Les distilleries se mobilisent pour dénoncer des injustices
La Distillerie B par la Miellerie King de Kingsey Falls, comme bien d’autres établissements du genre, ouvrira ses portes à la population, le samedi 11 septembre, pour montrer l’envers du décor et sensibiliser aux injustices vécues par les distilleries artisanales du Québec.
« Le mouvement regroupe plusieurs distilleries au Québec, tant artisanales qu’industrielles, des membres de l’Union québécoise des microdistilleries. On a décidé d’accueillir les gens chez nous pour leur montrer la fabrication, mais aussi pour leur faire part de nos diverses revendications visant à actualiser la loi datant de la prohibition », indique René Bougie, président-directeur général de la Distillerie B par la Miellerie King.
Trois injustices sont identifiées : la surtaxe de 52% que doivent payer les distilleries industrielles en vendant leurs produits sur le lieu de production; l’interdiction aux distilleries de vente leurs bouteilles dans les festivals et événements; et l’interdiction de vendre dans les bars et restaurants.
Les enjeux sont importants, souligne René Bougie. « Ça fait longtemps qu’on demande des changements au législateur. Il est temps maintenant de poser des actions », estime-t-il.
Ce qui touche particulièrement son entreprise, note-t-il, c’est l’interdiction de vendre ses produits dans les marchés publics. « J’ai le droit de vendre notamment mes hydromels et mes liqueurs, mais pour les spiritueux, mon gin et autres produits, la loi me l’interdit », précise-t-il.
La loi n’autorise la vente qu’à la distillerie ou dans une succursale de la Société des alcools du Québec (SAQ).
Comme artisan, René Bougie souhaite pouvoir écouler ses produits, non seulement chez lui, mais également dans les marchés publics et directement dans les restaurants. « C’est fou. On a dû rentrer notre gin à la SAQ pour que certains restaurants de la région puissent en avoir. Sinon, le restaurant à Kingsey, à côté de chez nous, je ne peux même pas lui en vendre. Pour en avoir à son menu, le restaurateur doit commander. Moi, j’expédie une bouteille à Montréal qui la renverra à Victoriaville et le restaurateur devra aller la chercher à Victo », raconte-t-il.
Le problème touche donc les spiritueux. « Dès que ce sont des alcools distillés, le législateur nous empêche de les vendre directement. C’est illogique, exprime-t-il, alors que le gouvernement cherche des mesures pour aider l’économie locale. Il n’aurait rien à investir, simplement nous laisser faire. »
L’entreprise de René Bougie se voit limitée en raison de la directive sur les marchés publics. « Parce qu’ils n’ont pas inclus le mot spiritueux, on ne peut rien faire. Un simple mot qui ferait toute une différence pour de nombreux distillateurs artisanaux qui produisent à partir d’ingrédients qu’ils font pousser sur leurs terres. Un tel changement représenterait des investissements de milliers, sinon de millions de dollars dans les économies locales », avance-t-il.
Les intervenants concernés, note M. Bougie, ont rencontré des intervenants des ministères de l’Agriculture et de l’Économie. « On nous dit qu’ils travaillent sur un grand chantier pour tenter d’actualiser la loi. Ça reste vague. Voilà pourquoi on a décidé de mettre de la pression, de se mobiliser, de s’organiser pour faire en sorte de sensibiliser les gens à notre situation et pour leur montrer le non-sens. Nous sommes des gens désireux de collaborer à l’essor de nos communautés. Il faut qu’on arrête de nous mettre des bâtons dans les roues », conclut-il.
Les citoyens, souhaitant soutenir les producteurs, peuvent signer une pétition en ligne sur le site de l’Assemblée nationale du Québec.