La Chevalerie de Jade, un domaine à découvrir

Soif d’harmonie, de nature et d’animaux? La Chevalerie du Jade ouvre ses portes au public intéressé à découvrir ce domaine d’une centaine d’acres peuplé de chevaux lusitaniens, de bœufs Highland, de lamas, de chèvres et de lapins, entre autres.

Établie sur une propriété du chemin de la Grande-Ligne à Saint-Rosaire, la Chevalerie de Jade propose aux gens une visite guidée à travers les sentiers s’étendant sur plus d’un kilomètre et bordés par les habitats de plusieurs animaux vivant en harmonie avec la nature.

Depuis toujours, raconte la propriétaire Ann Sawyer, les chevaux font partie de sa vie. C’est elle, d’ailleurs, qui a démarré la boutique équestre chez Botanix, l’entreprise de son conjoint Steve Luneau.

Boutique qu’elle a dû délaisser, tout comme son rôle de famille d’accueil pour adolescents, pour s’occuper notamment de Jade, l’une de ses trois enfants, atteinte d’une déficience intellectuelle profonde. « J’ai tout laissé pour m’occuper de mes trois enfants », raconte-t-elle.

À la maison, pendant plusieurs années, Ann Sawyer a beaucoup réfléchi, se disant qu’il lui fallait se bâtir une vie à travers tout ça. Et une belle occasion s’est présentée. L’opportunité de faire l’achat d’une pouliche de race lusitanienne. « OK, on fait de l’élevage. Je me lance dans cette race de chevaux que l’on connaît beaucoup grâce à la tournée Cavalia et ses spectacles. Très polyvalents et très majestueux, ces chevaux ont été élevés depuis des centaines d’années au Portugal, explique-t-elle. Des chevaux au sang chaud, élevés, oui, sur la ferme, mais aussi pour la tauromachie. Il faut, pour cela des chevaux allumés et qui ont une tête. Ça prend un cheval très athlétique et polyvalent. »

Ann Sawyer a vécu un coup de cœur en achetant la pouliche. C’était en 2017. « Je suis tombée en amour », confie-t-elle, tout en réalisant assez vite que l’élevage en pension était inapproprié.

Il lui fallait son espace, sa propriété, tout en pensant à Jade pour qui l’école allait s’arrêter à 18 ans. « Il fallait que je m’installe chez moi, à la campagne pour mon élevage et pour m’occuper de ma fille. »

La vie lui offrira une autre incroyable opportunité, ce vaste domaine au 252, chemin de la Grande-Ligne à Saint-Rosaire. « J’ai trouvé la place magique. On a de l’espace à développer. Avec son handicap, j’ai de la difficulté à amener ma fille à l’extérieur, elle qui demande une surveillance constante. Je vais tenter de lui amener une vie dans son milieu, me suis-dit », raconte Ann Sawyer qui voulait donc développer quelque chose à aspect thérapeutique, prônant les bienfaits de la nature et le bien-être des animaux.

À son projet, se sont ajoutés, de fil en aiguille, des animaux. « Une amie, aujourd’hui décédée, s’est impliquée avec moi. Elle a été à l’origine de la venue de certains animaux, comme les bœufs Highland. »

En plus d’une dizaine de chevaux, on y retrouve aussi un couple de lamas, un couple d’ânes, la grosse truie Margot, des poules, des oies, des canards, des maras (une espèce de rongeur), sans compter celle qu’on considère comme la mascotte, la belle Charlotte, un cygne noir. 

Puis se concrétise ensuite un autre projet, la boutique de la ferme.  Non seulement y retrouve-t-on une sélection de produits de boucherie issus des élevages de la Chevalerie de Jade, la boutique accorde aussi une place aux producteurs régionaux. 

« La commercialisation n’étant pas une mince tâche, j’ai pensé en faire bénéficier les producteurs. Je trouvais que je l’avais l’endroit idéal. J’ai ouvert à d’autres producteurs de la région. Ça amène une offre intéressante pour les clients qui se déplacent. Quand je vais quelque part, j’aime avoir le choix, j’apprécie avoir de la variété », confie-t-elle.

De ses élevages personnels, la Chevalerie de Jade propose notamment sur ses tablettes le bœuf Highland, la viande d’oie, le poulet de grain et du lapin.

Les visiteurs pourront également s’y procurer du porc provenant d’une ferme ancestrale de la région de L’Érable, des produits d’érable et des saucissons d’entreprises de Saint-Rosaire.

Et pourquoi pas des visites!

L’ouverture au public avec les visites guidées coulait de source, finalement, Ann Sawyer se définissant comme une fille au public. « J’avais le goût de faire visiter et de faire vivre aux autres ce qu’on vivait ici, faire vivre la magie de la place », souligne-t-elle.

Sans tambour ni trompette, sans trop faire de promotion, la propriétaire a commencé à faire visiter les lieux durant l’été. « Nous avons eu quelques visites, mais cet automne, jusqu’à la mi-octobre environ, on ouvre les jeudis et samedis, avec un départ à 10 h 30. L’heure a été établie pour faire concorder la fin de la visite avec l’heure du dîner. En apportant leur lunch, les visiteurs peuvent profiter de la place et de son aire de détente », fait-elle savoir.

Pour l’amoureuse des animaux, il est important de développer un volet social et thérapeutique. C’est ce qui lui tient particulièrement à cœur, permettre l’accès, par exemple, aux groupes de personnes handicapées et à la clientèle scolaire pour une visite dans une ferme pas comme les autres.

« Pas une ferme où tu vas toucher les animaux. Une ferme où on se trouve chez les animaux, dans leur environnement. On les respecte dans leur environnement. On voit comment ils vivent. S’ils viennent vers nous, tant mieux.  On ne force pas les choses, on ne rentre pas dans leur bulle. On vient les visiter dans leur maison, leur habitat », expose-t-elle.

C’est une visite guidée que propose Ann Sawyer. « Il ne s’agit pas seulement de voir les animaux. Je veux les présenter, en parler. J’ai fait plusieurs cliniques d’éthologie, j’ai travaillé avec les chevaux. Je veux continuer à transmettre cela, comprendre l’animal, sa psychologie, sa façon d’être et de faire. Dans mes visites, j’y vais d’une petite explication, d’une démonstration du travail avec les chevaux. »

S’inspirant, par ailleurs, d’une idée européenne, la Chevalerie de Jade a aménagé un parc naturel sensoriel, un sentier que les intéressés peuvent expérimenter pieds nus.

Un volet exotique

Depuis un an, Ann Sawyer mijote cet important ajout, le volet exotique. Au moment de l’entrevue, elle avait déjà entamé ses réservations pour l’acquisition d’animaux, à commencer par des ouistitis, des lémurs cattas, des émeus. « Nous sommes aussi en pourparlers pour réserver des kangourous », précise-t-elle.

Un pavillon exotique sera construit sur le site.  « Un rêve se réalise. Je  vis de rêves, mais jamais je n’aurais pensé le réaliser, avoue-t-elle. On sera le premier parc animalier exotique de la région, le premier et le seul. On souhaite l’inaugurer au printemps. »

Son rêve, Ann Sawyer le partage en permettant à d’autres de le vivre. « Tous les gens qui viennent ici disent wow! C’est donc bien paisible! Ça fait donc du bien. Je me suis toujours dit, l’aspect magique, thérapeutique, il ne faut pas le perdre. C’est l’esprit de la place », formule-t-elle.

C’est pourquoi on privilégie les visites guidées, personnalisées, qui favorisent le contact humain et non une ouverture grand public. « Je ne veux pas ouvrir grand public , de 9 h à 5 h, pour ne pas perdre l’esprit. Ce que je veux faire vivre aux gens, c’est ce qu’on vit, la magie de la place au quotidien. Cela vaut aussi pour les animaux. Les gens qui viennent constatent que les animaux sont bien, sont paisibles et relaxes. Ils perdront cela aussi si on ouvre grand public. C’est l’âme du projet que je ne veux pas perdre. On ouvre nos portes et on vous montre comment on vit, comment vivent nos animaux et dans quelle harmonie. C’est ce que je veux proposer. »