L’enseigne du lave-auto ne passera pas
La station de lavage pour automobiles qui ouvrira à Warwick devra le faire sans son enseigne, pour le moment. Le règlement sur les plans d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA), adopté en juin à Warwick, a créé quelques frustrations (https://bit.ly/2Mjbeza), mais la Ville n’a pas l’intention de reculer.
Plusieurs villes, dont Victoriaville et Plessisville, possèdent ce type de règlement afin d’assurer une harmonie architecturale sur certaines artères. Pour les secteurs visés, la délivrance d’un permis de construire ou pour l’installation d’enseigne se voit assujettie au règlement sur les PIIA. Un comité consultatif d’urbanisme évalue alors la demande en considérant des critères d’aménagement fixés par le règlement. Mardi (15 octobre), la Ville de Warwick a publié un communiqué dans le but de renseigner ses citoyens à propos des PIIA (https://bit.ly/2MgBl9R).
Dans le cas des enseignes, plusieurs facteurs passent sous la loupe. Sébastien Pie, propriétaire de la franchise Fromagerie Victoria de Warwick, et qui ouvrira une station de lavage pour automobiles dans la même bâtisse, au 76, rue de l’Hôtel-de-Ville, a appris, à la faveur de la séance ordinaire du conseil d’octobre, qu’il ne pourra installer son enseigne. Il a toutefois affirmé, à l’issue de la rencontre, qu’il la poserait malgré tout pour l’ouverture du commerce. Vendredi dernier (11 octobre), il a reçu ses panneaux.
Kelly Bouchard, directrice de l’urbanisme à la Ville de Warwick, explique que l’entrepreneur doit retourner à la table à dessin et revenir présenter son projet. S’il ne respecte pas la résolution du conseil, il s’expose à recevoir un constat d’infraction, ce qui serait malheureux, convient-elle.
La directrice précise que dans le cas des enseignes, les critères à observer s’avèrent nombreux et que l’enseigne de M. Pie ne répondait pas à plusieurs d’entre eux. Entre autres, elle doit s’intégrer à l’architecture et au design du reste de la bâtisse. Puisque, dans ce cas-ci, les affiches déjà présentes sur l’immeuble arborent une trame noire, le panneau au fond bleu et à la voiture rouge proposé détonne. On souhaiterait des couleurs plus sobres. Le nombre d’éléments sur l’enseigne se trouve également en cause.
En plus de la mention «lave-auto», on y voit l’indication «sortie», un décor de vagues et une image de Lamborghini. Pour le comité, ça commençait à faire beaucoup. Le panneau identique, qui indique l’entrée, qui se situe à l’arrière du bâtiment, aurait préalablement pu être accepté à condition que celui sur Hôtel-de-Ville soit modifié. Monsieur Pie a toutefois refusé cette alternative avant la tenue de la séance publique. Les deux enseignes devront donc être modifiées.
La Ville a notamment fait des concessions concernant l’éclairage projeté, qui ne correspondait pas aux normes des PIIA. Lors de rencontres avec M. Pie, on lui a suggéré d’éliminer des composantes, l’auto par exemple, pour alléger le tout. On a aussi offert une aide financière destinée aux propriétés commerciales afin de le soutenir dans ses démarches pour se conformer au règlement, ce que M. Pie aurait aussi refusé, soulève Mme Bouchard. La porte de la Municipalité demeure ouverte pour régler le conflit.
Goût personnel
Sébastien Pie réitère avoir toujours respecté la loi et avoir pris le temps de s’y conformer à nouveau. «J’ai suivi les règlements qu’ils m’ont fournis. C’est leur goût personnel. Les couleurs choisies, ce n’est pas dans le règlement», répète-t-il. Selon lui, il ne viole aucune loi et le règlement ne prévoit pas l’interdiction du bleu et d’une voiture rouge. À propos des éventuels constats d’infraction qu’il pourrait recevoir, il envisage de les contester. Pour lui, il s’agit d’une question de goûts personnels et juge bien dommage «qu’ils ne la trouvent pas belle». Il confirme avoir eu des rencontres avec la Ville, pendant lesquelles on lui aurait parlé des éléments du croquis qui ne plaisaient pas. Or, il pensait sincèrement que cela relevait d’avis subjectifs et non de la loi. D’ailleurs, il se questionne à savoir s’il devrait adapter son logo chaque fois, dans le cas où il aurait le même commerce dans d’autres municipalités. «Peu importe le logo, une ville n’a pas le pouvoir là-dessus», plaide-t-il.
Enfin, il croit répondre à toutes les exigences, notamment par les dimensions et l’éclairage. «Ils pensaient que j’abdiquerais. Puisque je persiste, là ils ne veulent pas reculer pour ne pas créer de précédent», suggère-t-il. M. Pie affirme, après les nombreux témoignages entendus dans son entreprise, avoir l’appui de la population.
L’homme d’affaires ne peut confirmer la date exacte de l’ouverture de son lave-auto, mais précise que la machinerie est en cours d’installation.