Le Support donne une seconde vie aux objets et… aux humains

De belles histoires humaines se cachent derrière la vente de vêtements et d’objets de tous genres à bas prix de l’organisme communautaire Le Support de Victoriaville. On pourrait même dire qu’en plus de redonner une seconde vie aux objets et vêtements donnés par les gens, on fait de même avec les humains qui y entrent.

La directrice générale, Marie-Pierre Patry, répète à qui veut l’entendre que l’implication sociale citoyenne fait partie de la mission de l’organisme. « Le Support est issu de la communauté, pour la communauté », résume-t-elle. Cela fait en sorte que du côté des bénévoles, des employés et des gens qui viennent y travailler quelques heures (travaux compensatoires ou communautaires), des amitiés se forment, des liens se créent et les gens se sentent appréciés et entendus.

L’organisme, déménagé depuis 2022 au 98, boulevard des Bois-Francs Sud, se compare facilement à une ruche où chaque petite abeille a une mission à accomplir. Tout le monde y trouve sa place et est accueilli sans jugement. Le but est d’intégrer tout le monde, selon ses capacités et faire en sorte que chacun puisse évoluer à son rythme. 

« Nous avons des plateaux de travail, des travaux compensatoires et communautaires et 122 bénévoles qui viennent donner de leur temps. Nous avons même des employées retraitées qui viennent maintenant faire du bénévolat », exemplifie Marie-Pierre. Il faut croire que l’ambiance des lieux et ses buts plaisent à plusieurs qui ne manquent pas d’y revenir. 

De jeunes étudiants (qu’on forme afin de garder quelques années), des plus âgés (il y a même une dame de 95 ans qui vient deux après-midis par semaine), de toutes races, origines et religions, convergent vers cet organisme qui est également promoteur du développement durable (social, économique et écologique). Certains y viennent pour le côté social (sortir de leur isolement), d’autres pour aider à rediriger des objets et vêtements qui évitent ainsi le site d’enfouissement, ou encore simplement pour se sentir utiles. « Il y a ici un bel esprit de famille », note la directrice générale.

Certains cas de réinsertion sociale, référés par des psychiatres, viennent y passer 15 minutes (au début) pour reprendre contact avec les autres. « Et d’un petit rôle qu’on leur donne, ils voient qu’ils sont utiles et en viennent à rester plus longtemps. Nous avons même une personne qui travaille maintenant à temps plein », apprécie Marie-Pierre en ajoutant que chaque employé à son histoire qui mérite d’être racontée. 

Certains sont des immigrants qui ont laissé un pays en guerre et qui se retrouvent à Victoriaville, sans connaître la langue ou les normes sociales. « Pour leurs enfants, il est plus facile de s’adapter notamment par l’école. Mais pour les parents, il s’agit d’un gros « clash » social. On prend le temps et on les aide à s’intégrer », ajoute-t-elle.

Le Support bénéficie même d’une intervenante, Catherine Lallier, qui est dédiée aux gens des plateaux de travail, aux travaux compensatoires ou communautaires ainsi qu’aux bénévoles et aux employés. « Pour que chacun soit à la bonne place et contribue à sa façon », mentionne Marie-Pierre. Il y a même des bénévoles-satellites, qui donnent du temps à partir de leur domicile. Ça peut être en faisant des pelotes de laine ou encore en taillant du tissu ou en tricotant des mitaines et pantoufles qui sont ensuite vendues dans le magasin. 

Et malgré toutes les différences entre les réalités de ces gens, tous travaillent harmonieusement à l’amélioration de l’organisme. « Nous n’avons pas de problème de racisme à l’interne et n’en avons jamais eu. Ça fait partie des conditions », insiste la directrice générale. C’est plutôt du côté externe, chez les clients, que certains préjugés doivent être éliminés.

Les clients

Parlant de la clientèle, Le Support étant un organisme de charité donne à ceux qui en ont besoin aussi. Des gens qui ont également des histoires de vie difficiles souvent et qui sont recommandés (c’est essentiel) par des organismes. « Comme ça, on sait qu’ils sont pris en charge », note Marie-Pierre en ajoutant qu’il faut aider les gens à se sortir de ce qui les amène à demander des vêtements ou des objets, ce qui n’est en fait qu’un symptôme de leur situation.

C’est ainsi que l’an dernier, un montant de 27 000 $ (en dollars Support) a été remis en dons à des femmes qui, par exemple, ont quitté le domicile familial les mains vides et doivent se vêtir ou se meubler, à des gens qui terminent une thérapie et n’ont plus rien, etc. Cela représente 651 dépannages pour 927 personnes aidées. « Nous sommes partenaires des autres organismes », fait-elle savoir en ajoutant que le personnel avait aussi comme mission de recommander les clients à ces organismes lorsqu’ils se présentent directement au Support. 

Encore plus loin

Si l’organisme, pour résumer, fait de la gestion de dons afin de les détourner le plus possible de l’enfouissement, son équipe voudrait aller encore plus loin dans sa démarche. En effet, Marie-Pierre explique que Le Support souhaiterait gérer l’Écocentre de Victoriaville. « On fait déjà le travail, c’est juste plus gros », indique-t-elle. Cela permettrait à la population, selon ses dires, un seul arrêt pour toutes les matières. « On pourrait offrir plus d’emplois et de plateaux de travail et utiliser l’Écocentre à son plein potentiel, ce qui cadre avec notre mission », résume-t-elle encore. En plus, cela pourrait réduire encore davantage les matières qui s’en vont à l’enfouissement, si tout est géré efficacement. 

C’est donc dire que derrière les portes du Support de Victoriaville se cachent de belles histoires de vie, d’entraide et de récupération. Dans cet organisme communautaire bien vivant et rempli de projets, tout le monde à son rôle et trouve sa motivation.