Sablière d’Arthabaska : « Il est temps d’agir pour protéger notre patrimoine naturel »

Le groupe citoyen Sauvons la sablière d’Arthabaska n’entend pas s’arrêter et maintient la pression afin de préserver ce site naturel menacé par un projet immobilier de 330 logements

« Il est temps d’agir ensemble pour protéger notre patrimoine naturel, pour garantir que ces espaces restent intacts pour nos enfants et petits-enfants. Nous croyons fermement que, par un effort collectif, nous pouvons assurer la conservation de la sablière d’Arthabaska », a soutenu Gilles Labrosse, l’un des membres du groupe.

En conférence de presse tenue en fin de journée, lundi, en présence d’une quinzaine de citoyens, Gilles Labrosse a souligné que la grogne populaire ne cesse d’augmenter depuis la présentation du projet le 17 juin. « Depuis, on s’organise, a-t-il dit. Un nombre grandissant de personnes rejette ce projet qui n’a aucune acceptabilité sociale. On entend l’émoi qu’il cause. Un appui de plus en plus large soutient nos demandes de protection et de conservation de la sablière. »

La page Facebook Sauvons la sablière d’Arthabaska compte maintenant plus de 1100 membres, a-t-il fait remarquer. « On peut y lire de nombreux témoignages d’attachement à ce coin de paradis, à sa flore et à sa faune », a-t-il signalé.

Une vidéo réalisée par l’une des membres cumule plus de 13 000 visionnements et plus de 300 partages, a-t-il révélé.

Sans compter la pétition mise en ligne le 24 juillet, disponible sur la page Facebook, et qui a récolté, à ce jour, près de 1000 signatures, dont près de 700 signataires de Victoriaville.

Parmi les signataires de l’extérieur figurent des gens qui ont grandi ou vécu dans le secteur Arthabaska, a-t-on observé aussi.

Cette pétition, le groupe ira la déposer au début du mois de septembre lors de la prochaine séance du conseil municipal.

Un milieu à protéger

Pour les membres du groupe, la protection et la restauration de la sablière d’Arthabaska constituent « un enjeu crucial pour la préservation de notre patrimoine naturel et pour l’avenir de notre communauté ».

Le projet, estiment-ils, aurait des conséquences irréversibles sur un écosystème fragile. « En tant que personnes soucieuses de l’avenir de notre environnement et de notre communauté, on a le devoir de protéger ces espaces naturels pour les générations futures », a fait valoir Gilles Labrosse.

Le site de la sablière d’Arthabaska, a-t-il exposé, se compose de talus de sable au nord, d’une forêt mature à l’est (le Boisé des Frères), des marécages à l’ouest et d’autres milieux humides au sud, de même que la rivière Nicolet.

« Ces milieux humides sont cruciaux pour la régulation des crues et la filtration naturelle de l’eau et constituent des habitats naturels pour de nombreuses espèces. Ensemble, ces milieux agissent en complémentarité et font partie d’un même écosystème dont la sablière est la pièce centrale. C’est un trésor écologique à Victoriaville », a plaidé M. Labrosse.

Ce dernier réfère au Plan de conservation de la MRC d’Arthabaska signalant que les milieux ouverts, comme celui de la sablière, ont un statut prioritaire de conservation et de protection, surtout lorsqu’ils sont à proximité de milieux humides.

« La sablière d’Arthabaska, a défendu le citoyen, représente l’exemple parfait de cet écosystème unique. Elle abritait autrefois une diversité d’espèces adaptées aux sols sablonneux et secs comme l’hirondelle de rivage. Restaurer la sablière signifie redonner vie à cet habitat ouvert crucial, permettant à nouveau à ces espèces spécialisées de prospérer. Cela permettrait aussi à tous les citoyens, actuels et futurs, de s’émerveiller devant toute cette richesse », a-t-il confié.

Avec les années, la biodiversité a été fortement réduite en raison de l’exploitation et des activités de remblais.  « Les images satellites de 2013 et 2024 montrent que les activités se sont intensifiées au cours des 10 dernières années. On voit que les zones vertes auparavant étaient beaucoup plus omniprésentes. De plus, l’exploitation s’est étalée jusqu’à la limite des zones inondables », a précisé Chantale Marcotte, membre du groupe.

Contradiction

Le groupe Sauvons la sablière d’Arthabaska est d’avis que le mégaprojet de développement immobilier s’inscrit en contradiction avec les engagements de la Ville de Victoriaville en matière de développement durable. « Alors que le conseil municipal s’engageait, en janvier, à respecter les objectifs de la COP 15 visant à protéger 30% de son territoire pour la conservation de la biodiversité, le mégaprojet ne permet de protéger aucune parcelle de biodiversité supplémentaire », a prétendu Gilles Labrosse.

Les membres du groupe sont d’avis que le projet favorise l’étalement urbain plutôt que la densification des terrains déjà urbanisés et la revitalisation des quartiers existants. « L’étalement a des conséquences désastreuses, a prévenu Gilles Labrosse. Il fragmente les habitats naturels tout autour, perturbe les écosystèmes et dégrade la qualité de notre environnement. »

Le groupe craint aussi les impacts sur la circulation dans le secteur avec l’ajout de centaines de véhicules.

Deux citoyennes, qui souhaitent préserver, non seulement l’environnement, mais aussi la qualité de vie et la quiétude de leur quartier, s’inscrivent en faux devant l’affirmation que le boulevard des Bois-Francs Sud est en mesure de supporter l’ajout de 600 véhicules.

« Les véhicules contribueront également à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, sans compter que la création d’un quartier dans un lieu en retrait comme celui de la sablière représente des investissements énormes pour la mise en place des infrastructures », a énoncé Gilles Labrosse.

La question du logement

Les opposants soutiennent que le projet immobilier, loin de résoudre les problèmes de logement ou de développement économique, vient créer de nouveaux défis pour la communauté. « Il contribue à une urbanisation incontrôlée qui érode notre patrimoine naturel, réduit l’efficacité des services publics et déconnecte les citoyens des espaces verts essentiels à leur bien-être. Nous devons faire le choix, a signifié Gilles Labrosse, de protéger nos paysages et de promouvoir une croissance qui respecte l’environnement et les individus ayant droit à des milieux calmes et naturels plutôt que de céder à des pressions qui ne servent que des intérêts à court terme. »

« Des logements, oui, il en faut, a renchéri une dame, mais pas au détriment de ce qui peut nous permettre de rester en santé physique et mentale. Même les médecins prescrivent maintenant des marches en nature. »

Potentiel immense

Les membres du groupe voient, dans une sablière restaurée, « un potentiel immense ». « Aujourd’hui, ce site naturel unique se trouve dans un état critique, ayant vu disparaître une grande partie de sa biodiversité. Mais il ne faut pas voir cette situation comme une cause perdue, mais plutôt comme une opportunité de restauration et de renouveau », a assuré Chantale Marcotte, indiquant que la restauration de la sablière permettrait non seulement de rétablir sa biodiversité, mais aussi de renforcer ses fonctions écologiques essentielles.

« En remettant en place des espèces végétales indigènes adaptées aux conditions de sol sablonneux, a-t-elle ajouté, nous pouvons recréer un habitat propice à la faune locale, y compris des insectes, des oiseaux et autres espèces qui dépendent de cet environnement. »

Le groupe parle aussi d’opportunités d’éducation et de sensibilisation pour la communauté. « Ce projet de restauration pourrait servir de modèle pour d’autres initiatives de conservation dans notre région, a-t-elle avancé. Ce site pourrait devenir un lieu où les citoyens, les étudiants, les chercheurs peuvent apprendre sur l’importance de la conservation et sur les techniques de restauration écologique. Il deviendrait ainsi un symbole fort de notre engagement à protéger et à améliorer notre environnement naturel pour les générations futures. »

Le groupe continuera de se faire entendre et prévoit d’autres actions. « La restauration de la sablière d’Arthabaska est non seulement possible, mais nécessaire. En travaillant ensemble, nous pouvons redonner vie à ce site, en faire un refuge pour la biodiversité et un atout pour notre communauté », a lancé Gilles Labrosse, tout en invitant les élus municipaux « à faire preuve de vision et de leadership » en accordant au site de la sablière et aux milieux humides adjacents un statut de protection au même titre que le Boisé des Frères.

« Nous appelons les autorités locales, la Ville, la MRC, mais aussi provinciales à reconnaître l’importance de ce site et à travailler avec nous pour trouver des solutions alternatives qui protégeraient l’intégrité de la sablière », a conclu Gilles Labrosse.