Forum régional sur l’itinérance : pour de meilleures pratiques et des logements pour tous
Jeudi (14 novembre) se tenait à Victoriaville le Forum régional en itinérance. Environ 300 participants, provenant de différents secteurs, se sont réunis pour faire le point sur l’itinérance et trouver des pistes afin d’assurer que tous aient accès à un logement adapté à ses besoins.
C’est sous le thème « Tous ensemble de la rue au logement » que l’événement a eu lieu. « Le but de la journée est de prendre un temps de recul, de s’inspirer », comme l’a résumé Julie Poirier, directrice adjointe des services de proximité en santé mentale adulte pour le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux Mauricie-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ). S’inspirer, s’outiller, aller chercher de nouvelles pratiques ou façons de faire, réseauter avec tous les acteurs du milieu faisaient aussi partie des objectifs de la journée.
Le forum a débuté par un panel formé de trois personnes qui ont connu l’itinérance. Celles-ci ont partagé leur réalité et raconté comment elles s’en étaient sorties. « C’était très porteur de les entendre parler », mentionne Mme Poirier. En plus de leur témoignage, elles ont expliqué que la consommation peut notamment mener à la rue, tout comme un deuil, une perte d’emploi ou même une séparation.
Julie Poirier a rappelé que le phénomène de l’itinérance était en augmentation au Québec, en Mauricie-Centre-du-Québec par le fait même. Des données de dénombrement, réalisées par le ministère de la Santé et des Services sociaux, indiquent qu’entre 2018 et 2022 la région sanitaire a connu une augmentation de 22% du nombre de gens en situation d’itinérance. « En 2022, on dénombrait autour de 450 personnes en Mauricie-Centre-du-Québec », précise-t-elle. Il s’agit de cas visibles auxquels il faut ajouter ceux qui ne sont pas recensés. Un nouveau dénombrement est prévu pour 2025 qui laisse présager encore une augmentation. « Pendant la pandémie, plusieurs personnes ont « glissé » vers une situation d’itinérance. » Puis la crise du logement, le volet économique, l’augmentation du coût de la vie font en sorte que d’autres gens ont connu des problèmes d’itinérance. « Ils ont besoin d’être bien accompagnés et soutenus, d’avoir un hébergement transitoire pour réussir à développer des acquis et s’en sortir pour aller vers des logements autonomes », a-t-elle expliqué.
Mme Poirier a souligné que les services en place actuellement répondaient à la demande, mais que les portes de sortie (logements de transition, maisons de chambres, etc.) manquent encore. « Les gens qui se retrouvent en hébergement de crise dans nos organismes développent des acquis et sont prêts à passer à l’étape suivante, mais il nous manque des portes de sortie », a-t-elle répété.
Pour combler cette lacune, il faut réfléchir à des idées novatrices. D’ailleurs, la dernière conférence de la journée a laissé un peu d’espoir aux participants qui provenaient des milieux de la santé et des services sociaux, bien entendu, mais aussi du communautaire, judiciaire, municipale, scolaire et des services policiers. À ce moment, Sébastien Brière (Office d’habitation Victoriaville-Warwick) et David Bélanger (Office d’habitation Drummond) ont parlé de stratégies mises en place à Victoriaville et Drummondville avec Innov Habitat pour augmenter et surtout diversifier les offres de logements.
Projets d’acquisition d’immeubles locatifs de logements abordables, transformation pour répondre à des besoins, mais aussi maintien des acquis ont été présentés, laissant un peu d’espoir, mais également suscitant un peu d’envie de l’autre côté de l’autoroute 20, où on aimerait bien bénéficier de cette expertise en immobilier. « L’écosystème de l’habitation est en grand changement », ont-ils indiqué en expliquant qu’il fallait arrimer les forces de l’immobilier avec les organismes communautaires, de santé et services sociaux afin de maintenir en logement ceux qui sortent de l’itinérance ou éviter qu’ils s’y retrouvent. Cela en considérant le fait qu’entre 15 et 20% des locataires n’ont pas les habilités ou l’énergie pour assurer leurs responsabilités minimales du locataire.
Ils ont donné plusieurs exemples de projets complétés ou en voie de l’être qui répondent véritablement aux besoins de la clientèle. Les autres conférences ont abordé les impacts du froid sur les personnes en situation d’itinérance ou encore les traumas complexes pouvant aggraver la situation sociale. La journée a aussi été l’occasion de discuter ensemble d’une problématique qu’il faut aborder avec lucidité afin de trouver des solutions durables.
L’itinérance est un sujet complexe, multifactoriel auquel il faut continuer de s’attaquer. « Une panéliste a terminé sa présentation en disant que pour bien réussir à soutenir les gens en situation d’itinérance, il faut beaucoup d’amour et de passion », a résumé Mme Poirier. Heureusement dans la région, comme elle l’a fait savoir, il y a beaucoup de solidarité, de concertation entre les différents organismes. « Ça fait en sorte qu’on réussit à être plus agiles parce qu’on travaille de pair, main dans la main. Il faut mettre toutes les expertises en commun parce que chaque personne en situation d’itinérance vit des choses différentes, a des besoins différents aussi. »