« Plus d’ici dans nos cafétérias » : un sommet plus populaire encore
Pas moins de 140 intervenants participent aujourd’hui (vendredi), au Centre des congrès de l’Hôtel Le Victorin de Victoriaville, au deuxième sommet sur l’approvisionnement institutionnel en aliments locaux, un événement coordonné par le Centre d’innovation social en agriculture (CISA) du Cégep.
L’an passé, quelque 125 personnes y avaient pris part, c’est dire que le sommet gagne en popularité.
Pour le directeur général du Cégep de Victoriaville, Denis Deschamps, ce deuxième grand rendez-vous se veut un moment important pour aller plus loin dans la mise en œuvre de solutions concrètes pour relever le défi d’avoir plus d’aliments régionaux dans nos cafétérias. « Les occasions de mieux comprendre les enjeux et de mieux se connaître comme collaborateurs régionaux prennent une place importante dans cet événement que nous plaçons aussi sous le signe du réseautage et du développement de partenariats d’affaires. Il est important ce réseautage de tous les acteurs, les producteurs, les transformateurs, les institutions. C’est penser autrement, c’est d’essayer de voir comment on peut changer, comment on peut faire face aux embûches et défis que cela amène. C’est en discutant ensemble qu’on va réussir à solutionner, à relever ces beaux défis-là », a-t-il exprimé.
Le sommet, a-t-il noté, se veut une occasion unique en son genre pour rayonner et être chef de file au Québec au regard de la Stratégie nationale d’achat d’aliments québécois. « C’est ensemble et notamment par nos actions de mobilisation collective en approvisionnement local que nous réussirons à augmenter la vitalité économique régionale et à faire un pas important de plus au niveau du développement durable », a-t-il souligné.
La présidente d’honneur
Le comité organisateur du sommet a confié l’animation de la journée et la présidence d’honneur à Pascale Tremblay, journaliste et animatrice qui œuvre depuis plus de 35 ans dans le domaine bioalimentaire québécois.
Elle a accepté l’invitation avec plaisir, dit-elle, d’autant que l’événement s’inscrit dans une sorte de continuité de ce qu’elle a fait tout au cours de sa vie. « Cet événement me parle beaucoup parce qu’il fait notamment écho à mon travail, notamment à la Commission Pronovost sur l’avenir de l’agriculture, à des accomplissements importants comme la politique bioalimentaire du Québec », a-t-elle souligné, tout en se réjouissant de ce qu’elle observe et voit émerger dans la région. « J’ai très confiance à ce qui se développe ici dans la MRC d’Arthabaska. Ce sont des actions concrètes sur le terrain. Des rapports de commissions, oui, ça donne des orientations, des idées, des directions, mais par la suite, ce sont des gens sur le terrain qui prennent le tout en main et qui font ou ne font pas.
De toute évidence, ici les gens se mettent en action. Il y a déjà des choses intéressantes qui se développent », a-t-elle fait valoir.
Les étapes du projet
En début de sommet, la chargée de projet et codirectrice par intérim du CISA, Christine Gingras, a aussi pris la parole, signalant que le succès de l’événement passe « par vous, par votre présence, par votre réseautage, par les idées qui vont émerger, par les contacts qui vont se faire et se recréer par la suite ».
Elle a dit souhaiter que cette deuxième édition du sommet puisse donner des ailes à plus d’acteurs encore pour qu’il y ait plus d’aliments d’ici dans les cafétérias.
Le CISA, a-t-elle rappelé aux participants, est un centre de recherche-action qui accompagne les grands changements du milieu agricole et agroalimentaire avec un mandat québécois. « Nous sommes chanceux, on utilise souvent notre territoire comme expérience pilote. Notre territoire est toujours très enclin à l’innovation. »
Christine Gingras, par un retour en arrière, a rappelé comment tout a commencé, soulignant que le projet Plus d’ici dans nos cafétérias provient d’une initiative du milieu lancée en 2019. « Un comité s’est créé pour voir comment on pouvait accroître la part des aliments locaux dans nos institutions. En regardant la façon de faire en approvisionnement dans les institutions, les intervenants ont constaté qu’il y avait plusieurs défis », a-t-elle confié.
Puis, l’arrivée de la Stratégie nationale pour accroître l’achat des aliments québécois dans les institutions a permis le dépôt du projet Plus d’ici dans nos cafétérias au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). « Nous voulions aller plus loin dans notre réflexion », a-t-elle indiqué, tout en précisant que l’objectif de la stratégie québécoise visait, d’ici 2025, à doter l’ensemble des institutions publiques de cibles quant à l’approvisionnement en aliments québécois.
Avec son projet, le CISA a d’abord accompagné quatre institutions de la MRC d’Arthabaska, un centre de la petite enfance, un établissement d’enseignement secondaire privé, le Cégep de Victoriaville et une résidence privée pour aînés. « Ces établissements servaient de laboratoires pour comprendre les enjeux qu’ils rencontrent, pour voir comment on pouvait identifier des cibles, quels types de services ou d’initiatives pouvaient être mis en place dans ces établissements pour accroître l’apport des aliments québécois », a expliqué Mme Gingras.
Ces laboratoires ont fait émerger les différents enjeux, d’où l’organisation des sommets visant à faire ressortir collectivement des solutions avec l’ensemble des acteurs de la chaîne d’approvisionnement, et non seulement les institutions.
Le premier sommet a permis l’élaboration d’une stratégie territoriale concertée pour accroître l’approvisionnement institutionnel en aliments locaux, une stratégie qui fait d’une présentation à ce deuxième sommet. « On veut travailler sur des actions qui sont mises en œuvre sur le territoire pour peut-être les bonifier, les amener plus loin et on l’espère, semer une graine dans l’esprit de chacun de vous et voir comment chacun peut contribuer à accroître les aliments locaux dans nos institutions », a mentionné Christine Gingras.
L’idéal, selon elle, serait de susciter l’adhésion de l’ensemble des institutions à se doter de cibles. Mais le CISA s’est donné comme objectif de réussir à convaincre, à tout le moins, 10 institutions supplémentaires à faire le pas vers l’achat d’aliments locaux.
La programmation
En matinée, le sommet proposait trois panels où l’on faisait état de l’expérience vécue dans autant de milieux : le CPE La Petite École, le Cégep de Victoriaville et le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ).
Des formations spécialisées sont aussi proposées, notamment sur la façon d’accroître la part d’aliments québécois sans accroître les dépenses, sur la vente directe aux institutions et sur l’importance d’une meilleure compréhension des besoins spécifiques des institutions. « Des formations sur toutes sortes de sujets, ce qui fait qu’à la fin de la journée, les gens repartiront avec un coffre à outils, avec des contacts, des noms des spécialistes et ils vont mieux connaître les institutions et organisations, comme le CISA », a fait savoir la présidente d’honneur.
Le Sommet, en après-midi, permettra notamment la mise en valeur des institutions déjà en mouvement dans la MRC d’Arthabaska pour accroître la part d’aliments locaux dans les menus. Le préfet Christian Côté reconnaîtra des institutions qui ont choisi d’emboîter le pas.