La CDEVR célèbre 20 ans de mentorat

Instaurée en 2004 par René Thivierge alors directeur général de la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région (CDEVR), la cellule de mentorat a 20 ans cette année. Au cours de cette période, près d’une cinquantaine de mentors ont accompagné plus de 260 entrepreneurs.

La CDEVR a souligné cet important anniversaire, jeudi soir, au Pavillon Arthabaska en présence d’une centaine de convives.

Organisée conjointement avec la Chambre de commerce et d’industrie des Bois-Francs et de L’Érable, la soirée a permis de relater l’histoire de ce service jugé essentiel et d’entendre depuis la scène ou par vidéo plusieurs témoignages de mentors et de mentorés.

« Dans la vraie vie, en entrepreneuriat, on est en déséquilibre constant. Parfois, c’est bon d’avoir un mentor pour nous ramener sur terre, a dit Louis Roy, en levée de rideau. Cela fait 20 ans que je suis en affaires et je suis fier d’être mentor, 20 ans plus tard, pour donner au suivant, pour faire partie de ce vent de renouveau. »

Actuellement, 17 mentors accompagnent 33 entrepreneurs. Depuis trois ans maintenant, François Gélinas agit comme chef mentor. « Mon rôle consiste à être le mentor des mentors, a-t-il souligné. Je veux m’assurer que les mentors au sein de la cellule sont heureux, bien dans ce qu’ils font, qu’ils aient le goût de continuer, de se donner et de poursuivre encore plusieurs années avec nous. »

Le mentorat d’affaires, résume-t-il, s’adresse à l’entrepreneur et non à l’entreprise. « Il cherche à briser l’isolement que vivent les entrepreneurs au sein de leur entreprise. On peut dire que le mentorat d’affaires, c’est tout d’abord un savoir-être versus le savoir-faire. »

François Gélinas avait un mot à dire aux jeunes entrepreneurs qui hésitent à demander le service de mentorat. « Gardez à l’esprit que le mentorat ne se fait pas dans le jugement, mais dans l’accompagnement. Les mentors accompagnent l’entrepreneur à développer ses réflexes d’entrepreneur pour éventuellement devenir de plus en plus autonome dans la prise de décision et la gestion de l’entreprise », a-t-il expliqué.

Pour le directeur général de la CDEVR, Frédérik Boisvert, les mentors jouent un rôle important auprès des entrepreneurs. Plus qu’un coach de vie, a-t-il signalé.

« Les mentors ont tous un bagage de connaissances incroyable. Ils ont vécu l’aventure des montagnes russes de l’entrepreneuriat. Cela fait toute la différence du monde entre un succès et un échec. Les mentors peuvent être très fiers de ce qu’ils font », a-t-il fait valoir.

À la CDEVR, on veut augmenter les mentorats et le nombre de mentors. « On manque de mentors. Évidemment la cellule grandit, mais on en veut plus. On voit  grand, on est ambitieux parce qu’on pense qu’il y a un besoin dans la région, a soutenu Frédérik Boisvert. L’économie progresse, l’économie va bien. »

Bien difficile, a-t-il noté, de calculer l’impact de la cellule de mentorat. Cela relève de l’intangible. « Mais je peux vous dire qu’il y a bien des dirigeants d’entreprises qui seraient tombés au combat, n’eût été la tape dans le dos, de la présence du regard, du toucher des mentors qui les accompagnent. On ne peut mesurer cet impact intangible, mais il est majeur », a plaidé le directeur général de la CDEVR.

Un ange sur la route

Pour illustrer l’importance du mentorat, Mona Gauthier a raconté son expérience vécue lors de sa participation à une boucle de 135 km à vélo du Grand défi Pierre Lavoie.

Tout allait bien au cours des premiers 80 km, a-t-elle relaté, mais au 110e kilomètre, une forte douleur au genou l’amène à s’immobiliser et à vouloir tout abandonner et à grimper à bord de l’autobus qui la ramènerait à bon port.

Mais un homme, impliqué depuis des années dans l’événement, l’invite plutôt à continuer. Il l’encourage en lui disant qu’il ne lui reste que 25 km, qu’il va l’accompagner.

Ainsi, Mona Gauthier a enfourché son vélo et repris la route. « Il a placé une de ses mains dans mon dos. Il m’a poussé et on s’est mis à rouler à bonne vitesse. On parlait de tout et de rien, a-t-elle confié. Il me disait qu’il travaillait chez Alcan, qu’il était encadreur depuis longtemps pour le Grand défi Pierre Lavoie et qu’il avait deux fils. »

Un peu plus tard, l’homme la quitte pour venir en aide à une autre personne en détresse en bordure de chemin, mais il lui promet de revenir. Ce qu’il a fait.

« Vers la fin, en approchant la ligne d’arrivée, à environ 500 m, il a repris sa main, m’a repoussé dans le dos en me disant : vas-y, c’est la fin pour toi. Tu as réussi, vas franchir la ligne d’arrivée. C’est ta gloire. Il m’a donné l’élan nécessaire pour le faire », a confié Mme Gauthier qui, à ce moment, a ressenti une grande fierté pour sa réussite, mais aussi « la force incroyable quand une personne nous accompagne dans des moments parfois plus difficiles ».

Elle en a retiré une leçon avec l’envie de redonner et être mentor à son tour pour aider d’autres entrepreneurs à pouvoir atteindre leurs objectifs et réaliser leurs rêves.

« N’hésitez pas à faire appel à un mentor ou à vous impliquer comme mentor, a-t-elle invité. C’est tellement bénéfique et on apprend. »

Mona Gauthier a voulu retrouver l’homme qui l’a accompagnée afin de le remercier. Avec toutes les informations dont elle disposait, dont son nom et son lieu de travail, elle s’est informée. « On m’a répondu : elle n’existe pas cette personne. Je n’ai jamais retrouvé le gars en question. Peut-être ai-je eu un ange sur ma route, peu importe. Tout cela pour vous dire que l’accompagnement peut être salutaire pour un entrepreneur », a-t-elle conclu.

Hommage

La CDEVR a profité de la soirée pour rendre hommage à Raymond Nappert, le réputé bijoutier décédé en 2020 et qui a été le tout premier chef mentor.

« Il était quelqu’un de très important dans la région et de très connu, a rappelé Frédérik Boisvert. Il a accepté à l’époque de devenir mentor, ce qu’il a fait dès 2004 jusqu’à son décès. Il a aussi été chef mentor pendant sept ans. C’était un véritable passionné de l’entrepreneuriat. »

On a invité son épouse Danielle Thibodeau à monter sur la scène pour recevoir un présent. « Merci, après 20 ans, d’avoir pensé à mon chum », a-t-elle exprimé avec émotion.

La porte d’entrée

Rien de plus facile, a fait savoir Frédérik Boisvert, pour devenir mentor ou pour bénéficier du mentorat. Il suffit de contacter la responsable Sara Côté. « Elle assure les dyades, les mariages entre mentors et mentorés. Il faut une bonne connaissance des personnes. Un mentor ne peut mentorer n’importe qui. C’est de l’intuition, c’est du savoir, de l’expérience », a mentionné le DG de la CDEVR.

L’expérience doit être vécue pour mieux comprendre. « Tant qu’on n’est pas mentoré, on ne soupçonne pas, on ne comprend pas la richesse que le mentor nous apporte, c’est incroyable. Ça élève des gens. Un mentor te donne de l’énergie, de la confiance, de la passion et c’est ce qui fait, au final, que ton entreprise grandit. C’est la clé. Et la paie pour les mentors, c’est de voir les entreprises éclore et progresser, un peu comme nos enfants qu’on voit grandir, c’est quelque chose de très émotif, c’est très valorisant. »