Éric Turcotte condamné à 20 mois d’emprisonnement

Le Victoriavillois Éric Turcotte, 49 ans, a été condamné, vendredi après-midi, à une peine de 20 mois de détention. Compte tenu de sa détention provisoire équivalant à 12 mois, cet ex-paramédic, pompier et policier militaire doit donc purger 8 mois de prison.

Tête penchée, Turcotte fixait le sol pendant que le juge Bruno Langelier de la Cour du Québec faisait la lecture de sa décision.

Le magistrat a d’abord rappelé que le Victoriavillois avait plaidé coupable, le 14 septembre 2016, à des accusations de contacts sexuels et d’incitation à des contacts sur une adolescente de moins de 14 ans, de contacts sexuels aussi dans une situation de confiance ou d’autorité jusqu’à ce que la victime ait 16 ans.

Il a aussi reconnu sa culpabilité à des accusations de harcèlement et de fabrication de faux documents, une fausse lettre de l’armée.

Lors des représentations sur la peine les 15 et 16 décembre, a rappelé le juge, la poursuite avait réclamé une peine de 24 mois de pénitencier.

La défense estimait, pour sa part, que l’accusé, détenu depuis son arrestation en mai 2016, avait déjà purgé sa peine tout en faisant valoir la pertinence d’une longue probation ou d’une peine à purger dans la collectivité.

L’analyse

Dans sa décision, le président du Tribunal considère comme objectivement graves les faits survenus, indiquant qu’il s’agit de «gestes intrusifs» envers une adolescente de 13 ans tout en notant une progression de l’agir délictuel alors qu’une relation complète est survenue alors que la victime était âgée de 15 ans et demi.

L’accusé et la victime, a rappelé le magistrat, se sont connus au moment où Éric Turcotte, âgé de 37 ans, enseignait la réanimation cardiorespiratoire en milieu scolaire. «Il s’agit, ici, d’une situation de maltraitance envers les enfants et d’un abus de confiance. Une grande part de responsabilité repose sur l’accusé vu sa position, son âge, sa présence en milieu scolaire», a souligné le juge Langelier.

Le Tribunal a retenu plusieurs facteurs aggravants, les conséquences sur la victime, la nature des gestes, certes, mais aussi leur fréquence. «On ne peut prétendre qu’il s’agit de gestes isolés. Ce sont des événements répétitifs sur une longue période de trois ans», a-t-il noté.

Le juge Langelier a aussi fait valoir les facteurs atténuants, dont le plaidoyer de culpabilité de l’accusé, son absence d’antécédents, le fait qu’il s’approprie sa responsabilité sans toutefois comprendre les raisons de son passage à l’acte, ses regrets exprimés et apparaissant sincères.

La Cour a, de plus, considéré les conclusions des rapports sexologique et présentenciel.

Éric Turcotte présente une immaturité psychologique et sexuelle, un aspect narcissique avec un besoin de plaire. «Les actes commis révèlent des carences au niveau du développement personnel et psychosexuel», a précisé le juge ajoutant que l’accusé ne présentait pas de déviance sexuelle, que le risque de récidive était faible, qu’il présentait un pronostic bon, mais qu’il devait souscrire à une démarche thérapeutique. «Il présente une structure psychologique fragile nécessitant des soins psycho sexuels», a confié le magistrat en évoquant les évaluations.

La décision

Le juge Bruno Langelier a souligné l’importance que les tribunaux accordent à la protection des enfants, une des valeurs essentielles. Et cela s’applique aussi aux adolescents qui, précise-t-on dans une décision, sont des personnes vulnérables à cette étape cruciale de leur développement.

Les adultes n’ont pas le droit de profiter du fait que des jeunes puissent s’amouracher d’eux.

Le magistrat s’est dit convaincu qu’une peine d’emprisonnement s’imposait en raison, notamment, des critères de dénonciation et de dissuasion. «La responsabilité de l’accusé est entière. Il a abusé de la confiance et de la vulnérabilité de la victime. Le Tribunal ne peut ignorer que les adolescents ont besoin d’adultes responsables. L’accusé, lui, l’a amenée dans l’univers de la sexualité en entretenant une relation inappropriée. Il en est le seul responsable. La victime n’était qu’une jeune fille», a précisé le juge.

Par ailleurs, imposer une peine dans la collectivité aurait été inappropriée, selon lui, en raison des gestes, de la durée, de leur fréquence. «Les facteurs de dénonciation et de dissuasion doivent primer pour montrer la réprobation des tribunaux», a-t-il insisté.

Ainsi, en plus de la peine de 20 mois d’emprisonnement imposée, en retranchant 12 mois de détention provisoire, le juge Langelier a soumis Éric Turcotte à une période de probation de trois ans avec un suivi de 15 mois. Le Victoriavillois devra entreprendre et poursuivre un cheminement thérapeutique tant et aussi longtemps que le juge le thérapeute.

Le Tribunal lui interdit de communiquer avec la victime et sa famille, d’occuper un emploi le plaçant en situation d’autorité ou de confiance envers des personnes de moins de 18 ans.

Enfin, Éric Turcotte verra son nom inscrit à perpétuité au registre des délinquants sexuels.