Le contre-interrogatoire de la plaignante se poursuit

Au jour 8 du procès pour agression sexuelle de Jean-Christophe Martin, Pierre-François Blondeau et Dominic Vézina, le contre-interrogatoire de la plaignante s’est poursuivi, mercredi matin, au palais de justice de Victoriaville.

Au tour de Me Félix-Antoine T. Doyon, l’avocat de Dominic Vézina de contre-interroger la jeune femme âgée maintenant de 18 ans, mais avait 15 ans au moment des faits allégués.

La plaignante a reconnu avoir ressenti un désir sexuel quelque temps après avoir consommé une pilule d’ecstasy.

Questionnée par Me Doyon, elle a relaté avoir eu du plaisir lors de la soirée, qu’elle souhaitait un rapprochement avec un garçon et qu’elle trouvait Dominic Vézina joli.

Après que l’accusé lui eut offert une bière, la jeune femme raconte l’avoir suivi vers la loge (cuisinette) sans y être forcée, d’un commun accord.

Sans échange de paroles, les actes sexuels auraient rapidement commencé, selon elle, des relations vaginales et anales. Elle n’aurait ressenti aucune douleur.

Après l’épisode de la loge, la présumée victime est retournée dans la salle où se tenait la soirée. Au procureur qui l’interrogeait, elle a admis ne pas avoir eu l’impression d’avoir été agressée et elle a continué à s’amuser par la suite.

Disant faire confiance à Dominic Vézina, la jeune femme a relaté l’avoir suivi pour aller à l’Auberge Hélène, sachant qu’il lui avait fait savoir qu’ils iraient la reconduire le lendemain.

La jeune femme a rappelé les rapports sexuels survenus dans le véhicule Jeep, a fait savoir que Dominic Vézina l’aurait sortie du véhicule pour la laisser tomber sur un des lits de la chambre.

À une question de Me Doyon, elle a soutenu n’avoir jamais dit vouloir de relations sexuelles, tout en reconnaissant que ses gestes et son physique ont pu le suggérer.

En constatant ses blessures, la jeune femme a songé au fait que «ça ne fait pas de sens ce qui s’est passé et qu’il est impossible que j’ai pu consentir».

Elle a pensé que quelque chose a pu survenir, probablement, selon elle, après avoir accepté la bière que lui a donnée Vézina lors de la soirée.

La présumée victime n’a perdu aucun vêtement, ni porte-monnaie, ni cellulaire. Son bracelet de la soirée, elle croit l’avoir jeté après la douche prise à l’Auberge Hélène.

Interrogée par ailleurs sur son acquittement pour un présumé trafic de cannabis à l’école, la jeune femme a démenti avoir voulu cacher à l’enquêteur François Beaudoin avoir pris une pilule lors de la soirée parce qu’elle avait une cause pendante devant la Cour d’appel du Québec. «Je ne me souvenais pas d’en avoir pris lors de l’interrogatoire vidéo», a-t-elle souligné.

Le témoin est devenu émotif lorsque l’avocat a rappelé le moment où les accusés l’ont reconduit le lendemain.

«Ce n’était pas humain. Je me suis sentie utilisée, comme un objet», a-t-elle signalé.

«Étiez-vous fâchée?», lui a demandé Me Doyon. «Non, je n’ai jamais été fâchée», a-t-elle répondu, en pleurs.

«J’ai toujours eu de la culpabilité envers moi. J’en vis encore. Je n’aurais pas dû aller à ce party, je n’aurais pas dû mentir à mes parents. Même le contre-interrogatoire me fait douter en dedans», a-t-elle noté.

La présumée victime s’est finalement laissée convaincre de porter plainte, une façon de faire en sorte que les gens paient pour ce qu’ils ont fait. «Dans la vie, c’est ma philosophie, il faut que tu paies pour les gestes que tu poses. Moi, j’ai payé», a-t-elle dit en évoquant son passé.

La jeune femme a aussi soutenu, en cours de contre-interrogatoire, n’avoir jamais affirmé qu’elle avait 18 ans, rappelant même avoir dit à Dominic Vézina, qui l’aidait à récupérer ses vêtements dans la loge, être âgée de 15 ans. «Il a été surpris de mon âge et de la grosseur de mes seins», a-t-elle souligné.

Avant la pause du dîner, Me Doyon a fait dire à la jeune femme qu’avant le 24 octobre 2014, elle ne s’était pas fait passer pour une fille plus vieille que son âge.

Or, l’avocat lui a fait reconnaître qu’en août 2014, elle avait probablement un compte Tinder, un site de rencontres, qui utilise la date de naissance du profil Facebook et qu’elle y apparaissait plus vieille, comme si elle avait 18 ans.