CSSBF : une politique pour des écoles encore plus inclusives

Il y a quelques semaines, le conseil d’administration du Centre de services scolaire des Bois-Francs (CSSBF) a adopté une nouvelle politique relative aux mesures de soutien et d’inclusion des élèves trans. Une réalité de plus en plus présente dans les écoles à laquelle le CSSBF s’est rapidement adapté.

En entretien, la directrice générale adjointe du centre, Marylène Plante, a expliqué, d’entrée de jeu, qu’il fallait accompagner le mieux possible les élèves trans et ceux qui sont en processus sérieux en ce sens (accompagnés par un professionnel de même que leurs parents).

Le document de 10 pages vient reconnaître l’autodétermination des personnes dans l’exercice de leurs droits et libertés. Il trace également des balises pour offrir à ces jeunes un lieu d’apprentissage sûr, inclusif et accueillant et met en place des pratiques permettant de protéger les droits des élèves trans en ce qui concerne leur vie privée, leur sécurité et leur dignité. « Dans le but que tout se fasse en douceur, pour tout le monde », commence-t-elle.

C’est un peu avant la pandémie de COVID-19 que la direction avait commencé à penser à la mise en place d’une telle politique, voyant que cet état de fait survenait dans des écoles et que le devoir du CSSBF était de cadrer, baliser les démarches sérieuses. « Nous l’avions déjà vécu avec des membres du personnel. Ça c’était super bien passé et nous étions accompagnés par des organismes  » a-t-elle rappelé. Pour ce qui est de la nouvelle politique, faut-il le préciser, elle s’adresse exclusivement aux élèves.

Il est impossible de quantifier le nombre d’élèves trans ou en processus de le devenir. Ce que Mme Plante dit, toutefois, c’est qu’ils se retrouvent bien entendu du côté des écoles secondaires, mais aussi vers la fin du primaire. « Mais à partir d’un élève, il faut s’en soucier », ajoute-t-elle. Le CSSBF a l’habitude de traiter avec des élèves qui présentent des différences. « Pour les élèves trans, toutefois, il s’agit d’une nouvelle réalité pour laquelle il fallait s’outiller afin de bien répondre à leurs besoins », dit-elle encore.

Pratico-pratique

Pour ces jeunes, mais également pour les autres (binaires), il faut trouver des façons de cohabiter dans le respect de chacun. Et dans les faits, certains aspects pratiques, comme l’accès aux toilettes et aux vestiaires, doivent être accessibles pour tous. « Mais dans le fond, ce n’est pas si compliqué », ajoute Mme Plante.

Déjà dans les écoles primaires, où des travaux aux salles de bain sont nécessaires, comme à l’école Notre-Dame-des-Bois-Francs, celles-ci sont désormais non genrées, étant composées de cabines fermées. « Pour les petits, ce n’est pas un problème. Une toilette, c’est une toilette », estime-t-elle.

Du côté des écoles secondaires, où on retrouve des ados qui développent leur sexualité par exemple, les toilettes demeurent genrées. Pour les élèves trans, ils pourront alors utiliser des cabinets de toilette privés (lorsque possible) ou la salle de bain de leur choix. Même chose pour les vestiaires. « Il faut trouver des accommodements ou compromis qui respectent tout le monde et où tous sont à l’aise », insiste-t-elle. Cela surviendra aussi lors des voyages scolaires (où il faut dormir à l’hôtel par exemple) alors que la personne concernée sera consultée afin de voir la meilleure solution.

Mais il faut dire que l’acceptation des personnes trans du côté des autres élèves se fait très bien, comme l’indique Marylène Plante. « Ils ne font pas de commentaires, ils acceptent. Il n’y a pas d’intimidation. Je n’ai pas eu de cas rapportés en ce sens », note-t-elle encore en insistant pour dire que la politique avait été mise en place parce qu’il s’agit d’un phénomène de vie qui arrive et non un problème dans les écoles. « Nous voulions être prêts à bien accompagner nos élèves. »

Il y a le prénom qui peut demander des adaptations aussi. Par exemple, la directrice générale adjointe explique qu’il n’est pas nécessaire que le prénom ou le genre ait été modifié à l’état civil du Québec pour que l’auto-identification de l’élève soit respectée. Par exemple, le nouveau prénom et pronom sera utilisé par les enseignants et leurs pairs, de même que pour les documents internes. Toutefois, afin de s’assurer que le dossier de l’élève suive bien son processus scolaire, et par obligation face au ministère de l’Enseignement du Québec, il sera parfois nécessaire d’utiliser le nom légal et le sexe assigné à la naissance.

Il faut rappeler que la politique a été élaborée pour les élèves en cheminement, soutenus d’un professionnel. Mais pour ceux qui s’interrogent sur leur identité de sexe, un accompagnement est fait quand même. Trans-Mauricie et le GRIS (Groupe régional d’intervention sociale) sont des organismes impliqués avec les équipes-écoles, spécialisés dans le domaine. « Le changement a souvent lieu pendant l’été. Les organismes viennent alors nous aider pour préparer ce qui s’en vient et pour parler aux éducateurs, au personnel, aux élèves pour une transition en douceur », ajoute Mme Plante. Ainsi, tous sont mieux outillés pour faire face à cette nouvelle réalité et intervenir pour le mieux-être collectif.

Le CSSBF a également engagé une conseillère pédagogique qui est également sexologue. Celle-ci a un mandat d’accompagnement dans les milieux pour les élèves trans et autres aspects reliés à la sexualité. Les élèves qui vivent cette situation sont donc considérés et soutenus dans leur démarche.

« La politique c’est ce qu’on souhaite voir appliquer. C’est un vœu. Est-ce qu’on est là partout? Non, c’est un idéal que l’on va essayer d’atteindre », confie la directrice générale adjointe. Pour y arriver, d’ailleurs, un guide d’accompagnement est actuellement en écriture. Il propose des solutions pour les vestiaires, les toilettes, les changements de nom (formulaires) et sera disponible pour tous ceux qui interagissent avec ces jeunes.

Pour l’élaboration de cette politique, des consultations ont été réalisées auprès de milieux qui ont fait face à la situation, d’équipes-écoles et de directions, de conseillers pédagogiques et psychologues. « On a regardé aussi ce qui se fait ailleurs, dans d’autres centres, mais il n’y en a pas beaucoup », note Mme Plante en ajoutant qu’il s’agissait d’une première version qui s’adaptera, se bonifiera selon les situations.

Du côté du CSSBF, c’est donc un engagement à travailler à l’inclusion de ces élèves en tenant compte de l’ensemble de la population étudiante, qu’elle déclare avec sa politique.