Un Jutra pour Serge Giguère
VICTORIAVILLE. Le réalisateur de Saint-Norbert-d’Arthabaska Serge Giguère a remporté les grands honneurs, dimanche soir lors du gala Jutra, repartant avec le trophée récompensant le meilleur long métrage documentaire.
Le mystère Macpherson s’est donc démarqué des quatre autres films présentés dans cette catégorie. Pour Serge Giguère, il s’agit d’un second prix Jutra en huit ans puisqu’il a soutiré le même honneur en 2007 avec À force de rêves.
Serge Giguère est donc monté sur la scène, recevoir son trophée, accompagné de la muse du film, Martine Chartrand, qui est aussi le personnage principal du documentaire. Il semblait heureux, a fait plusieurs remerciements et a dit : «Ben coudonc, on va le prendre», avec philosophie. Le temps a passé rapidement et il a confié qu’il était meilleur derrière la caméra.
En entrevue téléphonique au lendemain de cette belle soirée, M. Giguère a souligné qu’il avait été très surpris de gagner. «Je n’ai pas eu le temps de lire la moitié de mon discours», a-t-il déploré. Il a indiqué que personnellement, il avait misé sur un autre concurrent, qu’il n’a pas nommé, et dont il apprécie beaucoup le travail. «Mais je suis content d’avoir gagné», ajoute-t-il rapidement.
Dans son discours non complété, il voulait sensibiliser sur l’importance du style documentaire et dire que ce genre cinématographique mériterait mieux. Il aurait aussi souhaité, un peu à la blague et comme le font plusieurs, saluer sa famille, lui qui est le 15e d’une famille de 16 enfants. «Il doit bien y en avoir un ou deux qui écoute», devait-il dire.
Ce trophée, bien qu’il témoigne de la concrétisation de son travail, ne le rassure pas. «Le doute est toujours dans le prochain film. Je me lance des défis tout le temps, je veux toujours aller plus loin», note-t-il.
Serge Giguère est très heureux de ce film et souhaite que sa récompense permette à son documentaire d’être encore plus vu dans les salles de cinéma. «J’ai passé des semaines à me promener avec le film dans les maisons de la culture et les gens apprécient. J’ai toujours de bons commentaires», note-t-il.
Le réalisateur a voulu partager, avec ce documentaire, l’idée de la rencontre entre Macpherson (un noir) et Félix Leclerc. «L’ouverture de Félix dans les années 30 est aussi importante. C’est aussi une infime petite histoire qui exprime la passion de Martine.»
Il faut dire qu’il n’a pas ménagé le temps et les efforts pour ce projet qui lui a demandé 10 ans de travail. Il a en effet suivi le parcours de Martine Chartrand qui, elle, réalisait un film d’animation sur Macpherson, ce personnage raconté par Félix Leclerc dans une chanson. Il a voulu filmer l’émotion ressentie lors du processus de création.
Il s’agit donc d’un deuxième Jutra pour Serge Giguère, mais il explique que la sensation est bien différente d’un trophée à l’autre. «En 2007, il y avait une énergie autour du film. Il avait fait une tournée de 10 semaines et avait été vu à Victoriaville», se souvient-il.