Incendie d’une garderie : un accusé pourrait éviter la prison

JUSTICE. «Je suis d’avis qu’il n’est pas nécessaire de le condamner à la prison ferme», a exprimé le juge Jacques Trudel de la Cour du Québec à l’endroit du Plessisvillois Rudy Auger-Drouin impliqué, le 27 février 2014, dans l’incendie d’un immeuble qui abritait un logement et une garderie en milieu familial sur la rue Principale à Sainte-Sophie-d’Halifax.

Ces propos, le magistrat les a tenus, lundi après-midi, lors des représentations sur la peine au palais de justice de Victoriaville. Mais sa décision, il la fera connaître vendredi.

Le jeune homme de 20 ans, devenu papa pour la première fois il y a un mois, a reconnu sa culpabilité, en décembre, à des accusations d’introduction par effraction, d’incendie criminel, et de vols dans d’autres dossiers.

Rudy Auger-Drouin n’a pas lui-même allumé l’incendie, un geste posé par sa belle-mère, Caroline Jobin, qui a été condamnée à deux ans de pénitencier en juin 2014.

Le jeune homme accompagnait la femme et un autre individu agissant comme chauffeur.

La dame en voulait à son ex-conjoint. Au départ, elle souhaitait commettre un méfait sur son véhicule et récupérer des documents.

«À plusieurs occasions, elle m’a demandé de défoncer la porte. Mais j’ai refusé», a indiqué Rudy Auger-Drouin au juge Trudel.

Finalement, en raison de l’insistance de sa belle-mère, il a défoncé la porte. Avant de quitter, la femme a allumé un rond de la cuisinière en y déposant un pot de margarine.

S’en est suivi, en pleine nuit, un incendie dévastateur. L’immeuble a été déclaré perte totale, des pertes de quelques centaines de milliers de dollars.

Invité par le juge à commenter ses gestes, le jeune homme les a qualifiés «d’ordinaires». «Ça ne se fait pas, a-t-il dit. Ce n’était pas mature.»

La prison ou non?

Le procureur du ministère public, Me Michel Verville, a plaidé pour une peine d’emprisonnement, tout en signalant qu’un an après les événements, le jeune individu avait commis, avec un complice, un vol de neuf paquets de cigarettes dans un dépanneur et qu’ils avaient consommé un repas et bu dans un restaurant en quittant sans payer l’addition.

«Oui, il y a eu les manigances de Madame. Certes, je comprends que le jeune homme montre une reprise en main et a entrepris une nouvelle vie. Mais je crois qu’une peine d’emprisonnement de 90 jours pourrait être adéquate», a-t-il soutenu.

En défense, Me Guy Boisvert a expliqué que son client a vécu une adolescence difficile, manquant de «support et d’encadrement familial».

«Il a été incité par la dame, il a finalement cédé à son insistance», a-t-il précisé, tout en ajoutant que le jeune homme a entrepris différentes démarches pour régler ses problèmes. «À l’époque des faits, il avait à peine 18 ans et faisait preuve d’immaturité», a-t-il confié, ajoutant qu’il a toujours respecté ses conditions de remise en liberté, qu’il a reconnu sa culpabilité. «Il suit les recommandations, ce qui démontre ses efforts. Et la naissance de son enfant ouvre la porte à une responsabilité nouvelle. Il désire être un meilleur exemple pour son enfant», a fait valoir Me Boisvert.

«Il a compris ce qui l’a mené ici et il s’est pris en charge. Ce n’est donc pas le moment de l’envoyer en détention. Ce n’est pas en côtoyant des individus criminalités qu’il pourra maintenir ses acquis et poursuivre son cheminement», a indiqué Me Boisvert tout en suggérant, comme peine, l’accomplissement de 240 heures de travaux communautaires.

Le magistrat y réfléchira d’ici vendredi. «L’individu devant moi m’apparaît sincère, transparent. Oui, il s’agit de crimes graves. Mais l’individu justifie qu’on tente de trouver une peine alternative», a signalé le juge Trudel.