La plaignante témoigne avec émotion des conséquences

Au procès pour agression sexuelle de Pierre-François Blondeau, Jean-Christophe Martin et Dominic Vézina, la plaignante, une jeune femme de 18 ans, mais âgée de 15 ans au moment des faits présumés, a témoigné, parfois avec émotion, mardi après-midi au palais de justice de Victoriaville.

Surtout lorsque le procureur de la poursuite, Me Éric Thériault, l’a interrogée sur les conséquences physiques des gestes posés à son endroit. «En me douchant, j’ai réalisé que j’avais beaucoup de bleus, mes seins étaient recouverts de bleus, j’en avais sur les jambes, les cuisses, les épaules. Mes fesses portaient encore des marques de tapes. J’éprouvais beaucoup de douleur, j’avais de la difficulté à m’asseoir, à trouver une position confortable», a-t-elle relaté.

La jeune femme a évoqué des fissures anales et dans les parties génitales. «J’ai eu des douleurs vives pendant une à deux semaines. Encore aujourd’hui, il m’arrive d’avoir des douleurs et des saignements», a-t-elle souligné.

À la suite de cette soirée du 24 au 25 octobre 2014 à Victoriaville, la présumée victime, vu son état, a mis un frein aux relations sexuelles pendant un bon moment. «Je n’en ai pas eu avant l’été», a-t-elle noté.

Le représentant du ministère public avait entamé son interrogatoire en questionnant la plaignante sur sa consommation de drogue. Elle a reconnu avoir pris un comprimé d’ecstasy lors de la soirée au Complexe Sacré-Cœur de Victoriaville.

«J’en ai consommé une autre fois lors d’une soirée similaire dans la région de Québec», a-t-elle signalé.

Questionnée par Me Thériault sur l’effet que procure une telle drogue, la jeune femme a fait savoir qu’elle était «réveillée», qu’elle ressentait une excitation, le goût de danser, d’avoir du plaisir.

«Pourquoi ne pas avoir signalé à l’enquêteur François Beaudoin le fait d’avoir pris un comprimé?», lui a demandé le procureur.

«J’ai oublié beaucoup de souvenirs. Mon amie me l’a rappelé. Je me sentais alors mal de ne pas l’avoir dit, a-t-elle confié. J’ai ensuite transmis l’information à l’enquêteur.»

Aux questions du ministère public, la jeune femme a reconnu, qu’en 2014, elle consommait du cannabis de deux à trois fois par semaine. «Aujourd’hui, j’en consomme d’une à deux fois par semaine», a mentionné le témoin.

La plaignante, par la suite, a fait état des ébats sexuels, survenus d’abord dans la cuisinette du Complexe Sacré-Cœur.

Elle aurait eu une relation anale avec Dominic Vézina. À ce moment, les deux autres coaccusés auraient fait irruption dans la pièce. La jeune femme aurait aussi fait une fellation à l’un d’eux.

À un moment, elle a souvenir qu’un homme est entré dans la cuisinette en ouvrant la lumière. «Il nous a dit de sortir. Pierre-François Blondeau et Jean-Christophe Martin ont quitté en premier. Dominic Vézina m’a aidée à ramasser mes vêtements. Il m’a demandé mon âge, je lui ai répondu : 15 ans», a-t-elle raconté.

Des actes sexuels seraient aussi survenus avec Dominic Vézina dans le véhicule Jeep  dans le stationnement du Complexe Sacré-Cœur. En route vers l’Auberge Hélène, la présumée victime a raconté de présumées relations complètes alors que les deux autres à l’avant se seraient livrés à des attouchements.

Dans le stationnement de l’Auberge Hélène, Pierre-François Blondeau aurait pris la place de Vézina pour assouvir ses instincts.

Ensuite, Dominic Vézina aurait pris la jeune femme pour la sortir du véhicule. «Il m’a pris dans ses bras. Je ne touchais pas le sol», a-t-elle fait savoir.

La plaignante aurait été couchée sur le dos sur l’un des deux lits de la chambre. Elle aurait eu des relations sexuelles avec Jean-Christophe Martin. Un photographe, dont le souvenir lui est revenu plus tard lorsqu’elle l’a croisé par hasard, l’aurait touché aux seins et aurait bien voulu une fellation, mais elle s’en est détournée, refusant ainsi l’invitation.

Les relations sexuelles avec Martin se seraient poursuivies ensuite dans la salle de bain, dans la douche, mais aussi sur le lavabo, a relaté la jeune femme, tout en expliquant les bris survenus au porte-serviette et au lavabo.

La présumée victime aurait aussi eu des relations sexuelles sur le plancher de la salle de bain avec Blondeau.

Quand tout a été terminé, après une douche, la jeune femme a constaté que tout le monde dormait dans la chambre. Elle a pris place dans le petit lobby, devant la porte de chambre. «Je ne comprenais pas trop ce qui s’est passé», a-t-elle dit.

À la question à savoir si on avait fait preuve de violence envers elle,  le témoin a répondu : «Je ne pense pas».

«Et pourquoi ne pas avoir dit non?», a questionné le procureur aux poursuites criminelles et pénales. «Je ne me rendais pas compte, je n’étais pas là, a-t-elle confié. J’étais incapable de penser, de réfléchir. J’ai eu ma première relation anale et je ne sentais même pas ce qui se passait.»

Les accusés, le lendemain, ont reconduit la jeune femme. «En quittant, je les ai salués. On m’a répondu : on n’en reparle pas, c’est comme ni vu ni connu, comme si rien ne s’était passé», a-t-elle soutenu.

Contre-interrogatoire

Une fois l’interrogatoire principal terminé, l’avocat de Jean-Christophe Martin, Me Maxime Roy, a ouvert le bal pour le contre-interrogatoire en défense.

L’avocat lui a fait rappeler ce qu’elle avait dit, à savoir que la consommation d’un comprimé lui avait procuré un grand désir sexuel, le goût d’avoir du sexe avec quelqu’un, de partager un grand besoin d’affection. Elle a reconnu aussi avoir manifesté ce désir en paroles et en gestes envers Jean-Christophe Martin.

«Mais je n’ai jamais dit oui à une relation anale», a-t-elle fait savoir.

La plaignante a aussi admis ne pas avoir sollicité, lors de la soirée de Victoriaville, une assistance auprès des policiers et agents de sécurité.

Elle a reconnu également avoir signifié physiquement au photographe dans la chambre de l’auberge son refus de contacts sexuels, tout en poursuivant son activité sexuelle avec M. Martin.

Me Roy s’est, par ailleurs, étonné que la plaignante n’ait pas parlé, avant aujourd’hui, du sang qu’elle a constaté en allant à la toilette à l’auberge. «C’est la première fois que vous en parlez. Du sang, ce n’est pourtant pas mineur, banal», a exprimé l’avocat.

Le procureur l’a aussi interrogée sur sa deuxième consommation de comprimé. «Malgré les pénibles événements relatés, vous vous replacez dans des circonstances similaires?», a-t-il questionné.

«Oui, j’y étais avec des personnes de confiance. Et mes parents sont venus m’y conduire et m’y rechercher», a-t-elle confié avec quelques larmes.

Après ce contre-interrogatoire de 45 minutes, le procès a été ajourné à mercredi matin.

Me Félix-Antoine T. Doyon, l’avocat de Dominic Vézina, et Me Yves Savard, le défenseur de Pierre-François Blondeau, contre-interrogeront, à leur tour, la plaignante.