Projet immobilier à la sablière : une pétition déposée à la Ville
Les opposants au projet de construction d’une possibilité de 330 logements sur le site de la sablière d’Arthabaska ont déposé, mardi, une pétition comportant près de 1400 signatures.
« Ces personnes en grande majorité habitent Victoriaville », a souligné une résidente Audrey Caron, membre du comité citoyen Sauvons la sablière d’Arthabaska, en s’adressant, mardi soir, au maire Antoine Tardif et aux membres du conseil municipal.
« Le conseil municipal reconnaît-il que cette pétition témoigne d’un manque d’acceptabilité sociale du mégaprojet de développement immobilier et envisage-t-il de réévaluer le projet? », a-t-elle questionné.
Le maire Tardif a précisé que la pétition avait bel et bien été reçue en après-midi et qu’on l’avait fait circuler aux élus. Il a assuré qu’ils en tiendraient compte dans leur réflexion. « On va prendre le temps d’analyser tout cela et d’en tirer des conclusions. En même temps, on n’a pas pris position encore avec le projet, a-t-il rappelé. Mais tout ce qu’on reçoit, vos commentaires et les représentations que vous faites, fait partie des éléments que nous prenons en considération. Et ultimement, on va se positionner officiellement. »
Par ailleurs, la question de l’achalandage sur le boulevard des Bois-Francs est revenue sur le tapis. « Le mégaprojet ne prévoit qu’une seule sortie sur le boulevard Bois-Francs, ce qui créera assurément des problèmes de circulation. Il est déjà difficile de sortir par les rues Trottier et Garneau, a fait valoir Audrey Caron. Une étude a-t-elle été réalisée pour démontrer qu’un tel projet n’aurait pas d’impact sur la circulation? »
Les équipes municipales dédiées au transport ont bien évalué, de façon préliminaire, l’apport en véhicules que pourrait générer le projet, a répondu le premier magistrat. « Actuellement, le boulevard des Bois-Francs enregistre 9155 passages quotidiennement. Avec une évaluation peut-être de 300 logements et de 300 voitures supplémentaires, la recommandation de nos services à ce moment-ci démontre qu’il n’y aurait pas d’impact significatif sur le trafic du boulevard Bois-Francs. Cela dit, le projet est toujours en travail. Y aura-t-il d’autres sorties? Je ne saurais vous le dire pour le moment », a-t-il dit.
Pas de moratoire
La citoyenne a soulevé une option, celle du moratoire qui, en présence de ce qui semble, selon elle, une non-acceptabilité sociale, pourrait donner du temps aux parties pour échanger et bien analyser le projet.
À ce sujet, le maire a été clair : un moratoire n’est pas une option. « Ce n’est pas à coup de moratoire qu’on fonctionne à la Ville. On a des processus établis. Une consultation publique a été tenue au printemps. Il y a eu des échanges, des commentaires ont été recueillis par nos équipes. Maintenant, il y a encore du travail qui se fait, des analyses se font. On prend en considération tout ce que vous nous donnez. Advenant que nous allions de l’avant avec le projet, il y aura une autre séance de consultation. Alors, a-t-il soutenu, je suis confortable avec les processus actuels et je n’ai pas l’impression que nous n’avons pas la chance de discuter ensemble. »
Pour sa part, Chantale Marcotte a voulu savoir si le conseil reconnaissait la dégradation progressive de la sablière ces 10 dernières années, mais aussi la possibilité « de restaurer cet écosystème pour en faire un milieu naturel de qualité plutôt que de l’utiliser comme justification pour un développement immobilier ».
« Peu importe ce qui a pu être fait et ce qui pourrait être fait, a fait savoir Antoine Tardif, notre objectif dans ce projet d’un propriétaire privé, c’est de soutirer le maximum de ce qu’on peut en termes de protection de l’environnement pour accroître la superficie dans cette zone qui deviendra des aires protégées à perpétuité. »
La solution facile, a-t-il évoqué, serait l’achat du terrain par la Ville. « Mais la valeur du terrain s’élève à plusieurs millions de dollars, a-t-il fait remarquer.
On tente, avec les cartes qu’on a, d’avoir cet objectif de protéger l’environnement tout en n’ayant pas à décaisser des millions et en permettant un projet d’habitation sur une portion du terrain qui n’a pas une haute valeur environnementale selon les études que nous avons. On regarde ce qu’on est prêt à faire comme Ville en termes d’engagement pour la protection de l’environnement versus le droit du propriétaire de développer son terrain. »
Une citoyenne, Guylaine Pilote, a demandé au maire si Victoriaville avait l’ambition de devenir une mégapole avec des habitations multiples. « La Ville en a-t-elle tant besoin? Deviendra-t-on comme les autres grosses villes », a-t-elle questionné, craignant la perte du caractère naturel.
Le maire lui a répondu par la négative. « Soyez sans crainte, toute la qualité de vie que vous retrouvez à Victoriaville, les espaces verts, c’est ce qu’on cherche à maintenir annuellement dans nos décisions », a-t-il exprimé, tout en évoquant la possibilité que les bâtiments de six étages prévus soient revus à la baisse.
« On n’a pas statué à ce sujet encore, a-t-il précisé. Il est fort probable que l’on demande de réduire la hauteur de certains édifices. Lorsque nous aurons le portrait final du projet, on s’assurera que tout s’harmonise bien avec ce qui se trouve autour. »
Antoine Tardif insiste, par ailleurs, sur le fait que le Québec vit des changements importants depuis quelques années. « On demande aux villes de concentrer leurs efforts de construction dans leur périmètre urbain, incluant les zones déjà blanches. On demande d’augmenter la hauteur, de regarder toutes les façons imaginables de construire à l’intérieur de nos périmètres, ce qui est de nature à amener son lot de changements. Mais, au final, je crois que tout est pour le mieux. La densification est une façon de construire plus en adéquation avec la protection de l’environnement et de nos terres agricoles que ce que l’on faisait autrefois. »
Certes, les défis sont nombreux, a reconnu le maire, mais non pas insurmontables. « Nous nous plaisons à travailler dans ce nouvel environnement et à tenter de trouver des solutions. Mais ce n’est pas toujours simple ni facile. Le projet dont on parle en est un exemple. Une nouvelle cohabitation devra se faire potentiellement. »
En matière d’espaces verts protégés, le maire de Victoriaville a relevé que, depuis quelques années, leur superficie a augmenté. « On avait 20 hectares protégés il y a trois ans. Nous avons annoncé récemment qu’on augmentait à 60 hectares cette superficie protégée sur le territoire de Victoriaville. Nature Avenir en assurera la protection à perpétuité. Le mont Arthabaska, par exemple, en fait partie tout comme le Boisé des Frères et plusieurs bandes riveraines un peu partout. Nous en sommes fiers, ça vient assurer qu’il n’y aura aucune construction. Une fois que c’est donné en servitude de conservation, aucun retour en arrière n’est possible. La protection est assurée à perpétuité. »