Un système de santé défaillant
Bonjour je suis le no. 400919, infirmière en Santé Parents Enfants au CLSC de Victoriaville, CIUSSS MCQ.
Ça fait 20 ans que je travaille dans ce département comme infirmière au programme Sippe et j’ai travaillé quelque cinq années aux soins à domicile auparavant. Une réorganisation de carrière m’a amenée à la formation d’infirmière tardivement, mais même si ce fut ardu par moments, j’avais et j’ai toujours cette flamme intense pour la profession.
Bien sûr je suis rendue à l’étape de ma retraite, mais je serais demeurée en poste un temps, étant encore motivée et passionnée par mon travail en plus de faire partie d’une équipe formidable. Honnêtement, la situation actuelle étant ce qu’elle est, j’ai choisi de quitter.
Cependant, je déplore tellement la façon dont tout se passe, le climat malsain que ça amène et la façon tellement cavalière de notre employeur de traiter ses employés.
Bien sûr tout le monde est conscient que des changements étaient nécessaires dans toute cette structure beaucoup trop lourde, mais la volonté des infirmières à aider d’autres équipes n’est pas en cause ici ni pour les infirmières du CLSC ni du centre hospitalier. Cependant, il semble que des consultations, des échanges et des discussions avec le personnel plancher auraient eu un meilleur impact dans l’organisation et l’amorce de si grands changements.
Depuis février 2023 les infirmières ont entendu de nombreux scénarios et finalement ça se concrétise avec plusieurs infirmières, dont certaines gorgées d’anxiété de n’avoir jamais travaillé en centre hospitalier ou n’ayant jamais travaillé dans un tel département, ont commencé leurs orientations forcées après avoir reçu une lettre personnalisée sur les conséquences et les sanctions pouvant aller jusqu’au licenciement au cas où elles manqueraient de se présenter sans raison valable. Pour moi, quel manque de respect que d’ajouter de telles sanctions à toutes ces inquiétudes pour du personnel pour la plupart déjà amoindri par la pénurie oui, mais aussi par la fatigue et l’anxiété générée par tant d’incertitude.
Mon équipe, comme plusieurs autres, si enjouée et investie d’hier, est aujourd’hui dévastée, fatiguée et intimidée par autant d’exigences et d’obligations de se soumettre à des déplacements involontaires à l’hôpital où elles n’ont pas mis les pieds pour certaines depuis 25-30 ans et qui engendrent des
coupures de services à l’intérieur même de leur propre département, pour des clientèles vulnérables comme les enfants et les adolescents, etc.
Les infirmières et les clients sont choqués par les récentes mesures visant à retarder la vaccination d’enfant de 12 et 18 mois et du retrait de l’évaluation moteur (ABCdaire) fait pour les 18 mois surtout que le discours de nos dirigeants depuis toujours était de mettre l’emphase sur le respect du calendrier vaccinal allant même devant certains parents jusqu’à qualifier d’acte de négligence le fait de les retarder ou de les oublier.
Une déchéance du système où notre employeur utilise son pouvoir en instaurant des sanctions allant jusqu’à la mise à pied si une infirmière devait manquer trois jours même non consécutifs à ses orientations , comme s’il avait les moyens d’en perdre même une. Tant d’actions malhabiles et néfastes qui continuent d’épurer encore plus le personnel qui change de domaine, démissionne ou tombe malade.
En terminant, disons que devant toute cette situation mon deuil de quitter va être plus facile à faire. Néanmoins, je suis triste de laisser mes collègues dans de telles conditions et très inquiète pour elles ainsi que pour le maintien de plusieurs services à la population.
Je m’arrêterai ici en espérant que les infirmières de tous les secteurs et le système se relèvent un jour de ce gâchis et que les principaux concernés, les utilisateurs de services, ne soient pas trop écorchés au passage.
C’est donc le coeur gros que je laisserai mon équipe et toutes mes consoeurs infirmières à leur bataille le 15 juin, ainsi qu’une profession que j’ai adorée, mais où les membres devront s’unir encore plus et se choisir pour gagner ses batailles.
Je laisserai le #400919 derrière moi, mais mes collègues infirmières je les garderai avec moi dans mon coeur.
Bonne Chance à tous
Merci
Nancy Mc Neil, infirmière