Un premier accusé a terminé son témoignage

Jean-Christophe Martin, coaccusé avec Pierre-François Blondeau et Dominic Vézina dans une affaire d’agression sexuelle sur une adolescente de 15 ans en octobre 2014 à Victoriaville, a dû répondre, jeudi après-midi, à une kyrielle de questions du procureur de la poursuite Me Éric Thériault.

Le procureur a questionné l’accusé sur la façon qu’il a pu juger une démarche non chambranlante de la plaignante alors que peu de distance les séparait.

Jean-Christophe Martin a précisé en après-midi ce qu’il n’avait pas fait le matin à l’effet qu’il a aperçu un bracelet noir au poignet de l’adolescente qui le lui montrait, selon lui, en affirmant qu’elle avait 18 ans. «Je l’ai vu noir et je l’ai crue quand elle m’a affirmé avoir 18 ans», a-t-il indiqué.

«Est-ce que c’était sombre dans la pièce?», a demandé le procureur. «Je ne peux pas vous le dire», lui a-t-il répondu.

Alors que l’accusé faisait mention, en matinée, que la plaignante n’avait pas de bracelet dans le Jeep au moment de se diriger vers l’Auberge Hélène, Jean-Christophe Martin, en contre-interrogatoire, a plutôt fait savoir qu’il a déduit qu’elle n’en avait pas puisque, une fois à l’auberge, elle n’avait pas de bracelet. «Elle n’avait pas de bracelet dans la chambre, c’est certain», a-t-il soutenu.

Le représentant du ministère public a interrogé l’accusé sur le comportement de la plaignante qui s’adonnait à des gestes sexuels avec l’un et avec l’autre. «Est-ce que cela n’a pas allumé une lumière chez vous quant à son état d’intoxication?» «Non», a brièvement répondu Jean-Christophe Martin.

«Quels sont vos convictions, M. Martin, devant le tel comportement d’une jeune fille?», lui a aussi demandé le procureur, en référence au fait qu’il ne coucherait pas, par conviction, avec une fille de moins de 18 ans.

À un certain moment, l’accusé a fait savoir au procureur : «J’avais le goût d’avoir une relation sexuelle et elle aussi. C’était consentant.»

L’accusé, questionné sur une relation sexuelle survenue dans la baignoire douche, n’a pu dire à quel endroit il avait placé ses mains, mais il a soutenu ne pas avoir fait preuve de violence. «Je ne la prends pas solide», a-t-il dit.

Le procureur Éric Thériault s’est aussi interrogé sur la pudeur de l’accusé qui mentionne s’être caché lorsqu’il s’est fait surprendre par le maître d’événement au Complexe Sacré-Cœur.

«Si vous êtes pudique, pourquoi l’avoir fait devant vos amis? Pourquoi ne pas être sorti de la loge en constatant Dominic Vézina avec la plaignante?», a questionné le procureur du ministère public.

«Je voulais parler avec Pierre-François Blondeau», a-t-il dit.

L’accusé a nié, par ailleurs, que Vézina ait déposé la plaignante sur le lit à l’auberge, soutenant plutôt qu’elle a marché vers lui.

Jean-Christophe Martin a fait savoir aussi qu’il n’a pas reparlé «du trip à trois», selon l’expression de Me Thériault, avec les coaccusés à la suite de la soirée.

L’accusé a également affirmé ne pas avoir ressenti de malaise du fait qu’une relation sexuelle ait lieu sur la banquette arrière de son véhicule alors qu’ils se dirigeaient vers l’auberge après la soirée.

Pas plus qu’il n’a entendu de paroles au moment de reconduire la plaignante chez une amie le lendemain matin. «Il n’y a pas eu de "bye à jamais"», a-t-il fait savoir, tout en indiquant qu’il n’avait pas l’intention de revoir l’adolescente.

À la suite du contre-interrogatoire qui a pris fin vers 15 h 50, l’avocat de l’accusé, Me Maxime Roy, a déclaré sa preuve close.

Le procès reprendra vendredi matin avec le témoignage de Dominic Vézina.

Des déclarations d’ouverture

En défense, chacun des avocats, en matinée, s’est adressé aux 12 jurés.

Après Me Roy, l’avocat de Dominic Vézina, Me Félix-Antoine T. Doyon, a pris la parole. «Une question importante, ici : mon client a-t-il drogué la plaignante? Je lui poserai une question à savoir s’il a donné une substance et vous le regarderez dans les lieux et vous verrez alors s’il dit la vérité», a indiqué Me Doyon au jury.

L’avocat a confié que son client était convaincu que la plaignante consentait aux genres de relations sexuelles qu’elle a eues.

«Je vais lui poser des questions et il répondra avec ses tripes», a-t-il souligné.

Quant à l’avocat de Pierre-François Blondeau, Me Yves Savard, il a fait valoir que son client a hâte de s’expliquer, de faire état de sa perception des choses. «Il reconnaît avoir eu une interaction avec elle au Complexe Sacré-Cœur et admet une relation sexuelle dans le véhicule. Mais il était convaincu profondément qu’elle était majeure. Il vous expliquera le contexte, les informations et les renseignements qu’il a obtenus», a souligné l’avocat qui a imagé ses propos en utilisant la comparaison avec un casse-tête.

«Après son témoignage, a-t-il dit aux jurés, vous aurez l’image complète, tous les morceaux du casse-tête. Et vous rendrez un verdict de non-culpabilité sur les quatre chefs d’accusation», a-t-il conclu.

Dans cette affaire, les trois accusés font face à des accusations d’agression sexuelle avec lésions sur une adolescente de moins de 16 ans, d’agression sexuelle avec la participation d’une autre personne, de contacts et d’incitation à des contacts sexuels.