Accident mortel : la prison discontinue pour Michael Dufour

VICTORIAVILLE. Un peu plus de deux ans après les tragiques événements du 1er juin 2013, Michael Dufour de Victoriaville, qui avait reconnu sa culpabilité de conduite dangereuse causant la mort, a reçu sa peine, vendredi après-midi : 90 jours discontinus de prison qu’il purgera les fins de semaine, dès 8 h 30 le samedi jusqu’à 16 h 30, le dimanche, à compter du 4 juillet.

La décision du juge Bruno Langelier de la Cour du Québec correspond à ce que souhaitait l’avocat de Dufour, Me Guy Boisvert, tandis que la poursuite réclamait une peine ferme de 18 mois d’emprisonnement.

De plus, Michael Dufour devra effectuer 200 heures de travail bénévole dans la communauté. La Cour lui interdit aussi de conduire pour une durée de deux ans en plus de lui imposer une période de probation de 30 mois.

En rendant sa décision pendant plus de 45 minutes, le magistrat a rappelé les faits, notant que l’accusé présentait une conduite adéquate avant l’accident. «Il circulait normalement jusqu’à ce qu’il croise la route de Raphaël Valois qui, en colère, a donné un coup de volant destiné à lui faire peur. Le Tribunal ne peut imputer la faute à l’accusé», a souligné le juge.

Raphaël Valois est le deuxième conducteur qui, lui aussi, a plaidé coupable et a été condamné, en février 2014, à deux ans de détention.

Le président du Tribunal a aussi rappelé le témoignage de Jean Goulet qui a perdu son fils Frédérick D’Amour dans le funeste dérapage. «Son témoignage est clair : il considère Michael Dufour comme son fils, il ne lui en veut pas, ni à l’autre conducteur, indiquant qu’il n’a pas le temps d’entretenir de sentiment de haine envers quiconque», a signalé le juge Langelier.

Commentant le rapport présentenciel, le magistrat a fait valoir qu’il reflétait l’ensemble de la situation. «Il démontre une réhabilitation particulièrement convaincante, une volonté d’être un actif. Il présente un potentiel pour réussir sa réhabilitation», a-t-il noté.

Le juge, en fait, ne relève qu’un facteur aggravant, la vitesse excessive qui a atteint 154 km/h, tandis que les éléments atténuants se font nombreux. Le juge Langelier a fait état de son plaidoyer de culpabilité, de sa collaboration avec la police, de l’absence d’intoxication, de ses remords exprimés.

En fait, le juge impute la très grande responsabilité de l’accident et du décès à Raphaël Valois qui a feint une collision pour effrayer Michael Dufour, amenant celui-ci à effectuer une manœuvre qui a mené au tragique dérapage.

«Le Tribunal ne croit pas qu’il doive imposer à Michael Dufour le même type de peine qu’à M. Valois qui a fait preuve d’une témérité déconcertante. Le Tribunal ne croit pas devoir imposer une longue peine. Je crois que l’accusé a démontré de façon convaincante une réhabilitation», a exprimé le juge Langelier jugeant ainsi appropriée dans les circonstances la peine de 90 jours discontinus de détention.

Un jeune homme soulagé

À la sortie de la salle d’audience, après avoir appris la décision du juge, Michael Dufour s’est dit soulagé. «Je suis soulagé, enfin, c’est fini (le processus judiciaire) après un peu plus de deux ans. Il reste la sentence, et ensuite on continue la vie malgré tout», a-t-il confié.

Même au terme de la peine qu’il doit purger, le Victoriavillois sait qu’il ne pourra oublier. «Ça va me suivre toute ma vie, jusqu’à la mort. Même si je n’en parle pas, j’y pense souvent. Ce n’est pas facile vivre un acte comme ça. Je ne souhaite cela à personne, parce que c’est très difficile de passer à travers. Encore aujourd’hui, j’éprouve des difficultés, mais c’est important de se reprendre en main, malgré les circonstances», a-t-il souligné.

Michael Dufour compte bien maintenant poursuivre sa vie en regardant devant. Invité, s’il le souhait, à lancer un message aux autres jeunes conducteurs, le jeune homme a dit ceci : «Faites attention sur les routes, et ne faites pas comme moi.»