Manon Massé et la COVID-19 : colère, tristesse et espoir

La cheffe de Québec solidaire Manon Massé, comme tous ses collègues de l’Assemblée nationale, est au front du combat contre la COVID-19. Traitant des «cas de comté» souvent tragiques dans Sainte-Marie–Saint-Jacques, la femme de conviction ressent de la colère et de la tristesse. Heureusement, la solidarité que déploient les citoyens de sa circonscription lui redonne espoir.

«Quand je vois qu’on approche 5000 décès… je vis de la colère quand je constate le résultat des compressions des quinze ou vingt dernières années. La réforme de monsieur Barrette a créé des monstres à gérer… Des gros bateaux qui ne sont pas agiles à réagir en temps de pandémie», indique Manon Massé en se confiant sur la tristesse qui l’habite.

«Encore une fois, ce sont les plus vulnérables qui sont affectés. Je pense bien sûr aux personnes âgées… mais aussi aux travailleuses et travailleurs de la santé… On n’est pas capable de les protéger», exprime-t-elle tout en reconnaissant que la situation est particulière. «On n’a jamais vécu ça avant et j’espère que l’on ne le vivra pas trop souvent», ajoute-t-elle en se réconfortant des gestes d’entraide qui surgissent dans son comté de Montréal.

«Les gens se sont mobilisés et se sont serrés les coudes. J’ai des banques alimentaires qui ont tenu le fort malgré que leur camion est passé au feu ou que leurs locaux furent inondés. La solidarité qui s’est développée est intéressante», rapporte-t-elle en souhaitant que l’ensemble de la population québécoise tire des leçons de la situation actuelle, entre autres, sur l’absence de démocratie dans le système de santé.

«Notre système est devenu hospitalo-centriste. Ces super structures ont évacué la parole citoyenne… En voulant trop centraliser, chaque CHSLD n’avait pas la capacité de réagir rapidement à la situation», déplore la députée à l’Assemblée nationale depuis 2014 tout en revendiquant la possibilité de maintenant demander des comptes une fois l’urgence sanitaire passée.

«C’est ça le rôle des oppositions. J’ai quand même plusieurs centaines de milliers de Québécois et Québécoises qui ont voté Québec solidaire et qui espèrent que l’on va poser des questions sur la situation», souligne une Manon Massé qui s’inquiète de la portée de la Loi 61.

«Le gouvernement veut se donner la capacité de gérer par décrets pour les deux prochaines années… Là, il y a un sérieux problème démocratique», dénonce la cheffe de Québec solidaire qui, tout en reconnaissant la nécessité d’une relance économique, ne veut pas qu’elle se fasse au détriment de l’environnement. «En plus d’une crise sanitaire, il ne faut pas se taper en plus les effets d’une crise climatique.»

De plus, avec le recul, Manon Massé constate, à son avis, que le gouvernement de François Legault a souvent été en attente des décisions de Justin Trudeau dans sa gestion de la crise. «On a été à la remorque… Cette pandémie-là aura démontré au peuple québécois que la souveraineté alimentaire, que la souveraineté dans la production de biens et de services que l’on a perdu aux mains de grandes multinationales… que ce manque de souveraineté là a un prix…», pense-t-elle tout en lançant un défi à François Legault de mettre en place un «panier bleu» de l’État. «L’État doit être exemplaire. L’État doit acheter au Québec… Être indépendant, vouloir la souveraineté du Québec, ça veut aussi dire d’arrêter de se mettre à genoux devant les multinationales», conclut sans détour Manon Massé.

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