Résultats convaincants pour le nouvel espace de traitement en santé mentale
Aménagé depuis environ un an et demi à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska, le nouvel espace de traitement en santé mentale porte fruit. On a justement profité de la Semaine nationale de la santé mentale pour présenter, lundi avant-midi, les retombées positives de ce projet pour lequel la Fondation À Notre Santé a injecté 200 000 $, dont 50 000 $ provenant du comité La Relève.
Le nouvel espace comporte trois chambres, trois lits d’hospitalisation, au sixième étage de l’hôpital, pour assurer un environnement sécuritaire à des usagers représentant un danger pour eux-mêmes ou pour autrui. «On voulait aménager un environnement sécuritaire pour ces personnes aux prises avec des problèmes d’agressivité ou des idées suicidaires, mais aussi pour les intervenants afin qu’ils puissent agir de manière sécuritaire et ainsi se concentrer à donner les soins et services requis au bon moment», a expliqué Yoan Larouche, chef des services spécialisés en santé mentale.
«Le module sécuritaire», comme l’appelle M. Larouche, constitue une mesure exceptionnelle. «Le temps de faire passer une crise d’agressivité. Cela nous permet de travailler la crise le plus efficacement possible. Par la suite, on réintègre la personne au sein de l’unité régulière», a-t-il souligné.
Différentes lacunes qu’on avait identifiées en matière de sécurité et l’obligation d’une mise à jour au chapitre des meilleures pratiques ont mené à l’aboutissement de ce projet. «Et un environnement de la sorte, un module sécuritaire, cela correspond aux meilleures pratiques», a précisé le chef des services spécialisés en santé mentale.
Les chambres en question comportent une salle de bain avec le matériel adapté pour éviter les événements fâcheux. «C’est un endroit fermé avec des caméras aux aires communes permettant de planifier nos interventions avec les intervenants et d’assurer une sécurité auprès des usagers», a expliqué M. Larouche.
Concrètement, ce nouvel espace de traitement a permis de modifier les manières de travailler et d’intervenir avec les usagers.
Et depuis la mise en place du module sécuritaire, les résultats ont de quoi étonner. Le nombre de «code blanc», une situation de crise d’agressivité, a chuté d’environ 90%.
Les services privés, un intervenant pour une personne pour assurer une surveillance constate, ont aussi été réduits. «Une telle façon, du «un pour un», coûte cher. On a pu, avec le module sécuritaire, diminuer d’environ 95% le nombre d’heures consacrées aux services privés. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, on n’a pas le luxe d’asseoir une personne en surveillance privée d’un usager», a fait valoir Yoan Larouche.
Autres retombées positives, la diminution de 75% des blessures physiques subies par les intervenants ou par les usagers, ainsi qu’une baisse considérable des mesures de contention.
«Plein de beaux objectifs ont été atteints, s’est réjoui M. Larouche. Ce module nous permet de travailler de façon la plus sécuritaire possible. Ça nous permet de nous mettre à jour au niveau de nos meilleures pratiques. Ce qu’on veut, en réalité, c’est que nos intervenants et nos usagers soient en sécurité. Et c’est ce que permet de faire le module sécuritaire.»
Interrogé à savoir s’il s’attendait à des résultats aussi éloquents, Yoan Larouche dit avoir été agréablement surpris. «Mais on a voulu se coller, se rapprocher des meilleures pratiques. On a fait nos recherches et on savait qu’un tel équipement et un tel environnement allaient nous amener dans cette direction», a-t-il observé.
Le taux d’occupation quotidien du module sécuritaire se situe à 66%, a fait savoir M. Larouche.
Témoignage
Marie-Michèle Côté, technologiste médicale à l’HDA et administratrice au comité La Relève, a témoigné de l’impact du nouvel aménagement pour l’avoir vu de près.
«Quand j’ai été hospitalisée en juin 2020, le module sécuritaire y était déjà.
Des patients s’y trouvaient. Les sentir de l’autre côté, à l’abri de moi-même, je me sentais en sécurité. Mais ces personnes sont des gens comme vous et moi. Elles ont seulement davantage besoin de sécurité et de surveillance. J’ai pu constater l’impact de ces modules. Cela fait tout la différence», a-t-elle soutenu.
Marie-Michèle Côté se réjouit d’une chose aussi : d’avoir demandé de l’aide. «C’est la meilleure chose qui soit, c’est mon plus beau cadeau. En plus, j’y ai rencontré des gens formidables», a-t-elle exprimé, tout en insistant sur l’importance de parler de la santé mentale. «Plus on va en parler, plus on donnera des sous à la Fondation À Notre Santé, tout le monde en profitera. Il faut continuer dans le même sens», a-t-elle souligné.
L’agente aux communications, Élisabeth Poulin, a salué son partage. «La santé mentale demeure un sujet tabou. C’est grâce à des personnes comme toi qui osent en parler que les gens comprendront l’importance de consulter quand ça ne va pas, que des ressources existent pour nous aider à passer au travers les épreuves. Dans la situation actuelle, les gens sont plus fragiles, plus vulnérables. Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide, c’est la clé, c’est un pas vers l’avant», a-t-elle fait remarquer.
Dans le contexte actuel, la santé mentale fait partie des sujets d’actualité et le demeurera dans les prochaines années, estime Anne-Marie Bédard, vice-présidente du comité La Relève. «C’est important d’en parler», a-t-elle lancé, tout en manifestant sa fierté envers le projet réalisé. «De voir les actions posées et le résultat positif, de constater que nos efforts portent fruit, j’en suis très fière», a-t-elle commenté.
Le président du conseil d’administration de la Fondation À Notre Santé, Claude Charland, applaudit lui aussi le projet de ce nouvel espace de traitement, ajoutant que d’autres donateurs, Desjardins et la Fondation François-Bourgeois, y ont apporté leur contribution. «La santé mentale est souvent l’enfant pauvre du réseau de la santé. La Fondation est là pour supporter de telles causes», a-t-il exprimé, appelant lui aussi les gens à prendre soin de leur santé mentale. «Parlez-en, ça va permettre de démystifier la problématique», a-t-il conclu.