D’un pépin germe de nouvelles idées au Musée Laurier

Dans le boisé derrière le Musée Laurier de Victoriaville, il était prévu de mettre en valeur les noyers noirs qui y poussent depuis des décennies. Les grands vents du 4 août (tempête Debby) ont changé les plans, déracinant plusieurs arbres.

Ce pépin a amené des modifications dans le projet d’aménagement et d’interprétation du boisé qui s’inscrit dans le Parcours culture-nature réalisé en collaboration avec la Ville de Victoriaville. La directrice générale de l’établissement muséal, Mélisa Morissette, a expliqué que le bois tombé avait récemment été ramassé et connaîtra une nouvelle vie grâce à sa transformation.

C’est à l’aide d’un cheval que les billots de bois ont été sortis du boisé, l’endroit étant un lieu patrimonial protégé où on souhaite limiter les impacts sur la forêt. Parmi les arbres qui n’ont pas résisté aux grands vents, il y a deux noyers noirs que l’équipe du Musée estime avoir été plantés à l’époque de Wilfrid Laurier de même que des frênes. « Les noyers pourraient provenir du Domaine Joly-de-Lotbinière », croit Mélisa, bien triste de voir ces colosses à l’horizontale par terre.

Ces arbres, qui font partie de l’histoire et qui ont une valeur sentimentale, ne seront pas oubliés puisque grâce à un partenariat avec BF Recycle seront séchés grâce à un nouveau procédé à micro-ondes (en quelques jours) puis transformés par une autre entreprise de la région, Appalaches Design de Kingsey Falls. On en fera différents objets de bois (tables, planches à découper, sous-verres, porte-clés, etc.), en collection limitée, qui seront offerts lors d’une activité-bénéfice à venir à l’automne 2025. Les deux arbres en question font quand même 35 pieds de long et ont une souche de quelque 32 pouces de diamètre. « La forêt va se régénérer et il y a d’autres petits noyers noirs, mais ceux qui sont tombés étaient nos joyaux du boisé », déplore-t-elle.

Le bureau d’accueil du Musée Laurier sera également fait de ces arbres et l’Hôtel des Postes en exposera aussi certaines pièces afin d’en rappeler le passage. Et, bien sûr, on conservera une rondelle des arbres qu’on présentera afin de montrer leur âge et d’ainsi en faire l’interprétation, mais autrement que ce qui était prévu au départ. 

Il faut aussi mentionner que le boisé fait face, comme plusieurs endroits dans la municipalité, à l’agrile du frêne qui vient s’attaquer à cette essence. Tout cela fait en sorte que le Parcours culture-nature, qui devait s’étendre largement dans le boisé, est restreint, dans une première phase, à la section directement derrière la maison de Laurier, jusqu’à la première butte.

On compte quand même l’aménager, tout comme la cour arrière du Musée qui retrouvera, entre autres, la fontaine qui y trônait en 1910. Le projet inclut aussi des sentiers, une exposition extérieure avec des jardins communautaires (avec des cultivars ancestraux) et peut-être même une agora. Tout pour permettre aux visiteurs de s’arrêter et de s’imprégner des alentours, ce qui vient s’intégrer parfaitement avec le thème de la prochaine exposition du Musée. « On fera revivre l’époque victorienne, moment où c’était très contemplatif. On veut que les gens s’arrêtent et prennent le temps », annonce Mélisa Morissette. 

Cela vient s’inscrire dans le grand projet de parcours qui vise à mettre de l’avant ce secteur du Vieil Arthabaska où plusieurs points d’intérêt méritent qu’on s’y attarde. Il a été annoncé l’été dernier et se mettra en place d’ici le 30 septembre, qui arrive à grands pas.

Pour le Musée Laurier, il s’agit d’un des nombreux dossiers à mettre en place. Depuis qu’elle est à la direction, soit une année et demie, Mélisa Morissette n’a pas chômé. Elle a multiplié les demandes de subventions (au moins une vingtaine) ce qui lui permet, avec son équipe dévouée et motivée, de réaliser de grandes choses. On remarque d’ailleurs une nouvelle clientèle qui s’amène chez les Laurier ou à l’Hôtel des Postes, attirée par différentes activités qu’on y propose. Cela fait en sorte que le lieu historique national pourrait bien obtenir le meilleur achalandage des 20 dernières années. « Nous sommes aussi à élaborer une planification stratégique », ajoute-t-elle. 

Tout semble donc aller rondement puisque les visiteurs sont présents, les groupes scolaires et de francisation à la hausse, les bénévoles s’approprient les lieux et les Amis du Musée sont également toujours plus nombreux.