Sur les traces de sa fille en médecine
Visage bien connu de la Fondation À Notre Santé, Jacynthe Vallée quittera, à la fin du mois d’août, son poste de directrice générale pour réaliser un rêve qu’elle porte depuis longtemps : devenir médecin, comme le sera d’ailleurs Sarah-Jade Ramaglia, sa fille. Au moment où son enfant entamera sa troisième année de médecine, Jacynthe fera son entrée à la même faculté, celle de l’Université Laval à Québec. Rencontre avec la mère et la fille.
Ce rêve de médecine, Jacynthe Vallée l’avait déjà à la fin de ses études secondaires. Sauf qu’il y avait une certaine peur, un doute. «C’était une de mes options. Mais, à cette époque, j’avais peur que ce soit long, peur que je n’en sois pas capable. Peur aussi de ne pas être en mesure de payer mes études. Beaucoup de craintes que ressentent sûrement beaucoup de jeunes quand ils choisissent une carrière», souligne-t-elle.
Au grand dam des conseillers d’orientation qui l’incitaient à opter pour les sciences, Jacynthe Vallée se dirige vers les arts, ce qui l’amène en design de présentation.
Et puis, le paternel ayant sa compagnie d’Internet, IVIC, elle y démarrera et développera le département de sites Web. «Ça a grossi, se rappelle-t-elle. Je me suis retrouvée responsable d’une grande équipe. J’ai constaté qu’il me manquait des connaissances en gestion.»
Jacynthe Vallée entreprend alors son baccalauréat en administration qu’elle fera par les soirs sur une période de 10 ans. «Je me disais aussi que ça allait m’aider à entrer dans le domaine médical. Je souhaitais faire de l’administration dans un hôpital.»
Son souhait a été exaucé. Sitôt son baccalauréat terminé, elle obtient à la Fondation À Notre Santé le poste de directrice générale qu’on venait d’afficher. Jacynthe Vallée vient d’entrer dans sa septième année au sein de l’organisme caritatif.
«Ça m’a vraiment rentré dedans»
À la Fondation, Jacynthe Vallée «tripe», note-t-elle, à côtoyer des médecins, à travailler pour «une cause fantastique». «Ça m’a vraiment beaucoup apporté ce poste», confie-t-elle.
Mais quand sa fille lui confirme son entrée en médecine, la maman confie avoir ressenti un certain choc. «Ça m’a vraiment rentré dedans!» Son rêve de jeunesse remontait à la surface.
«Je disais à mon chum (François Vachon), si j’avais un million de dollars, j’irais étudier. Il a répliqué : pourquoi tu n’y vas pas? Pas besoin d’un million pour aller étudier. Ce n’est pas un rêve impossible.»
Son conjoint a ainsi été d’un grand support. «Il a fait toute la différence pour me convaincre d’y aller. Il a toujours cru en moi et accepté de faire les sacrifices que cela exige. Je n’y serais pas arrivée sans lui», témoigne-t-elle.
Et sa fille, elle la considère comme une source d’inspiration. «À l’âge où j’ai décidé de ne pas le faire, elle l’a fait. Elle a eu le courage d’entreprendre ces études et de ne pas avoir peur. Et elle m’a dit aussi qu’il y avait des personnes de mon âge dans ses classes», raconte la DG de la Fondation À Notre Santé. Ainsi, quand Sarah-Jade a débuté sa première année, Jacynthe, elle, retournait sur les bancs d’école, au Cégep, à raison de deux cours par session, été inclus, pour terminer, en deux ans, les dix cours de sciences exigés.
Le premier cours allait s’avérer un genre de «révélation». «Ça a été un coup de cœur. Mon cerveau s’ennuyait des cours de maths et de chimie. C’était un plaisir», exprime-t-elle, tout en saluant l’excellence de la formation reçue et des enseignants à Victo. «On n’a rien à envier aux grands centres», affirme-t-elle. Sarah-Jade se réjouit de voir sa mère suivre ses traces. «Depuis le début, je la voyais hésiter et douter d’elle. Mais moi, souligne-t-elle, je n’ai jamais douté qu’elle serait capable de retourner à l’école et de relever ce défi. Je suis vraiment contente aussi qu’elle vienne à l’Université Laval. Je pourrai l’aider, au besoin, dans son parcours.»
La plus jeune de ses filles, Naïmée Ramaglia, pourrait aussi se retrouver, avec sa mère et sa sœur, à Québec pour de possibles études universitaires en droit après son Cégep. «Quand j’ai fait part de ma décision à ma plus jeune, elle m’a dit : il était temps», se remémore Jacynthe Vallée. Tant Jacynthe que Sarah-Jade envisagent la pratique de la médecine familiale. Toutes deux aussi privilégient la médecine en région. Sarah-Jade penche aussi pour le côté gériatrique. «J’ai un intérêt pour la gériatrie, mais sans être spécialiste, j’aimerais le faire sous forme de médecine générale avec une clientèle plus âgée», explique la jeune femme qui, parallèlement à la médecine, fait un certificat en santé sexuelle.
Jacynthe, de son côté, attend une réponse des Forces armées canadiennes au sein desquelles elle pourrait agir comme médecin militaire. «Non seulement je pourrais pratiquer dans le public, mais il me serait possible d’effectuer des missions humanitaires pour l’armée. J’aurais quatre ans à leur donner», note-t-elle.
Cela l’interpelle beaucoup. Il y a quelques années, avec Solidarité Jeunesse, Jacynthe et Sarah-Jade ont participé à une mission en Haïti, une expérience mère-fille qui l’a beaucoup changée, selon elle. «J’ai réalisé que ces gens, s’ils pouvaient étudier, ils le feraient. Ils en rêvent. Les études ont pour eux une valeur inestimable», souligne Jacynthe Vallée, reconnaissante. «Ici, on a la chance de tout faire. Même à mon âge, je peux encore étudier. C’est incroyable la chance qu’on a.»
Elle pourrait aussi lorgner vers une spécialité, l’oto-rhino-laryngologie. «Avec la Fondation, on a tellement travaillé ce projet de nouvelle clinique d’ORL. Cette pratique m’a tellement intéressée, car ça mixte une partie bureau avec la rencontre des patients et une partie chirurgie», explique-t-elle.
«Foncez, réalisez vos rêves!»
Jacynthe Vallée l’avoue, elle n’aime pas se retrouver sous les projecteurs. En acceptant l’entrevue avec La Nouvelle Union, elle souhaite, en quelque sorte, servir d’inspiration aux jeunes, leur montrer qu’il est possible de réaliser ses rêves. «Si ça peut aider quelqu’un à réaliser son rêve, à l’inspirer et à lui donner le petit coup de pied qu’il lui manquait…»
Aux étudiants qui s’interrogent sur ce qu’ils feront dans la vie, elle les invite à ne pas s’en faire, qu’on peut toujours changer de chemin. «Moi, j’ai d’abord commencé en art. J’ai aimé tout ce que j’ai fait, au moment où je l’ai fait. Il n’est jamais trop tard. Ce n’est pas grave ce que tu vas choisir. Tu peux toujours te réorienter», plaide-t-elle.
Il faut savoir se faire confiance et croire en soi. «Il faut juste se donner la chance de le faire. Quand tu fais ce que tu aimes, ça vient tout seul. Ce n’est pas un effort, mais bien un plaisir. Quand tu poursuis ton rêve, la motivation vient toute seule», fait valoir Jacynthe Vallée.
Départ de la Fondation
Jacynthe Vallée quitte son poste pour réaliser un rêve, non pas parce qu’elle est «tannée», loin de là. «C’est un métier extraordinaire qui m’a fait évoluer comme personne dans mon estime personnelle, dans mes capacités à réaliser ce dont je suis capable», dit-elle. Elle retient de son passage à la Fondation À Notre Santé la présence d’une «communauté incroyable qui s’implique». «Dans la Fondation, tu es entouré du meilleur de ta communauté. Tu rencontres les meilleures personnes, tu les rencontres dans leur cœur, dans leurs valeurs parce qu’elles veulent faire une différence. Tu ne gères pas des problèmes, tu gères de belles choses», précise-t-elle, tout en saluant l’écoute et l’ouverture des membres du conseil d’administration, des gens d’affaires très occupés qui, malgré tout, donnent beaucoup de leur temps. «J’ai beaucoup d’émotions quand je vois tout ce qu’ils mettent bénévolement dans la cause. Ça donne des ailes. J’ai été témoin de tellement de moments magiques», confie-t-elle, heureuse de tous les succès que la Fondation a connus, la progression de 40% des revenus des événements, les records enregistrés par les campagnes annuelles de financement.
La personne qui lui succédera à la direction générale aura de grandes chaussures à chausser. «Je chausse des 12», lance Jacynthe Vallée en riant. Elle assurera la transition avec le nouveau directeur ou la nouvelle directrice générale qui pourrait entrer en poste au début de juillet. «Je serai là pour la personne. C’est possible de continuer de façon différente et d’y mettre sa couleur. J’espère que ça va continuer sur la même lancée, car il y a encore beaucoup à faire. J’ai encore plein d’idées que je n’ai pas réussi à réaliser et que j’aimerais transmettre. Je veux que ça marche, que ça continue. On réalise tellement de beaux projets. Il ne faut pas que ça s’arrête», conclut-elle.