Purgeant une peine dans la collectivité, il est arrêté dans un bar

JUSTICE. Le multirécidiviste de l’alcool au volant, René Thériault, 70 ans de Plessisville, condamné à sept occasions pour conduite avec les capacités affaiblies, a été arrêté, de nouveau, le 15 mars pour manquement à une condition. Le septuagénaire devait se trouver à son domicile. Or, les policiers l’ont surpris dans un bar.

Le 11 décembre dernier, Thériault a été condamné à une peine de 15 mois de détention à purger dans la collectivité pour une infraction commise en juillet 2014. Une interdiction de conduire à vie lui a aussi été imposée.

Pour les six premiers mois, il faisait l’objet d’une assignation à domicile 24 heures par jour.

Mais les policiers l’ont arrêté alors qu’il consommait dans un établissement hôtelier. Le Plessisvillois, se confiant honnêtement, a même indiqué au juge Bruno Langelier être allé au bar à plus d’une occasion depuis sa condamnation en décembre.

Une thérapie ou la prison?

L’avocat de René Thériault, Me Guy Boisvert, a plaidé pour que son client puisse se retrouver à la maison de thérapie Victoriaville-Arthabaska pour régler son problème d’alcool présent depuis une quarantaine d’années.

Me Boisvert a fait témoigner le directeur général de la maison de thérapie, Benoît Prince qui a rencontré, jeudi, le septuagénaire. «Il m’a semblé confus, un signe de sevrage. M. Thériault m’a confié, en me regardant dans les yeux, qu’il était prêt. Je pense qu’on peut l’aider vraiment. On va tout faire pour l’aider», a indiqué M. Prince.

Par la suite, l’accusé, lui-même, a été questionné par son avocat. «Ce serait parfait, une thérapie. Je respecterai les normes. Je veux m’aider, je ne reviendrai plus ici après. Je veux une thérapie pour régler mes problèmes», a confié l’homme, bouleversé aussi par le décès, fin décembre, de sa mère dont il prenait soin.

Me Guy Boisvert a aussi appelé dans la boîte des témoins Marcel Thériault, le frère de l’accusé. Le témoin a raconté que son frère vivait des moments difficiles et qu’il le croyait en mesure de surmonter ses problèmes. «Ce n’est pas facile pour lui. Il est seul, il s’ennuie, mais il est capable de se reprendre en main, j’en suis sûr», a-t-il soutenu.

L’avocat de Thériault a plaidé pour qu’il puisse participer à une thérapie fermée afin de faire le ménage dans sa vie, pour lui permettre d’acquérir une sobriété. «L’alcoolisme est une maladie très forte. La société en retirera beaucoup plus s’il poursuit sa peine d’emprisonnement en thérapie plutôt que de l’envoyer au centre de détention où il sera laissé à lui-même sans régler son problème», a fait valoir Me Boisvert.

«Monsieur ne cherche pas la liberté, il cherche une façon de se comprendre. Il est important de guérir sa consommation», a-t-il poursuivi.

La poursuite, représentée par Me Michel Verville, ne partageait nullement cet avis, soutenant que René Thériault, par sa propre faute, n’était plus un candidat à la peine avec sursis qui, a-t-il plaidé, devait être révoquée.

Décision du juge

Le juge Bruno Langelier de la Cour du Québec, d’entrée de jeu, s’est dit sensible à l’honnêteté dont a fait preuve René Thériault en reconnaissant sa présence au bar à plus d’une reprise.

«C’est tellement important de dire la vérité au Tribunal, ce qui n’est pas toujours le cas», a exprimé le magistrat.

Dans sa décision, le juge a tenu compte de l’âge du Plessisvillois, du décès de sa mère, de sa solitude. «Je constate aussi que vous avez sûrement besoin d’aide. Votre dossier judiciaire, d’ailleurs, reflète votre problématique. Il s’agit d’un premier manquement, je vous permets de vous rendre à la maison de thérapie», a-t-il décidé.

«Il s’agit d’un milieu encadré, a ajouté le juge. Un centre avec des intervenants qui travaillent avec bonté. Sans ces maisons de thérapies, la société serait aux prises avec des problèmes plus importants. Elles réussissent à en traiter plusieurs.»

Ainsi, René Thériault devra séjourner à la maison de thérapie Victoriaville-Arthabaska en tout temps, 24 heures par jour, pendant six mois jusqu’au 18 septembre.

Il ne pourra en sortir sauf en étant accompagné par des intervenants du centre. «La thérapie, vous devez la mener à terme, a prévenu le juge Langelier. Le Tribunal ne veut plus vous laisser seul. Vous n’en êtes pas capable.»

Au terme de la thérapie, René Thériault devra observer un couvre-feu et se trouver chez lui entre 22 h et 7 h jusqu’à l’expiration de sa peine de 15 mois.