Questions et craintes sur l’éventuel quartier signature dans Arthabaska

La période de questions suivant la séance régulière de juillet du conseil municipal de la Ville de Victoriaville concernait majoritairement ce projet de quartier signature qui a récemment été présenté à la population et qui s’installerait dans la carrière de sable derrière la bibliothèque Alcide-Fleury.

Une vingtaine de citoyens étaient présents et plusieurs ont exprimé leurs inquiétudes sur l’implantation projetée de 300 nouveaux logements dans ce secteur apprécié pour sa biodiversité. C’est Audrey Murray qui a lancé la période de questions en soulignant que le projet qui a été présenté aux citoyens le 17 juin représentait un cas flagrant d’étalement urbain. « Ce n’est pas une simple carrière, c’est un écosystème unique », a-t-elle souligné en ajoutant qu’elle figurait dans le patrimoine naturel de la région, ayant même été immortalisée par le peintre Suzor-Coté.

Le maire de Victoriaville, Antoine Tardif, a expliqué à Mme Murray, de même qu’aux autres citoyens présents pour ce sujet qui soulève déjà des inquiétudes, que le conseil et lui partageaient le même objectif de protection du milieu naturel. « D’ailleurs, le dossier qui est devant nous n’en est pas un de la Ville de Victoriaville, mais celui du propriétaire du terrain qui veut le développer », a-t-il commencé.

Il a ajouté que le terrain en question dispose déjà d’un droit de construire, étant situé en zone blanche. « L’objectif du conseil municipal dans ce dossier, et depuis le tout début, c’est de consentir le projet sur la section principalement de la sablière qu’on connait actuellement pour éviter d’empiéter dans les milieux naturels », a-t-il expliqué. 

Il a convenu que derrière cette sablière, la zone est caractérisée et les élus souhaitent la protéger. « C’est pourquoi on travaille avec le promoteur pour qu’il ramène son projet seulement à l’espace de la sablière. » Le maire a aussi ajouté qu’en date d’aujourd’hui, s’il le souhaitait, le propriétaire du terrain pourrait construire sur la bande qu’il cherche à protéger et il a insisté pour dire qu’en date d’aujourd’hui, aucune autorisation n’avait été donnée pour cet important projet. « Il y a eu une présentation proactive qui a été faite parce qu’on jugeait important d’informer les citoyens de ce qui s’en venait et dialoguer », a-t-il fait savoir.

Le maire a de plus indiqué que le secteur projeté se situait à l’intérieur des limites de la ville, près des services comme l’hôpital, la bibliothèque ou le centre communautaire. « Si on avait demandé de dézoner un territoire agricole pour construire, là ce serait de l’étalement urbain », a-t-il précisé.

Antoine Tardif a rappelé, et ce à plusieurs reprises tout au long de la période de questions, que le conseil, en négociant avec le promoteur, tentait de trouver l’équilibre entre la protection des milieux naturels et la construction d’unités d’habitation. Des citoyens qui ont pris la parole par la suite ont rappelé aux élus qu’ils se disaient leaders du développement durable et que le projet était en contradiction avec ce concept. « Vous avez la possibilité de refuser ce projet », a terminé Mme Murray. Ils y sont allés de plusieurs arguments et de solutions pour éviter de déranger cette zone naturelle de la municipalité.

La citoyenne Chantale Marcotte, pour sa part, a indiqué que le projet était en contradiction directe avec la planification stratégique 2022-2027, parlant aussi d’étalement urbain, plutôt que de densification de secteurs déjà développés. « Des écosystèmes précieux seront sacrifiés au profit d’un développement qui ne respecte pas les principes de la durabilité », a-t-elle souligné.

À cela le maire a répondu que le conseil était à pied d’œuvre pour « densifier et maximiser chaque pied carré à Victoriaville », tout en protégeant les milieux naturels. Il a pris comme exemple le Boisé des Frères-du-Sacré-Cœur, un des quatre parcs emblématiques de la municipalité où on favorise la biodiversité. « Le projet du promoteur pourrait actuellement empiéter dans ces milieux naturels. C’est dans l’objectif de les protéger, de même que toute la bande qui s’en va vers la rivière qu’on travaille avec lui pour concentrer ses opérations sur le site où, selon différentes études, il est faible en espaces naturelles. Par contre, le bas du lot est fort en biodiversité, c’est pourquoi on veut le protéger », a-t-il déclaré.

Le maire a aussi tenu à répéter qu’aucune décision n’avait été prise pour le moment et que du travail devait encore être fait.

Quelques citoyens ont ensuite rappelé que plusieurs espèces d’oiseaux avaient été recensés dans ce secteur, de même que différents animaux, demandant aux élus s’il n’y aurait pas un autre site, moins sensible, à considérer. D’autres ont mentionné que la Ville de Victoriaville ne protégeait pas suffisamment son territoire, comparativement à d’autres municipalités, et qu’elle pourrait acheter le terrain en question afin de le protéger.

Le maire Antoine Tardif, après avoir écouté les citoyens et répondu à leurs questions, a insisté pour rappeler la recherche d’un équilibre, en négociant de bonne foi avec le promoteur et ainsi combler les besoins en logement tout en préservant les habitats naturels. « Nous sommes sensibles à vos préoccupations. »

Les autres questions, qui ont fait en sorte que finalement la période de questions a dépassé les 45 minutes prévues tel que mentionné au début, concernaient le projet éolien de même que l’abattage d’arbres.