OLA Bamboo : une jeune entreprise parmi les leaders de la croissance

Tout a commencé, en 2016, par une brosse à dents en bambou. Aujourd’hui, quatre ans à peine après sa fondation, la jeune entreprise OLA Bamboo, ayant son siège social à Victoriaville, se démarque et voit ses efforts récompensés. Elle se retrouve au 48e  rang du classement Startup List établi par Canadian Business et qui recense les 85 jeunes entreprises de moins de 5 ans ayant enregistré la plus grande croissance de leur chiffre d’affaires sur une période de deux ans.

«Nous sommes très heureux. Ça nous motive à continuer d’investir davantage. Ça vient aussi asseoir la notoriété de l’entreprise, d’autant que ce sont des gens de l’extérieur qui se sont prononcés à partir de nos chiffres», confie Jean-Philippe Bergeron qui a fondé l’entreprise avec sa conjointe Vicky Jodry et un ami de longue date Simon-Pier Ouellet.

Aspect intéressant aussi, le classement permet, selon lui, une comparaison avec d’autres entreprises et parfois de s’inspirer de certaines idées. «Beaucoup au niveau du marketing, dit-il, mais on regarde souvent ailleurs dans le monde, États-Unis, Europe, Asie, comment ils font leur marketing. C’est intéressant, car souvent les méthodes utilisées se retrouveront au pays dans deux ou trois ans.»

En quatre ans, OLA Bamboo a connu une croissance remarquable, son chiffre d’affaires d’environ 15 000 $ la première année a grimpé à 360 000 $ la seconde, pour passer à 1,1 M $ la troisième année avant d’atteindre près de 3 M $ l’an dernier.

La petite histoire d’OLA Bamboo

Les trois jeunes entrepreneurs, qui se sont rencontrés à Gatineau, ont depuis longtemps cette conscience environnementale. «Moi, je suis originaire de Victo et la récupération, on en entend parler depuis l’école primaire», note Jean-Philippe Bergeron.

Tout a donc commencé avec, comme premier produit, une brosse à dents en bambou, un produit plutôt méconnu à l’époque. Le trio s’inspirant ainsi de l’idée d’une amie de Gatineau qui, elle-même, faisait venir des brosses à dents en bambou de l’Australie.

«Au départ, on ne faisait que du commerce en ligne. On a commencé avec une petite production de 2000 brosses à dents dans l’espoir de les vendre en trois mois. Mais tout a été écoulé en deux semaines avec le bouche à oreille sur Internet», raconte Jean-Philippe Bergeron.

De là, l’entreprise a poursuivi ses activités sur le Web. Puis, sa participation à l’émission Dans l’œil du dragon à la télé de Radio-Canada en 2017 marque un tournant. «Dès lors, on a fait une entrée chez des distributeurs, les pharmacies», rappelle-t-il.

Graduellement, les trois entrepreneurs ont quitté leur emploi pour vivre pleinement l’aventure entrepreneuriale. «À l’origine, pour nous, ça devait être seulement un «side-line» pour le plaisir. On se disait que ce serait plaisant de vendre un produit écologique et en même temps, ça nous procurera un peu d’argent pour nous payer, par exemple, un voyage dans le sud», souligne-t-il.

Les trois fondateurs éprouvaient ce désir de développer un projet entrepreneurial. Mais ils ne s’attendaient aucunement à ce qu’il prenne autant d’ampleur. Des premières brosses à dents se sont ajoutés par la suite de nombreux autres produits, comme des pailles et ustensiles. «Notre grande valeur d’entreprise, c’est la réduction des déchets de plastique. Après la brosse à dents, on a décidé d’élargir la gamme», relate-t-il, faisant état notamment des tampons démaquillants, le deuxième meilleur vendeur actuellement. «Ça répond à un besoin, c’est écologique, car cela évite l’utilisation de tampons jetables. Et cela devient économique à long terme puisque les 16 mêmes tampons sont réutilisés pour plusieurs années», explique-t-il.

Depuis les premières brosses à dents, OLA Bambou a élargi sa gamme de produits écologiques. (Photo gracieuseté)

OLA Bambou insiste sur l’importance de proposer des produits faciles d’utilisation. «Il faut que ce soit facilement intégrable dans les habitudes de vie actuelles», note-t-il.

L’entreprise propose aussi une soie dentaire, une soie naturelle. Elle prépare aussi la sortie de pastilles nettoyantes, effervescentes. «Plutôt que d’acheter régulièrement des bouteilles de produits nettoyants, il suffit de s’en procurer une seule et de réutiliser la bouteille en glissant une pastille dans de l’eau, ce qui procure 500 ml de nettoyant», signale M. Bergeron tout en rappelant l’idée de base, la réduction des déchets plastique.

Après des débuts entièrement en ligne, OLA Bambou a réussi son entrée chez plusieurs distributeurs. En plus des pharmacies partout au Québec, ses produits se retrouvent dans quelque 200 autres points de vente, des commerçants indépendants. «Le commerce en ligne ne représente plus que 35% de notre chiffre d’affaires maintenant. Le plus gros pourcentage provient des pharmacies», a mentionné Jean-Philippe Bergeron.

Des organismes et des écoles, par ailleurs, font aussi appel à OLA Bambou pour leurs campagnes de financement. Les produits corpo fonctionnent aussi très bien avec des compagnies qui décident d’offrir des cadeaux à leurs employés.

OLA Bambou a recours à une entreprise d’insertion sociale pour l’expédition à son entrepôt. «Ça faisait bien leur affaire puisque les tâches convenaient bien à leurs employés. Pour  nous, ça nous a permis de nous concentrer sur la vente, le service à la clientèle et le développement de produits. C’est ce qui fait qu’on se retrouve dans le palmarès», expose-t-il.

Des projets

Les projets ne manquent pas pour OLA Bambou. «Le rôle social d’un entrepreneur, c’est investir. Notre entreprise est en croissance. Nos profits, on les réinvestit dans le développement de projets, de produits. Ça coûte une fortune», témoigne Jean-Philippe Bergeron.

Pour 2021, l’entreprise travaille à percer le marché au Canada anglais. «L’exportation, ce n’est pas aussi facile qu’on pense. On doit y aller étape par étape. Le marketing doit supporter les points de vente», fait-il remarquer.

Jean-Philippe Bergeron dans les locaux du www.lanouvelle.net. (Photo www.lanouvelle.net)

Le monde des affaires, c’est aussi de sauter sur les occasions. Comme celle des Maldives où l’entreprise a tout écoulé sa production de jouets de plage en bambou pour enfants.

Autre grand projet : OLA Bambou planche sur l’ouverture d’une branche manufacturière là même où se trouve l’entrepôt déménagé de Gatineau à Drummondville en bordure de l’autoroute 20 alors que la portion administrative se fait à Victoriaville.

Le Victoriavillois d’origine souhaitait depuis un bon moment ce retour aux sources. «Un choix motivé par la qualité de vie, mais aussi par le coût de la vie. Cela faisait longtemps que je voulais revenir dans la région», confie Jean-Philippe Bergeron.

Avec cette branche manufacturière prévue pour 2021, l’entreprise souhaite effectuer davantage de transformation avec le bambou importé principalement de l’Asie (Chine, Laos, Thaïlande). «Pour rivaliser avec les prix de la Chine, on n’a pas le choix de se tourner vers l’automatisation et la robotisation. On est rendu à une grosseur d’entreprise où l’on peut investir. Il s’agira de notre plus important projet d’investissement à ce jour», révèle-t-il.

Bref, la vie sourit aux trois jeunes entrepreneurs qui ne regrettent pas leur décision. «On est content d’avoir quitté nos emplois pour la vie d’entrepreneurs. C’est totalement différent», conclut Jean-Philippe Bergeron, un enseignant d’histoire et de français dans son ancienne vie