale sur le temps d’écran des jeunes a pu entendre jusqu’à présent une vingtaine de groupes, dont plusieurs ont témoigné des effets nocifs des écrans sur le sommeil et la vision des jeunes, notamment.
Une surutilisation des écrans pourrait également nuire au développement cognitif, neurologique, langagier et socio-émotif des enfants, en plus de les exposer au cyberharcèlement, à la criminalité, et de créer des dépendances et autres troubles de santé mentale.
Les intervenants du milieu scolaire ont notamment fait état de problèmes d’attention et de comportement dans leurs classes, tout en reconnaissant certains mérites aux écrans, qui peuvent servir à des fins pédagogiques et contribuer à former les «alphabètes numériques» de demain.
Les consultations se poursuivent jusqu’au 26 septembre. La commission spéciale doit également faire une tournée dans des écoles, avant de déposer son rapport au plus tard le 30 mai 2025.