Une apicultrice dénonce le vol de ruches

La propriétaire d’un élevage d’abeilles de Saint-Adrien-d’Irlande a dénoncé dans les derniers jours le vol dont son entreprise, Rayons de Miel, a été victime. Des ruches appartenant à l’apicultrice Maggie Lamothe Boudreau ont en effet été dérobées sur un terrain situé à Irlande.

Au total, ce sont quatre ruches qui ont disparu, alors que d’autres ont été vandalisées. « Le miel qui est produit et la vente d’abeilles sont nos seules sources de revenus à la ferme. À titre comparatif, c’est comme si on volait quatre animaux à un producteur bovin. C’est inimaginable et ça ne devrait juste pas arriver », a-t-elle déploré en entrevue. 

C’est samedi dernier, au cours de l’après-midi, que cette dernière a constaté le délit. Il manquait en effet des ruches, des morceaux de bois avaient été vissés sur d’autres et les entrées de certaines avaient été bouchées pour empêcher les abeilles d’en sortir. La police a par la suite été contactée afin de rapporter le vol. Des lunettes de vue ont d’ailleurs été découvertes sur place, a indiqué l’apicultrice. 

« J’ai l’impression que la personne a dû partir en vitesse parce qu’elle s’est fait piquer quand elle a mis les morceaux de bois. Je suppose qu’elle avait une lampe frontale et en installant les morceaux ça cognait sur les ruches, puis les abeilles se sont choquées et elle a été obligée de s’enfuir rapidement. »

Au moment d’écrire ces lignes, sa publication sur Facebook avait été partagée par plus de 7600 utilisateurs. Il y a plusieurs personnes l’ayant contactée pour la mettre sur des pistes, mais jusqu’ici, aucune n’a donné de résultat. Elle demande donc à la population de garder les yeux ouverts afin de tenter de retracer les ruches. Celles-ci pourraient aussi se retrouver sur des sites de vente en ligne comme Marketplace et Kijiji dans les prochaines semaines. L’information peut aussi être transmise en contactant la Sûreté du Québec.

Les toits des ruches de son entreprise sont peints de différentes couleurs (vert, rouge, bleu, jaune et blanc). L’historique de la ruche est inscrit sur chacune d’elle. Il y a aussi un petit bouchon jaune dans le milieu. 

Maggie Lamothe Boudreau

CONSÉQUENCES

L’entreprise Rayons de Miel possède 700 à 750 ruches dans la MRC des Appalaches et emploie cinq personnes. Pour la propriétaire, ce vol représente une perte monétaire importante puisqu’il n’existe aucune assurance pour protéger les producteurs contre ce type de délit. La valeur du matériel est environ de 500 $ par ruche, mais cela c’est sans compter leur production future de miel ainsi que celle d’abeilles pouvant être revendues à d’autres apiculteurs. Une seule ruche peut en produire environ 1000 par année. L’apicultrice soutient que la valeur du vol pourrait atteindre les 40 000 $.

« Il n’y a pas seulement des pertes financières puisque mon entreprise participe à des projets de recherche. Nous sommes spécialisés en production de reines abeilles. Nous faisons de la sélection génétique et de l’insémination artificielle. Nous travaillons avec l’Université Laval et le Centre de recherche en sciences animales de Deschambault pour produire des reines pouvant survivre au climat du Québec et à nos maladies, ainsi que pour diminuer le taux de mortalité des abeilles […] Chaque ruche est importante puisque ce sont des données que nous perdons. Ça représente aussi beaucoup de travail. Juste la reine, pour la produire, ça prend 24 jours. Puis nous avons environ 45 jours pour faire notre revenu annuel au Québec. »

PROBLÉMATIQUE DANS LE MILIEU

Celle qui est aussi vice-présidente des Apiculteurs et Apicultrices du Québec ainsi que du Conseil canadien du miel a souligné que le vol de ruches est une grande problématique dans le milieu puisque des producteurs rapportent ce type de délit tous les ans. « Ce sont des quantités variables. Pour moi, ce fut quatre, mais il y en a qui en ont perdu 20 ou d’autres 30. Nous sommes très limités dans les actions que nous pouvons entamer puisque les compagnies ne veulent pas nous assurer. En général, nous essayons de nous organiser pour que les ruches ne soient pas trop visibles, justement pour éviter les vols », a expliqué Maggie Lamothe Boudreau qui a commencé à s’organiser afin d’installer des caméras près de ses ruches. Cela représente toutefois des dépenses monétaires non négligeables. 

Selon elle, il y a généralement deux catégories de gens qui volent des ruches. Il y a ceux sans scrupule qui ont décidé d’avoir des ruches et de les prendre gratuitement au lieu de passer par le chemin normal. Il y a aussi des professionnels de l’apiculture ayant eu de grosses pertes en termes de mortalité pendant l’hiver et n’ayant plus les ruches nécessaires pour répondre à leurs contrats. « C’est toutefois très rare de voir ça puisque nous sommes peut-être une cinquantaine à posséder plus de 200 ruches au Québec. Nous nous connaissons presque tous. »