Démarche d2 : pour rendre les entreprises plus durables
Portée par la Cité de l’innovation circulaire et durable (CICD), la Démarche d2 permet d’accompagner plusieurs entreprises et organisations soucieuses d’intégrer le développement durable à leurs pratiques d’affaires. « Cela s’adresse à tous types d’entreprises. C’est accessible et on s’adapte à leurs besoins et à leur réalité », indique Sonia Dumoulin de la CICD.
Une nouvelle cohorte à la demande de la Jeune Chambre de Victoriaville a démarré le 4 avril. Dans ses rangs figure, pour la première fois, une érablière : l’Érablière Aux Petits Plaisirs de Warwick.
Les propriétaires Marie-Eve Goyer et Frédéric Vincent ont depuis toujours ce souci environnemental. « Quand on a acheté et rénové, on a essayé de le faire en étant le plus écologique et environnemental possible avec le choix de certains équipements, le plancher chauffant, le toit récupérateur de chaleur. On tenait aussi à récupérer le bois de grange pour fabriquer nos meubles. Bref, récupérer le plus possible pour réduire les coûts et pour que ce soit le plus écologique possible. On a toujours été dans ce mouvement », fait valoir Marie-Eve.
Informés de l’existence de la Démarche d2, ils ont tout de suite manifesté de l’intérêt. « Nous trouvions intéressant de faire appel à des spécialistes pour nous aider à nous améliorer et aller encore plus loin », précise-t-elle.
Tout le monde dans la famille est branché environnement, même les enfants Antonin et Océane. « La nouvelle génération, témoigne Marie-Eve, est assez poussée à ce sujet. Antonin est très allumé pour la planète. Il avait participé à l’écogénie, ce jeu-questionnaire aux questions environnementales qui font réfléchir et nous rappeler que de petits gestes peuvent faire une différence. »
Voilà pourquoi les dirigeants de l’Érablière Aux Petits Plaisirs, désireux de poursuivre sur leur lancée, ont adhéré à la Démarche d2. « On souhaite avec l’encadrement de spécialistes aller plus loin et devenir meilleurs. Et si on le fait, croit Marie-Eve, cela aidera au niveau des ressources humaines. Aujourd’hui, les jeunes vont rechercher des emplois où les patrons se montrent avant-gardistes à ce chapitre. »
« C’est important pour garder nos employés, les motiver, renchérit Frédéric Vincent. C’est l’fun de faire partie d’une équipe avant-gardiste, désireuse de toujours faire mieux. On comprend que travailler, maintenant, ce n’est plus juste un salaire, c’est un environnement de travail, mais aussi des défis. Les gens aiment avoir des défis à relever et qui les accrochent. »
L’adhésion à la Démarche d2, souligne-t-il, comporte sa part de défis. « Cela demande une restructuration de nos méthodes parce qu’on est habitué à faire les choses d’une certaine façon. La démarche va aider à ça, à prendre le temps de penser à changer nos méthodes. »
Dans un futur proche, l’Érablière Aux Petits Plaisirs aimerait être en mesure d’exprimer plus clairement les fruits que produisent leurs actions. « Pouvoir chiffrer en termes de GES ou autres, ce qu’on fait et l’appliquer à nos produits pour se démarquer. On aime mieux être à l’avant-garde, dans le peloton de tête que de suivre. L’avenir réside dans cette logique, pour nous », exprime Frédéric Vincent.
Le processus
La Démarche d2 a comme principaux objectifs de multiplier les champs d’action en développement durable dans les entreprises, de leur permettre d’intégrer des indicateurs de performance respectueux de l’environnement et de réduire l’impact environnemental des pratiques d’affaires.
La démarche s’articule autour de quatre étapes : la formation en développement durable, le diagnostic en DD, la rédaction d’un plan d’action personnalisé et l’accompagnement technique.
Tout commence donc avec la formation. « On vient un peu enseigner, faire un rappel parce que les gens sont quand même conscients des impacts de leurs entreprises sur l’environnement. On vient rappeler ce qu’est le développement durable, comment le concept s’applique en entreprise, comment cela se traduit au sein de l’entreprise tout en présentant des exemples de ce qui peut être fait, des exemples inspirants pour amener les participants à comprendre qu’ils peuvent aller plus loin, mais aussi que le développement durable, au-delà de l’environnement, comporte aussi les aspects sociaux et économiques », explique Charles-Édouard Têtu, conseiller en développement durable à la CICD.
Bien souvent, note-t-il, les entreprises ont tendance à penser qu’elles ne sont pas trop performantes en développement durable. « Mais quand on commence à leur poser des questions, on se rend compte qu’elles en posent des gestes. C’est donc de prendre cet élan qu’ont les entreprises pour les amener plus loin, des entreprises qui sont de bonne foi, qui veulent en faire davantage. De notre côté, on vient leur donner un cadre pour qu’elles atteignent les objectifs », fait savoir le conseiller.
Vient ensuite l’étape du diagnostic, de la prise de photo en quelque sorte pour découvrir ce que fait et ne fait pas l’entreprise. « Le diagnostic nous permet de voir comment on peut, avec l’entreprise, approcher les enjeux du développement durable et surtout donner de bonnes pistes de solution pour avoir des indicateurs de performance, pour identifier les endroits où l’on devrait mettre des efforts. Le diagnostic est l’étape cruciale pour orienter l’approche avec l’entreprise », fait valoir Charles-Édouard Têtu.
La formation d’un comité et la rédaction d’un plan d’action font également partie de la démarche. « On formera ces personnes pour qu’elles puissent réaliser le plan d’action et mettre en place les pratiques écoresponsables que peut adopter l’entreprise », expose le conseiller.
Par la suite, on ne laisse pas tomber l’entreprise. La Cité de l’innovation circulaire et durable propose une banque de 10 heures d’accompagnement avec des experts pour s’assurer de l’atteinte des objectifs. L’entreprise peut ainsi lever la main et demander de l’aide et des conseils.
« Si les gens de l’entreprise, par exemple, ont une idée, on peut les aider parce qu’on offre aussi des services financiers. Et on peut aider les entreprises dans la recherche de programmes d’aide financière », assure Charles-Édouard Têtu.
Nouvelle cohorte
Bon an mal an, cinq ou six cohortes en moyenne se forment pour prendre part à la démarche d2. « La prochaine cohorte débute le 4 juin. Des places demeurent disponibles. Et une autre est prévue en septembre », mentionne Sonia Dumoulin.
Au besoin, des cohortes peuvent s’ajouter. « On peut faire des cohortes personnalisées et par secteur, comme en tourisme par exemple », signale Mikael Bastiani, conseiller à la CICD.
À ce jour, quelque 70 cohortes ont participé à la démarche. Il en coûte 5000 $, mais une subvention permet de payer 50% des coûts. « À la Cité de l’innovation circulaire et durable, on aimerait rejoindre le maximum d’entreprises et d’industries parce qu’on ne veut pas être seulement le berceau, mais bien devenir un territoire de développement durable », conclut Sonia Dumoulin.