Biométhanisation : une solution pour contrer les odeurs propose Soteck Clauger

Alors que des projets d’usines de biométhanisation se dessinent, des projets qui peuvent venir avec une mauvaise gestion des rejets d’odeurs, l’entreprise Soteck Clauger de Victoriaville expose une solution pour contrer le problème.

Spécialisée dans le traitement d’air et l’efficacité énergétique, l’entreprise aide les industries du secteur agroalimentaire à maîtriser leurs conditions de production pour obtenir une qualité de produit toujours optimale. De la conception à la réalisation, l’entreprise travaille à mettre en place des conditions de production précises et stables. 

« En lien avec la biométhanisation, on a constaté qu’il y a beaucoup de pression sur les projets à cause de la gestion des odeurs et du voisinage », souligne le directeur général de Soteck Clauger, David Perreault.

Justement, l’entreprise, dit-il, dispose de la technologie pour remédier à la situation, une technologie développée par son partenaire français Clauger, maintenant propriétaire de Soteck Clauger.

« Clauger a développé et fabrique le produit pour lequel elle a remporté des prix d’innovation, un produit phare pour gérer les odeurs. Un produit qu’on pourra dans le futur fabriquer au Québec », indique le directeur général.

L’unité de traitement d’odeurs a pour nom l’ÉcoTCA + (éco pour écologie et TCA signifiant tour de charbon actif).

Alors qu’il existe différentes technologies pour s’attaquer aux odeurs, Soteck Clauger combine deux procédés : le lavage et l’absorption par le charbon.

Mais il y a aussi la plateforme Expoll qui permet de recueillir des données théoriques et pratiques. « À partir de ces données, on va modéliser le panache de rejets créé afin de savoir quel endroit sera impacté, où est le risque le plus grand. Le voisinage aidera à affiner ce modèle. Plus les gens, les voisins vont participer, meilleur sera notre modèle. On peut leur demander, par exemple, l’intensité et le type de l’odeur, est-ce que ça pique? », exemplifie Anthony Tridon, chargé clients et un ingénieur en mécanique de bâtiment de formation. « La plateforme nous permettra de piloter notre installation et de l’optimiser », note-t-il.

L’outil est aussi connecté avec une station météo. « On peut savoir six heures à l’avance ce qui va se passer avec les vents et prévoir la réaction du panache d’odeur, explique David Perreault. Si, par exemple, il se dirige vers des champs, on peut réduire le traitement un peu. À l’inverse, s’il se dirige vers la ville, on peut accentuer le traitement. Cela nous aide à piloter notre installation avec les données de la modélisation, les données météo en plus du ressenti des gens. »

Une telle façon de faire démontre, fait valoir le DG, que l’entreprise, qui rejette des odeurs, a la sensibilité de son voisinage et qu’il vise à ne pas nuire et à se faire le moins dérangeant possible tout en étant en mesure de faire son produit.

David Perreault assure que la méthode a fait ses preuves. « Nous avons une solution où l’on peut s’engager sur le résultat. C’est peut-être deux fois plus dispendieux que les biofiltres, mais sur un investissement de 35 M $ par exemple, la différence est peut-être de 1% ». L’investissement en vaut le coup, fait-il remarquer dans un contexte où la question des odeurs peut influencer sur l’acceptabilité sociale.

« Les odeurs créent beaucoup de tension. Si on ne gère pas ce problème, il sera difficile d’ajouter des centres de biométhanisation, observe David Perreault. On propose notre façon de faire en essayant de convaincre dès le départ du projet pour éviter les problèmes ensuite. »

Outre la biométhanisation, la solution de Soteck Clauger s’applique à d’autres sphères d’activités, assure-t-on. « On va maintenant faire un projet pour le traitement d’élimination des batteries. Il y a des odeurs aussi là-dedans. Cela s’applique donc à plusieurs industries, mais les solutions varient. Les solutions sont différentes d’une industrie à l’autre, explique le directeur général.

On n’utilise pas toujours le charbon actif, par exemple. Selon chaque application, on a une équipe en France qui nous aide à choisir la bonne solution qui caractérise le rejet. » Anthony Tridon collabore étroitement avec la France. « C’est notre spécialiste. Nous travaillons actuellement les projets conjointement avec les équipes françaises, mais nous visons à devenir autonomes », souligne David Perreault.

À propos de Soteck

Les débuts de l’entreprise remontent à 1993 lorsque Sylvain Ouellette fonde Sylvain Ouellette Technnologies d’où le nom Soteck. L’entreprise a fait du traitement d’air et de l’efficacité énergétique ses spécialités.

« Notre chiffre d’affaires aujourd’hui se situe autant dans le traitement d’air que dans l’efficacité énergétique et la décarbonation, mentionne le DG. Tous les grands transformateurs laitiers du Québec font partie de nos clients. On est beaucoup dans les fromageries, on donne des conditions à nos clients pour produire leurs produits et assurer une sécurité alimentaire. On est capable de s’engager du résultat. Dans les entrepôts de légumes, on promet 5% moins de pertes qu’un entrepôt standard. La technologie a fait ses preuves et avec tous les outils digitaux dont nous disposons, on peut monitorer tout ça et intervenir à distance. Ça nous donne des avantages », fait valoir David Perreault.

Sotech Clauger, qui possède aussi un bureau à Trois-Rivières, voit aux intérêts de ses clients pancanadiens. « On s’occupe de toutes leurs usines au pays. On a aussi des clients régionaux comme Westrock et Lactalis », signale David Perreault.

L’entreprise, qui emploie 85 personnes, connaît une croissance constante, doublant son chiffre d’affaires tous les cinq ans depuis l’arrivée de Clauger dans le portrait. Clauger, une entreprise familiale, compte pas moins de 3000 employés à travers le monde. Elle est implantée dans 16 pays et réalise des projets dans plus d’une centaine de pays.

« Notre frein en fait, c’est l’accès à la main-d’œuvre. On a donc pris comme stratégie de se rapprocher de nos gens, fait valoir le dirigeant. Chez Soteck on offre trois modes de travail :  bureau, télétravail ou le mode hybride. On veut offrir des endroits de travail près de nos bassins d’employés, mais aussi se rapprocher de nos clients », dit-il en précisant son intention d’ouvrir un bureau dans la région montréalaise.

Soteck Clauger a comme mot d’ordre l’innovation. « Clauger investit beaucoup en innovation année après année. On se sert de ces innovations pour en faire profiter nos clients. On a la responsabilité d’amener au Canada toute la technologie, on y va à notre rythme pour bien faire les choses. Chaque année, j’amène des innovations », mentionne David Perreault.

À titre d’exemple, une thermopompe qui récupère de l’eau chaude jusqu’à 85 Celsius a été mise sur le marché. « Ça va nous permettre de pasteuriser dans nos usines de traitement de lait sans cheminée, sans envoyer des GES dans l’atmosphère. C’est la première thermopompe du genre en Amérique du Nord. On l’a implantée en février à la Fromagerie La Chaudière à Lac-Mégantic », précise-t-il.

Si cette innovation provient de la France, l’équipe de Soteck Clauger du Québec a travaillé à adapter le produit aux normes nord-américaines.