De nombreuses inquiétudes entourant un important projet domiciliaire 

Un important projet domiciliaire de quelque 330 logements se dessine sur le terrain de la carrière de sable derrière la bibliothèque Alcide-Fleury du secteur Arthabaska à Victoriaville. Ce projet du promoteur Construction Binette a été présenté, lundi soir, aux citoyens concernés au Pavillon Arthabaska.

Un peu plus de 80 personnes ont assisté à la présentation. Clairement, le projet ne fait pas l’unanimité. Pendant près de 75 minutes, les citoyens ont posé des questions et commenté le projet, manifestant de nombreuses inquiétudes en lien notamment avec l’environnement et la circulation.

Le projet

Le directeur du Service de la gestion du territoire à la Ville de Victoriaville, Jean-François Morissette, a d’abord expliqué le contexte, faisant valoir le grand besoin de logements à Victoriaville, le taux d’inoccupation se situant à moins de 1%. « On est en processus de densification. Nous devons optimiser tous les sites. Chaque mètre carré est précieux. Nous avons besoin d’une offre variée, besoin de différents types de logement », a-t-il indiqué.

Et c’est le concept de « quartier signature » que Victoriaville souhaite voir se développer sur le terrain de la carrière. Le projet doit occuper une superficie d’environ quatre hectares. « Le quartier signature se veut en harmonie avec son milieu où l’on sauvegarde les milieux naturels. On veut intégrer des éléments de développement durable dans le développement et avoir une signature architecturale en respect avec le site », a-t-il précisé.

L’accès au site, a-t-il noté, nécessiterait la démolition de trois bâtiments, mais il assure que tous les sentiers, ceux entretenus par la Ville dans le Boisé des Frères et les autres plus informels, seront préservés, tout comme les milieux humides.

Par la suite, Margot Bardot, conceptrice du projet pour Construction Binette, a présenté le projet en tant que tel comprenant une garderie pouvant accueillir jusqu’à 80 enfants, 24 maisons de ville en rangée, 32 duplex, 11 résidences multifamiliales de 8 logements, de même que deux immeubles de six étages comportant 54 et 78 logements. 

En raison de la dénivellation, ces immeubles, malgré leur hauteur, ne seraient pas visibles du boulevard des Bois-Francs Sud. 

« La rue construite finirait en cul-de-sac. Et on la veut sinueuse, et non en ligne droite, ce qui oblige à ralentir. On évite ainsi la vitesse », a souligné la conceptrice, ajoutant que 30 places de stationnement sont prévues sur un seul côté de la rue.

Le projet veut offrir aussi des espaces verts et libres avec un réseau de sentiers venant connecter aux sentiers existants.

Étapes

Il s’agit d’un projet préliminaire qui n’en est qu’à ses débuts, a confié Jean-François Morissette. 

De nombreuses étapes restent à franchir : autorisation du conseil municipal, une entente avec le promoteur qui doit construire la rue et la céder ensuite à la Ville, autorisation de la MRC d’Arthabaska et aussi du gouvernement.

Une seconde séance de consultation fait également partie de la démarche. « Toutes ces procédures peuvent engendrer des modifications au projet. Et puis, de nombreux détails restent à régler. Nous allons procéder à l’amélioration du projet en fonction des commentaires reçus », a soutenu M. Morissette.

Questions et commentaires

Près d’une douzaine de citoyens se sont exprimés en se présentant au micro. « Il est impensable de se coller sur les milieux humides », a commenté la première personne.

Une autre dame a aussi fait part de son inquiétude à ce sujet, mais aussi sur l’achalandage et la circulation qu’entraînera le projet qu’elle considère aussi « trop gros pour l’emplacement ».

Un résident du quartier a fait remarquer qu’il n’est pas facile d’en sortir pour emprunter le boulevard des Bois-Francs Sud.

À cela, des études de circulation, a-t-on dit, ont révélé que la réalisation du projet n’allait pas changer véritablement la dynamique actuelle. « Oui, il y aura davantage de voitures avec ce projet. Le boulevard est capable de le prendre, selon ce qu’on a évalué. Ça ne changera pas complètement le portrait. Et en général, les gens s’adaptent », a signalé Jean-François Morissette, tout en affirmant, pour répondre à une autre question, que la Ville n’avait aucunement l’intention ni la possibilité de pouvoir élargir le boulevard des Bois-Francs Sud.

Un biologiste de formation a suggéré, de son côté, de tenir compte de la biodiversité que l’on retrouve dans une sablière. Il a aussi fait valoir l’importance de maximiser les arbres à grand déploiement pour favoriser la canopée.

Pour un autre citoyen, un tel développement créera une grande pression sur ces milieux humides. « Préserver un milieu humide, c’est extrêmement précieux. Pour résoudre la crise, ça nous prend des logements sociaux », a-t-il lancé.

Un résident a dit s’interroger sur le choix du site pour un tel développement. « Ce sera, de plus, des logements rentables dans un quartier chic au détriment de la richesse naturelle de Victoriaville. »

La venue d’autant de gens dans le secteur et de l’achalandage dans le parc inquiètent aussi une dame. « Ça fait trop de monde dans le même tapon. Je suis très inquiète pour ce beau secteur du Vieil-Arthabaska. »