Warwick ferme la porte au cannabis

Il n’y aura pas de production de cannabis dans l’ancienne usine Fenergic de Warwick achetée par un promoteur de Victoriaville. Lors de sa séance mensuelle lundi soir, tout juste après une consultation publique à la Salle du Canton, le conseil municipal a adhéré à la proposition du maire Diego Scalzo de ne pas autoriser l’usage du cannabis.

En plus de la réparation de bateaux, le promoteur souhaitait consacrer une superficie de 200 mètres carrés du bâtiment à une microculture de cannabis spécifiquement à des fins médicales. « À la lumière de toutes les informations entendues ce soir (lundi) et en dehors de ces murs, il n’y a visiblement pas d’acceptabilité sociale pour ce type d’usage au cœur de notre municipalité à proximité des parcs et de notre école secondaire. Il y a aussi l’image et le message que ça envoie », a exprimé le maire Scalzo en soumettant sa proposition.

Les nombreux citoyens présents à la Salle du Canton, près d’une quarantaine, ont applaudi, une fois la résolution confirmée.

Bon nombreux d’entre eux, justement, ont assisté à l’assemblée spécifiquement pour cette question.

En début de consultation, la directrice du Service de l’urbanisme, Kelly Bouchard, a expliqué la teneur du projet, lequel devait se plier à des normes strictes liées notamment à la conformité du bâtiment et aux prescriptions de la loi fédérale sur le cannabis.

Un seul producteur aurait été autorisé. De plus, aucune vente n’aurait été permise ni sur les terrains, ni à l’intérieur. La culture se serait faite dans le bâtiment, et non dans des serres. Le propriétaire, par ailleurs, aurait été tenu de posséder un système de filtration d’air pour réduire les odeurs, sans compter l’aménagement d’une zone tampon.  

Une période de questions a suivi la présentation. Pas un seul citoyen ne s’est manifesté en faveur du projet. L’homme d’affaires Mario Gauthier a ouvert le bal, préoccupé par les odeurs. « Comment pensent-ils enlever les odeurs alors que personne ailleurs ne réussit? Des odeurs, il y en a partout. Toutes les usines ont des odeurs », a-t-il soutenu. « C’est notamment une préoccupation du conseil », a souligné le maire Diego Scalzo.

Un autre citoyen, André Morin, a confié qu’il ne voyait aucun avantage à une telle entreprise. « Elle n’emploierait que peu de gens de Warwick, en plus de tous les autres inconvénients. Toute la ville s’en ressentirait. On a un beau milieu fleuri et on veut nous sacrer une usine de cannabis à côté de l’école et du terrain de jeux », a-t-il exprimé. « Et quel message est-ce que ça lancerait? », a renchéri une résidente.

Une autre a fait valoir qu’une entreprise de la sorte requiert beaucoup d’eau et d’électricité. « Cela va à l’encontre de notre belle petite ville verte », a-t-elle observé.

On ignore, par ailleurs, le nombre d’employés prévu. « On n’a pas cette information », a répondu le maire de Warwick à la question d’un citoyen.

Le premier magistrat a cependant prévenu l’auditoire que, même en retirant l’usage du cannabis, une activité industrielle se poursuivra dans le secteur en raison des droits acquis. « Notre ville s’est développée avec plusieurs usines dans la municipalité. Il y aura une nouvelle activité, du bruit, des désagréments. Mais nous avons un règlement qui comporte des normes sévères », a-t-il rappelé.

Les élus warwickois, s’ils ont rejeté le cannabis, autorisent l’usage de réparation de bateaux, projet devant occuper un espace de 3000 pieds carrés, incluant bureaux et salle d’attente.

La directrice générale Lise Lemieux a fait savoir qu’il s’agirait de bateaux en aluminium, qu’on y effectuerait de la mécanique, de la réparation, comprenant de la soudure. Il n’est pas question de fibre de verre, a-t-elle noté, en réponse à une question.

D’ailleurs, à la suggestion du conseiller Martin Vaudreuil et pour calmer les craintes que certains peuvent avoir, le conseil municipal a convenu de spécifier, dans la résolution, de ne pas permettre l’usage de fibre de verre.