L’accusé convaincu qu’elle avait 18 ans

Au neuvième jour, jeudi, du procès des trois accusés d’agression sexuelle sur une adolescente de 15 ans, la défense est entrée en jeu, au palais de justice de Victoriaville, avec le témoignage d’un premier accusé, Jean-Christophe Martin, âgé de 23 ans.

D’entrée de jeu, son avocat Me Maxime Roy, en s’adressant au jury, a indiqué la hâte qu’éprouvait son client de pouvoir s’exprimer. «Même si rien ne l’y oblige, il ne se défilera pas», a-t-il indiqué, ajoutant que la théorie de la cause se résumait facilement. «Une défense quant à l’âge et au consentement. Mon client vous expliquera, dans sa perspective, pourquoi il croyait sincèrement qu’elle était plus vieille et qu’elle ait consenti», a-t-il souligné.

Appelé à prendre la parole, l’accusé, en larmes, a d’abord présenté les membres de sa famille présents dans la salle d’audience, pour ensuite formuler des excuses. «Je veux m’excuser auprès de la plaignante. Avoir su qu’elle avait 15 ans, j’aurais agi autrement», a-t-il mentionné.

«Pourquoi avez-vous plaidé non coupable?», lui a demandé Me Roy. «Parce que j’étais convaincu qu’elle avait 18 ans et qu’elle consentait à toutes nos relations», a répondu Jean-Christophe Martin qui avait 21 ans au moment des événements survenus dans la nuit du 24 au 25 octobre 2014 à Victoriaville.

Par la suite, l’accusé a raconté qu’il avait été engagé comme DJ par Québec Pass qui a organisé la soirée au Complexe Sacré-Cœur. Il a relaté son arrivée vers 18 h dans son véhicule avec les deux coaccusés Pierre-François Blondeau et Dominic Vézina. «Il était prévu qu’on dormait dans un hôtel à Victoriaville. J’avais décidé aussi de conduire mon véhicule après la soirée», a-t-il dit.

Le jeune homme a soutenu ne pas avoir consommé de drogue au cours de la soirée, se contentant de deux bières, puisqu’il prenait le volant après la fête. «Je n’ai pas distribué d’alcool lors de la soirée», a-t-il fait savoir.

Vers 23 h 45, l’accusé dit être entré, avec Pierre-François Blondeau, dans la loge (cuisinette), surprenant alors une relation sexuelle entre Dominic Vézina et une jeune femme nue qu’il ne connaissait pas.

«J’étais surpris, je ne m’attendais pas à ça. Eux aussi l’ont été. Ils ont arrêté leurs ébats pour ensuite continuer à parler. Moi et Pierre-François, nous nous sommes assis sur un divan», a-t-elle signalé.

La plaignante, selon lui, a reconnu Midaz (Pierre-François Blondeau) et s’est dirigée vers lui.

«Elle avait l’air allumée, festive. Elle n’était pas chambranlante et n’éprouvait pas de difficultés à marcher», a répondu Jean-Christophe Martin lorsque le procureur l’a questionné sur l’état de la jeune femme.

En se basant sur l’aspect physique, sur la poitrine de la jeune femme et ses traits plus vieux, l’accusé a évalué son âge minimum à 18 ans. «Elle avait définitivement plus de 18 ans. J’ai une sœur de 17 ans. Je suis entouré de filles de cet âge», a-t-il dit pour expliquer son évaluation.

L’accusé a poursuivi en disant que la plaignante s’est retrouvée avec Midaz. «Ils se sont enlacés, embrassés. Au moment où elle s’est mise à genou devant lui pour déboutonner sa ceinture, Mme Forand (la cuisinière) est entrée. Tous ont été surpris. Elle a ouvert puis claqué rapidement la porte», a-t-il fait savoir.

La plaignante se serait ensuite dirigée vers Jean-Christophe Martin. «Je lui ai demandé : tu as bien 18 ans? Elle m’a répondu oui en riant. Elle m’a dit j’ai 18 ans et m’a montré son bracelet en une fraction de seconde», a-t-il souligné. Son avocat ne lui a toutefois pas demandé d’en préciser la couleur.

L’accusé a affirmé que jamais, en raison de ses convictions, il n’aurait eu une relation sexuelle avec une fille de moins de 18 ans.

«En raison de son attitude, de son physique, du fait qu’elle n’était pas gênée et qu’elle m’a dit avoir 18 ans, j’étais convaincu qu’elle avait 18 ans», a-t-il soutenu.

Dans la loge, la jeune femme se serait collée sur l’accusé, l’embrassant au cou et lui offrant une fellation. «Elle était entreprenante. C’était excitant», a-t-il dit.

La fellation, selon lui, a duré environ trois ou quatre minutes jusqu’à ce que l’action soit interrompue par le maître d’événement de l’établissement, Francis Caron.

Après l’épisode de la loge, le DJ s’est retrouvé sur la scène durant tout le reste de la soirée et n’a pas revu la plaignante.

Questionné par son avocat, Jean-Christophe Martin a soutenu fermement ne jamais avoir frappé ou blessé la jeune femme, ne l’a jamais frappée en aucun moment. «Elle ne m’a jamais demandé d’arrêter ou fait savoir qu’elle éprouvait de la douleur. Jamais elle n’a manifesté aucun signe, ni regard de travers», a-t-il affirmé.

L’accusé ne reverra la plaignante qu’au moment où il ramène ses équipements de musique dans son véhicule. «J’ai vu Dominic Vézina avec la plaignante sur la banquette arrière. Ils s’embrassaient», a-t-il noté.

Jean-Christophe Martin nie tout contact sexuel avec l’adolescente dans le véhicule. Mais en route vers l’Auberge Hélène, il a confirmé une relation sexuelle entre Vézina et la jeune fille. Et la plaignante, dans le véhicule, ne portait plus son bracelet de la soirée, selon lui.

Dans la chambre de l’auberge, l’accusé dit avoir consommé une bière, mais affirme n’avoir rien à voir avec la bière renversée.

Jean-Christophe Martin a fait savoir que la plaignante arrivera dans la chambre environ 15 minutes plus tard avec Midaz et Dominic Vézina. «Elle s’est dirigée vers moi pour me coller. Elle était excitée, pas chambranlante, capable de parler. Elle était là, avec une démarche droite, en contrôle», a-t-il soutenu.

Sur un lit, la jeune femme aurait placé sa main dans le pantalon de Martin qui aurait fait de même.

«À un moment, elle a repoussé le photographe qui approchait d’elle le pénis à l’air. On a décidé alors d’aller dans la salle de bain», a relaté l’accusé indiquant avoir eu des relations sexuelles vaginales sur le lavabo, puis dans la douche. «En aucun moment, je n’ai eu de relations anales», a-t-il confié.

Interrogé sur la participation de l’adolescente, Jean-Christophe Martin a fait savoir qu’elle était «entreprenante». «C’était mutuel, consentant. On avait du plaisir. Rien ne laissait croire qu’elle ne voulait pas», a-t-il dit.

Et en aucun moment, a-t-il rappelé, il n’a utilisé la violence lors des relations tant sur le lit que dans la salle de bain. «Jamais je ne l’ai malmenée, a-t-il exprimé. Jamais elle n’a parlé de douleurs, aucun signe, rien.»

Pour le retour vers Québec le lendemain, Midaz a pris le volant, l’ayant proposé à Martin. Ils ont quitté peu après leur réveil vers 8 h 15, 8 h 30, en refermant les portes de la chambre où se trouvaient encore trois personnes.

Jean-Christophe Martin a reconnu qu’il avait lui-même pris arrangement avec le copropriétaire de l’Auberge Hélène puisqu’il était responsable du bris du lavabo.

Tout en affirmant ne jamais avoir tenté d’intimider la plaignante, l’accusé a admis qu’il n’était pas fier d’avoir été infidèle à sa blonde en la trompant avec la plaignante. «Je n’ai rien fait non plus pour éviter qu’on puisse me retrouver», a-t-il dit.

Son interrogatoire principal a pris fin, juste avant la pause du dîner. Il a fait part de son état de panique lorsqu’il a appris l’existence d’une enquête policière pour agression sexuelle, ayant appris que la plaignante n’avait pas l’âge de consentir.