Notre-Dame en partie piétonnière : pas que des heureux

La Ville de Victoriaville a récemment annoncé qu’une portion de la rue Notre-Dame au centre-ville deviendrait un sens unique et en partie piétonnière. Malgré une consultation entre les autorités municipales et la Société de développement commercial (SDC), il n’y a pas que des heureux parmi les commerçants du secteur visé.

En effet, une pétition, s’opposant à la fermeture partielle de la rue Notre-Dame entre le boulevard des Bois-Francs et la rue De Bigarré, a recueilli la signature de 26 des 43 commerçants situés sur ce tronçon.

Pour Christine Fréchette, propriétaire de Ballon Style et principale instigatrice de cette pétition, la fermeture partielle engendrerait des impacts négatifs considérables pour son commerce. «En toute franchise, lorsqu’il ferme la rue, pour différentes occasions, nos revenus baissent énormément. Nous n’avons pratiquement pas de clients. Quand la rue est barrée, si je fais 30% de mes revenus, c’est beau. Mes clients déplorent ça aussi», mentionne-t-elle.

Membre de la SDC, Mme Fréchette a reçu le sondage concernant ce projet le 22 mai dernier, profitant de l’occasion pour expliquer son point de vue. Malgré cela, la démarche visant à transformer cette partie de la rue Notre-Dame en sens unique est allée de l’avant. «J’ai expliqué que j’étais vraiment contre ça, car nous sortons à peine de la COVID-19, donc nous ne voulions pas retomber dans une nouvelle situation fâcheuse. Ils nous ont dit qu’ils barraient la rue pour attirer les gens et pour la distanciation sociale. Je leur ai dit que les commerçants situés entre la rue Perreault et le boulevard Bois-Francs avaient payé pendant deux ans pour la fermeture de la rue quand ils ont refait les trottoirs pour les élargir afin d’attirer les gens et les familles. Dans notre cas, les clients fréquentant notre commerce viennent en auto. Tu ne passes pas à pied pour aller chercher une boite de feux d’artifice ou un bouquet de ballon.»

La propriétaire de Ballon Style a contacté les autres commerçants du coin pour finalement se rendre compte qu’elle n’était pas la seule à être défavorable à ce projet. «Nous avons envoyé une lettre au maire André Bellavance, à Martin Garneau (président de la SDC), à la SDC et aux conseillers avant que la décision soit prise pour leur expliquer que nous n’étions pas en faveur de ça. C’est par la suite que nous avons appris la fermeture de la moitié de la rue.»

Dans un précédent texte paru sur le www.lanouvelle.net, le maire André Bellavance expliquait que la Ville tenait à une solution négociée et non imposer une idée toute faite en travaillant de concert avec la SDC. «Le président de la SDC Martin Garneau m’a dit que c’était la Ville qui avait ça entre les mains, mais après avoir raccroché avec Stéphane St-Pierre de la Ville, il m’a dit de contacter Martin Garneau. Tout le monde se lance la balle. La SDC dit que c’est la Ville et la Ville dit que c’est la SDC qui nous représente. Nous sommes tannés de faire rire de nous. J’ai rappelé tout le monde contre le projet et ils m’ont dit qu’ils étaient prêts à m’appuyer, car ils sont encore opposés à la récente annonce. Nous avons espoir d’être écoutés.»

La Ville maintient son point

«Quand nous avons eu nos discussions avec la SDC, nous savions dès le départ que ça ne ferait pas l’unanimité. Chaque fois qu’il y a des activités au centre-ville, il y a toujours des commerçants qui ne sont pas d’accord. Nous ne cherchons pas l’unanimité. Nous aimerions l’avoir, mais nous ne l’aurons pas. Nous le savons. Notre idée de départ était surtout d’aider les commerces qui ont vécu difficilement la pandémie, particulièrement les restaurants. Avec les règles mises en place par la Santé publique, les restaurants doivent quand même limiter leur nombre de clients. Nous nous sommes rangés derrière l’argument du Shad Café et d’autres restaurants qui mentionnaient que s’ils étaient en mesure d’ajouter des tables dans la rue et sur le trottoir, cela ferait une grande différence sur leur été. Ça se fait également dans d’autres villes», souligne le maire Bellavance.

Conscient qu’il y a des préoccupations avec la construction du stationnement Pierre-Laporte, la Ville de Victoriaville a rendu gratuits tous les stationnements du centre-ville. Des stationnements ont également été ajoutés sur la rue De Bigarré. «Nous souhaitions que ces commerces conservent des stationnements en façade. C’était d’ailleurs une recommandation de la SDC cet aménagement.»

D’ailleurs, il semble qu’une partie de la population soit en faveur de la transformation de la rue Notre-Dame en artère piétonnière. En effet, une pétition visant à rendre la rue Notre-Dame complètement piétonnière circule en ce moment. Lancée il y a deux semaines, la pétition compte 3100 signatures. L’objectif des instigateurs est d’atteindre 5000 signatures. «Nous travaillons pour la population en général. Il y aura toujours des personnes qui vont s’opposer. Je ne suis pas fâché de ça, mais à un certain moment, il faut trancher», conclut le maire de Victoriaville.