De véritables cavernes d’Ali Baba de la bière
COMMERCES. L’éclosion de dizaines de microbrasseries a mis la table pour l’ouverture de multiples commerces spécialisés en bières. Alors que certains dépanneurs ont choisi de garnir davantage leurs tablettes de bières québécoises, d’autres se sont transformées en véritable caverne d’Ali Baba de la bière.
Autrefois dans l’hôtellerie, Xavier Beaupré avait vu venir l’expansion de l’industrie des microbrasseries quand il a ouvert son magasin dédié à la bière La Barik, à Trois-Rivières, il y a 10 ans.
«Peut-être pas au point où c’est rendu aujourd’hui, mais du moins je l’avais espéré», précise-t-il. De 125 sortes à ses débuts, son commerce, un des premiers du genre au Québec, compte aujourd’hui plus de 300 variétés de bièreset son chiffre d’affaires ne cesse de croître chaque année.
L’homme d’affaires Danny Chabot a été encore plus précurseur. Alors que les revenus de son dépanneur classique de Cap-Rouge plafonnaient, il prend un virage bière en 1995.
«Les premières bières Belle Gueule, Unibroue Boréal, McAuslan se sont vendues dans mon magasin», raconte M. Chabot qui a commencé avec une quarantaine de variétés.
Vingt ans plus tard, Le Dépanneur de la Rive ne vend que de la bière et compte autour de 1000 variétés, dont 90% de microbrasseries québécoises. Il se targue d’offrir le plus important choix de bières au Canada.
Chaque semaine, des Américains débarquent dans son commerce. «Ils sont friands de bières québécoises», remarque M. Chabot.
Des habitudes en transformation
Le dépanneur Chez Gibb à Rouyn-Noranda s’est adapté en 2005 à l’engouement pour les microbrasseries en offrant une grande sélection de bières de microbrasseries.
Le commerce a parmi ses employés un spécialiste en bières de microbrasserie, Jean-François Gibson. Celui-ci observe depuis quelques années un changement dans les habitudes de consommation.
«Il y a deux, trois ans, les gens achetaient seulement de la Budweiser ou de la Coors Light pour aller à la chasse. Aujourd’hui, ils l’achètent quand même, mais ils viennent acheter deux, trois bouteilles (de microbrasserie) pour leur souper.»
Patrick Bourguignon, propriétaire du magasin Bières et Délices à Saint-Basile-le-Grand, constate aussi un engouement pour les bières de dégustation.
«Les gens lorsqu’ils goûtent à la bière de microbrasserie, ils ne reviennent pas en arrière. Ils voient très bien la différence.»
Les consommateurs sont de plus en plus curieux et aiment essayer de nouveaux produits, mais recherchent davantage de la qualité dans la bière, observent les commerçants.
Peu présentes à la SAQ
Les bières de microbrasseries se font timides sur les étagères de la SAQ. Les microbrasseurs reprochent à la Société d’État de leur laisser peu de place. Mais la faute revient plutôt à l’industrie, rétorque la SAQ.
«Ils ont de la place s’ils en veulent», affirme la porte-parole de la SAQ, Linda Bouchard.
Les microbrasseries doivent choisir, selon la réglementation, entre le réseau distribution de la SAQ et celui des dépanneurs et des épiceries. C’est l’un ou l’autre, pas les deux en même temps, explique Mme Bouchard. «J’ai l’impression que la plupart choisissent le réseau des épiceries-dépanneurs.»
Au début de l’année, deux bières de microbrasseries avaient répondu à un appel d’offres de la SAQ. En ce moment, la SAQ offre au moins une dizaine de variétés de bières québécoises.
Hausse de 40%
Les ventes magasins de bière, de vin et de spiritueux au Québec ont bondi d’un peu plus de 40% entre 2004 et 2014, selon des données de Statistique Canada, compilées par le ministère québécois de l’Agriculture. Difficile toutefois, de faire le compte du nombre de magasins spécialisés en bière.
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