Concrètes retombées de la mission à l’île Maurice

On commence à voir les retombées de la toute première mission économique menée par la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région (CDEVR) à l’automne 2023. Quelques-uns des 125 travailleurs et travailleuses recrutés par une quinzaine d’entreprises de la région, ont foulé le sol victoriavillois. Anna Face, une jeune femme de 25 ans, figure parmi les tout premiers arrivants de l’île Maurice.

Fille unique, elle a quitté ses proches et sa terre natale pour vivre une nouvelle aventure. « Je souhaite acquérir de l’expérience et faire de nouvelles rencontres. Il y a des sacrifices à faire, mais étant jeune, j’ai de la force et de l’énergie, autant les dépenser maintenant « , confie-t-elle en entrevue, 48 heures après son arrivée à Victoriaville, un peu fatiguée en raison du décalage horaire et du long périple de près de 24 heures.

Anna Face en était à son tout premier voyage et a vécu son baptême de l’air. Elle s’amène donc à Victoriaville pour vivre sa passion comme pâtissière à la Boulangerie Lamontagne qui l’a recrutée. Elle exercera son art à la succursale de la rue Girouard. « J’ai développé une passion pour la pâtisserie vers l’âge de 15 ans. Ça fait donc une dizaine d’années », raconte la jeune Mauricienne qui rêve, un jour, de posséder sa propre entreprise.

À l’île Maurice, la jeune femme occupait un emploi à temps plein dans un bureau d’assurances, mais comme pâtissière, elle prenait des commandes à la maison.

Lors de la mission, Anna a pris part à une entrevue virtuelle avec la Boulangerie Lamontagne qui n’était pas présente à l’île Maurice. « La CDEVR la représentait comme on l’a fait pour sept autres entreprises. Ça faisait partie des services qu’on offrait », explique Cristal Bédard, directrice du secteur main-d’œuvre et milieu de vie à la CDEVR.

Au moment de l’entrevue avec le www.lanouvelle.net, la jeune pâtissière avait fait la rencontre de son nouvel employeur et visité l’entreprise. « J’ai rencontré Kathleen (Lamontagne) qui m’a fait faire la visite. Elle est charmante, accueillante, souriante, j’ai vraiment hâte d’aller travailler. C’est une équipe très soudée, familiale », souligne Anna qui entamait son nouveau boulot en début de semaine.

Avec la Boulangerie Lamontagne, la pâtissière s’est engagée pour une période de trois ans. « C’est un contrat fermé pour 36 mois, précise Cristal Bédard. C’est cela pour la majorité des contrats, de 24 à 36 mois, selon le type d’emploi. »

À peine arrivée, Anna Face disait avoir hâte de découvrir la ville. « J’ai remarqué que les gens ici sont très accueillants, souriants et sympas », confie-t-elle. À peine débarquée, la jeune Mauricienne a déjà goûté un mets typique, la poutine. « C’est bon, dit-elle.  J’en mangerai de nouveau prochainement. » Grâce à la CDEVR et au conseiller Andy Schrijvers du secteur main-d’œuvre et milieu de vie, la jeune a pu trouver où loger.

« On a réussi à lui en trouver un en 15 minutes. Nous avons une liste de propriétaires et je connais ce qu’ils recherchent. Ça a été facile, on a été chanceux. Mais ça ne signifie pas que c’est toujours comme ça », note-t-il

« La CDEVR offre le service aux entreprises pour l’aide à la recherche de logement. La Boulangerie Lamontagne nous avait demandé de leur venir en aide. C’est Andy qui a travaillé sur la recherche de ce logement », mentionne Anne-Marie Brassard, conseillère aux communications et au marketing.

En fait, la CDEVR, par le biais du secteur main-d’œuvre et milieu de vie offre toute une panoplie de services aux entreprises. « Ce sont tous des services accessibles, abordables. Les entreprises gagnent à connaître et à avoir recours à ces services. Ils peuvent ainsi avoir la paix d’esprit. Notre travail, on le fait bien, un travail professionnel. On s’occupe de tout, on accueille la personne. C’est complet, un service clé en main », assure Mme Brassard.

On se rend chercher les travailleurs à l’aéroport, comme Andy Schrijvers l’a fait avec Anna, et on les prend en charge. On les suit durant tout le processus. On les accompagne dans l’obtention des différents documents dont ils ont besoin, comme les cartes d’assurance-maladie et d’assurance sociale. « Pour qu’elle arrive avec tout ce dont elle a besoin à sa première journée de travail pour commencer à travailler », explique Cristal Bédard.

Autre exemple, Anna est maintenant inscrite au service Taxibus. Elle pourra y recourir au besoin, elle qui habite à environ une quinzaine de minutes de marche de son lieu de travail.

Andy l’a aussi accompagnée à l’épicerie pour lui montrer le fonctionnement.

« Tout cet accompagnement, toutes ces démarches, améliorent les chances de succès de l’intégration », fait valoir Anne-Marie Brassard.

« On les inscrit aussi aux autres partenaires en immigration, comme le Centre d’accueil international des Bois-Francs, renchérit Cristal Bédard. On essaie de toucher à tous les aspects. Une fois que le travailleur est en entreprise, normalement il possède tous les outils en main. »

La CDEVR organise aussi, à l’intention des nouveaux travailleurs étrangers, des activités d’intégration et d’information. « Puisqu’ils ignorent les normes en vigueur, on les informe notamment sur leurs rôles, leurs responsabilités, leurs droits et obligations. Ça leur permet aussi de briser l’isolement en rencontrant d’autres travailleurs étrangers. Actuellement, indique Cristal Bédard, nous avons près de 200 travailleurs étrangers sur nos listes qui participent de façon assez active à nos activités. »

Par exemple, la clinique d’impôt, une activité qui a fort bien marché au printemps. « Pour eux, c’est complexe, l’employeur leur fournit des papiers et ils ne savent pas à quoi ça sert. On leur donne l’information », souligne la directrice du secteur main-d’œuvre et milieu de vie.

Une richesse

Le maire de Victoriaville et président de la CDEVR, Antoine Tardif, se réjouit de la mise en place du service main-d’œuvre et milieu de vie qui, constate-t-il, porte fruit. « On est à l’écoute des besoins de nos entrepreneurs. On le sait, la main-d’œuvre constitue un des enjeux numéro un auxquels font face les entreprises, les commerces, les services de santé, rappelle-t-il. On est bien fier que ce service soit en marche sur notre territoire et qu’il porte ses fruits de façon assez rapide avec une première mission ayant permis le recrutement de 125 travailleurs. »

Les nouveaux venus, estime-t-il, apporteront leur contribution à Victoriaville qui a tant à leur offrir également. « C’est une place où chacun peut atteindre son plein potentiel, se développer pleinement et on en a la preuve aujourd’hui avec Anna qui, je suis persuadé, va s’intégrer à la vie sociale, communautaire, culturelle de Victoriaville. On est bien content de les accueillir », exprime Antoine Tardif.

En plus d’Anna, d’autres travailleurs sont arrivés récemment. Le maire a rencontré d’ailleurs un machiniste et un soudeur embauchés par l’entreprise Posi +. À la fin du mois de septembre, des soudeurs et camionneurs doivent se pointer chez Excavations Tourigny. « Cela démontre la diversité des besoins sur notre territoire, des besoins dans différents secteurs d’activité », observe Antoine Tardif.

L’arrivée de tous les travailleurs recrutés s’échelonnera jusqu’au printemps 2025, fait remarquer Cristal Bédard. « Cela va dépendre de la rapidité avec laquelle ils ont soumis leur demande, mais aussi du processus, de l’obtention des documents nécessaires. De plus, certains arrivent avec leur famille et vont attendre que tous les membres soient prêts, comme chez Dubois Méthot, qui a recruté des mécaniciens. »

Les nouveaux arrivants contribueront à enrichir la vitalité culturelle et économique du milieu. « La récente fête de la diversité culturelle nous démontre bien que Victoriaville se transforme avec plusieurs communautés, plusieurs travailleurs qui proviennent des quatre coins du monde, souligne le maire Tardif. Cela contribue à la richesse de notre population », tout en précisant que les Victoriavillois sont très accueillants. « Je pense que ce sera une belle expérience pour quiconque choisira Victoriaville comme terre d’accueil. »

Madagascar à l’automne

La CDEVR mènera, du 16 au 25 novembre, une deuxième mission, à Madagascar cette fois. « Avec des objectifs moins ambitieux que l’an dernier, vu le contexte économique moins prospère. Le besoin est moindre, et de nombreuses entreprises s’interrogent face à l’avenir. On a senti qu’il y avait un léger ralentissement quand nous avons procédé au recrutement des entreprises », mentionne Cristal Bédard. Huit entreprises s’y sont inscrites, mais la CDEVR peut en accepter d’autres qu’elle représentera sur place.