Opération Nageoire : le pénitencier pour la tête dirigeante

JUSTICE. Tristan Charland, celui qu’on considère comme le principal responsable du groupe démantelé par l’opération Nageoire, a été condamné, vendredi après-midi, à deux ans de pénitencier. Une suggestion commune de la poursuite et de la défense qu’a entérinée le juge Jacques Lacoursière de la Cour du Québec.

Le jeune homme, âgé de 20 ans, a reconnu sa culpabilité à quatre chefs d’accusation de possession de stupéfiants en vue de trafic, à savoir de la cocaïne, des méthamphétamines, des amphétamines et d’une autre substance.

Il a aussi plaidé coupable à une accusation de possession simple de cannabis, et à des accusations d’entreposage illégal d’un fusil de calibre .12 et de possession d’une arme à feu sans détenir le permis requis.

La procureure aux poursuites criminelles et pénales, Me Ann Marie Prince, a exposé brièvement les faits, indiquant que sept individus faisaient face à la justice relativement à cette opération Nageoire. «Ce n’est pas une organisation de grande envergure, a-t-elle précisé. Mais M. Charland se situe dans le haut de l’échelle. Les policiers l’ont vu à plusieurs reprises effectuer des livraisons chez deux vendeurs du groupe.»

Tristan Charland, selon le ministère public, habitait un logement adjacent à un commerce où il cachait la drogue.

Le 1er octobre, munis d’un mandat, les policiers, a fait savoir Me Prince, ont découvert environ 300 g de coke pure à 26%, de même que 10 000 comprimés de méthamphétamine.

Lors de la frappe policière du 16 décembre, les policiers ont perquisitionné le domicile de Charland. «Ils y ont saisi 42 g de cocaïne, 0,6 g de cannabis, une liste de comptabilité, deux cellulaires, une somme de 610 $, de même qu’un fusil», a indiqué la représentante de la poursuite.

Dans le commerce, la police a pu mettre la main sur quelque 31 g de cocaïne et plus de 3000 comprimés. «Le jeune homme a livré une déclaration aux policiers, avouant qu’il effectuait le trafic depuis des mois et qu’il avait contracté une dette de 10 000 $», a souligné Me Ann Marie Prince.

En présentant la suggestion commune, Me Prince l’a qualifiée d’appropriée. «On ne peut dire qu’elle est sévère. Mais elle tient compte du jeune âge de l’accusé, de son rapide plaidoyer de culpabilité. C’est une peine appropriée selon les circonstances, la quantité, la nature des stupéfiants et son implication», a-t-elle noté.

En défense, Me Jean-Philippe Anctil a confié que son client avait déjà exprimé le désir de cesser la vente de stupéfiants, qu’il s’était lié à une nouvelle conjointe et qu’il souhaitait une vie saine. «Mais en novembre, des malfaiteurs lui ont dérobé des stupéfiants. Il a dû continuer à vendre en raison de la dette contractée», a expliqué Me Anctil, ajoutant que Tristan Charland tenait à une peine de pénitencier (une peine fédérale).

«Mon client a peu d’antécédents. Il n’est pas un individu très criminalisé», a-t-il conclu.

En confirmant la peine, le juge Lacoursière a rappelé qu’il s’agissait d’infractions «extrêmement graves, passibles d’emprisonnement à perpétuité». «Ce sont des drogues dures. À ce sujet, la Cour d’appel nous rappelle que les peines doivent être dissuasives et sévères pour envoyer un message à ceux qui s’adonnent au trafic», a signalé le magistrat.

Le président du Tribunal a qualifié de raisonnable la peine. «Elle n’est pas clémente, ni particulièrement sévère. Je la considère raisonnable», a-t-il exprimé, tout en invitant le jeune homme à la réflexion. «Vous êtes jeune, vous avez du potentiel. Vous êtes à la croisée des chemins. C’est à vous de décider», a-t-il conclu.

En plus de la peine de deux ans de pénitencier qu’il purge dès maintenant, Tristan Charland, détenu depuis son arrestation à la mi-décembre, est soumis également à une période de probation de trois ans. On lui interdit aussi de posséder des armes pour une période de 10 ans.

La frappe policière

L’opération Nageoire a mobilisé plus de 60 policiers de l’Escouade régionale mixte, du Service d’enquêtes régionales, de la SQ du poste de la MRC d’Arthabaska, de la Gendarmerie royale du Canada et du Service de la sécurité publique de Trois-Rivières.

Tout découle d’une enquête entreprise en juillet 2015 et qui ciblait des individus en lien avec l’approvisionnement de stupéfiants de différentes cellules de vente dans la région de Victoriaville.

Tôt le 16 décembre, les policiers ont frappé, effectuant 12 perquisitions et autant d’arrestations. L’enquête policière tend à démontrer que ces individus avaient pris la place laissée vacante au niveau de la vente de stupéfiants dans la région de Victoriaville à la suite de l’opération Macramé réalisée en mars 2014.