La sablière d’Arthabaska, un projet toujours aussi sensible
Le projet immobilier de quelque 300 logements sur le site de la sablière d’Arthabaska a alimenté, une fois de plus, les discussions et monopolisé la période de questions à la séance de novembre du conseil municipal de Victoriaville. Le ton a parfois monté chez certains, signe de la sensibilité du dossier.
À la question d’une citoyenne à savoir si c’était chose courante dans le milieu municipal d’accepter des situations mettant en péril des milieux vivants et humides indispensables, le maire Antoine Tardif a répondu que chaque décision prise tenait compte des effets des changements climatiques.
« Assurément, a-t-il dit. On a un Bureau du développement durable à la Ville qui travaille avec l’ensemble des directions de service pour nous assurer que les projets sur lesquels on statue aient pris en considération les enjeux du développement durable, selon les 17 axes de développement durable reconnus par l’ONU (Organisation des Nations unies). »
Dans le dossier de la sablière, le premier magistrat a fait savoir que le travail d’analyse se poursuit. « C’est la raison pour laquelle on n’a pas encore accepté un projet. Un travail est toujours en cours pour nous assurer que lorsque nous accepterons un projet, si tel est le cas, que ce projet soit respectueux des concepts du développement durable », a-t-il précisé.
Au micro, Audrey Murray s’est interrogée sur le long délai de réponse en lien avec des demandes d’accès à l’information au sujet notamment de l’analyse de la circulation et des études environnementales. « Après 50 jours, on n’a toujours rien reçu », a-t-elle observé. La greffière Me Rosane Roy lui a fait savoir que certains documents sont la propriété du promoteur. « Selon la loi, on doit demander l’autorisation au promoteur pour donner accès à ces documents. On est encore en attente des nouvelles du promoteur pour connaître sa position », a-t-elle souligné.
Le citoyen Gilles Labrosse, pour sa part, a dit avoir l’impression que la démocratie à Victoriaville consiste à se faire élire aux quatre ans pour ensuite prendre toutes les décisions derrière des portes closes. « Lorsqu’elles sont questionnées, contestées alors qu’elles se révèlent manifestement sans aucune acceptabilité sociale comme dans le cas de la sablière d’Arthabaska, pourquoi les élus ne prennent aucune mesure active pour se mettre à l’écoute des citoyens, s’enquérir de leurs aspirations, de leurs besoins ou pour simplement écouter et répondre à leurs questions? Pourrait-on avoir l’avis des élus sur ce projet et plus spécialement celui du conseiller du district Michael Provencher? Accepteriez-vous d’échanger, de discuter, de parler avec les concitoyens?
La réponse est venue rapidement. « Ça a été fait, a fait part le conseiller. J’ai rencontré des personnes, lundi dernier (28 octobre), deux personnes, en compagnie de M. Casey. Deux personnes qui ont demandé une rencontre. On les a rencontrées. »
« Ç’aurait été intéressant d’être au courant », a rétorqué M. Labrosse. « Vous demanderez aux gens qui participent au groupe, a répliqué Michael Provencher. Les rencontres peuvent se faire, il n’y a aucun problème. » « Félicitations, vous êtes ouverts à ça, on va pouvoir vous relancer », a terminé le citoyen. Par ailleurs, la possibilité de recourir à la loi 39 pour l’acquisition du terrain de la sablière et sa protection a, de nouveau, été soulevée par Audrey Murray.
Le maire Tardif a indiqué que les élus ont discuté à savoir comment la loi 39 pourrait être utilisée dans différents secteurs de la ville, non seulement pour la sablière, mais pour d’autres sites importants à maintenir ou à protéger. Le travail se poursuit, a-t-il confié, pour identifier les meilleures façons. Mais le conseil municipal privilégie une approche collaborative. « C’est ce qui nous a amenés, entre autres, à conclure une entente avec Nature Avenir alors qu’il est possible pour un propriétaire de céder lui-même volontairement son terrain et bénéficier d’un crédit de don de terrain. Et cela nous permet d’atteindre notre objectif de protection des milieux naturels. Dans ce cas, tout le monde est content. Mais si on se lance dans des approches en lien avec la loi 39, c’est un mode d’affrontement qu’on utilise. Ce n’est pas notre façon de travailler », a-t-il exposé.
La pétition
La pétition des opposants au projet de la sablière, déposée le 3 septembre, regroupe maintenant 1500 signataires, a souligné Chantal Marcotte, désireuse de savoir ce qu’il en devient, si elle est prise en considération. « Il y a des enjeux, on veut des réponses », a-t-elle demandé. « On l’a tous reçue, on en a tous pris connaissance, a confirmé le maire Tardif. On la prend en considération. Elle fait partie de l’étude du projet. » « Ça prend combien de signatures pour que vous considériez assez la pétition pour en parler ici? », a renchéri Audrey Caron.
Le maire de Victoriaville a répondu qu’il ne s’agissait pas d’une question de chiffre. « Nous sommes sensibilisés depuis le début au dossier de la sablière. C’est pourquoi tous les mois, on est devant vous et on fait face à la musique. On ne se défile pas. Et tous les mois, vous pouvez venir ici et poser toutes les questions. Il me fait plaisir d’y répondre, mais ne mettez pas en doute notre façon de travailler, n’y voyez pas des cachettes potentielles qu’on pourrait faire au détriment de l’environnement, a-t-il affirmé. C’est notre préoccupation première à la Ville de prendre en considération le développement durable dans toutes nos décisions que ce soit au niveau de l’environnement, du développement social ou du développement économique. »
Antoine Tardif a rappelé ce que souhaite le conseil, une cessation de terrains qui pourront être protégés à perpétuité et un projet d’habitation qui répond à des besoins de notre population. Mais à ce jour, a-t-il insisté, aucun projet n’a encore été accepté. « On considère ne pas avoir toute l’information satisfaisante. Au final, nous aurons une recommandation qui aura été décidée, mûrie et qui aura pris en considération tout ce que vous dites depuis des mois. Si un jour il y a un dénouement sur ce terrain qui n’est pas notre propriété, on le partagera. Je pense, a-t-il exprimé, qu’on peut se parler avec respect sans avoir à lever le ton et insinuer plein de choses. De cette façon, on va continuer d’avancer et vous aurez l’information que vous souhaitez avec un dialogue transparent avec le conseil municipal. »
La citoyenne Chantal Marcotte a aussi voulu savoir s’il avait pris connaissance du reportage diffusé à la Télévision communautaire des Bois-Francs dans lequel un biologiste affirme que le site ne constitue pas un bon endroit pour le projet. « Parfois des scientifiques peuvent avoir des opinions divergentes, a répondu Antoine Tardif. Nous avons des rapports qui nous indiquent que la portion nord de la sablière ne recèle pas une haute valeur environnementale, contrairement à la portion sud. C’est pourquoi depuis le début, on s’affaire à protéger la portion sud dans le projet alors que nous sommes ouverts à un projet dans la portion nord. Là où on ne partage peut-être pas la même opinion, c’est vous souhaiteriez que l’ensemble du lot soit protégé alors que nous travaillons avec d’autres considérants, notamment celui voulant que ces terrains appartiennent à un propriétaire qui a le droit de construire. On cherche un équilibre entre la protection de la biodiversité de la portion de terrain qui a la plus haute valeur environnementale et la permission de construire. »