Chesterville : la récréologue se fait montrer la porte
De retour au travail depuis peu, à la suite d’un congé de maladie en lien, précise-t-elle, avec un «contexte de harcèlement psychologique de la direction et de mauvaises pratiques de gestion», Valérie Nault, la coordonnatrice aux activités récréatives (récréologue), a été congédiée. Le congédiement devrait être officialisé, mardi soir, par les élus lors de la séance mensuelle du conseil municipal.
Dans un préavis de fin d’emploi de la récréologue, dont le www.lanouvelle.net a obtenu copie, la directrice générale de la Municipalité, Joanne Giguère, énumère différents motifs, précisant, d’entrée de jeu, que depuis le début de son emploi, on lui avait signalé «qu’à plusieurs reprises, votre attitude et votre manière d’exprimer votre insatisfaction étaient inacceptables», ajoutant qu’elle choisissait, en règle générale, de s’exprimer «de manière dénigrante et agressive, sans réfléchir aux conséquences qui pouvaient en découler».
Dans l’esprit de la directrice générale, cette façon de faire démontre «un manque de jugement et de considération à l’égard de vos collègues, des élus, et même de partenaires externes».
La DG cite en exemple le ton qu’aurait employé Valérie Nault avec une représentante de la Table régionale de l’éducation du Centre-du-Québec à l’été 2019.
Mais l’envoi d’un courriel, le 24 juin dernier, constitue, pour la directrice générale, la goutte qui a fait déborder le vase. «Dans ce courriel, vous attaquez les élus de manière incompatible avec votre statut d’employée de la Municipalité. Bien que vous ayez le droit d’exprimer votre opinion, le contenu de votre courriel ne laisse aucun doute quant à votre manque de respect à l’égard des élus et quant à votre manque de loyauté envers votre employeur», écrit-elle, tout en ajoutant que le courriel ne pouvait laisser espérer l’adoption d’une attitude acceptable à court, moyen ou long terme.
La DG fait savoir à la récréologue que ses manières d’agir et ses propos constituent des «fautes graves» pouvant constituer des manquements couverts par l’article 18.2 (d) de son contrat de travail.
D’ici l’adoption d’une résolution par le conseil municipal, on a demandé à Valérie Nault de ne plus se présenter au travail et de remettre ses clés et ses codes d’accès informatiques.
«De façon inhumaine»
Valérie Nault déplore son congédiement soudain, «de façon inhumaine», après seulement une semaine complète de travail à la suite de son retour progressif le 3 août. «On ne m’a donné aucun moyen pour remédier aux comportements qu’on me reproche, ni avertissement formel. J’ai été congédiée sans motif valable, comme si j’étais un bandit, après un an et huit mois de service», exprime-t-elle.
La récréologue réplique en expliquant que la Municipalité se sert notamment d’un événement de l’été 2019. «C’était une autre direction en poste avec qui la situation avait été réglée», fait savoir Mme Nault.
«On se sert également, ajoute-t-elle, d’un courriel personnel que j’ai envoyé, pendant mon arrêt de travail, comme bénévole le 24 juin. Celui-ci était destiné à un comité externe de l’administration de la municipalité et qui s’est retrouvé, je ne sais comment, dans les mains des élus qui s’en servent maintenant pour me faire chanter.»
Depuis son retour au boulot, malgré ses demandes, Valérie Nault n’a pu rencontrer la direction. Elle affirme n’avoir pu obtenir non plus, malgré deux demandes, une copie de la politique contre le harcèlement au travail. «Le 3 août, j’ai rencontré le maire qui m’offrait, comme seule solution pour améliorer le climat de travail, de déménager mon bureau à côté de la direction avec qui je suis en conflit. Chose que j’ai refusée», précise-t-elle, ajoutant avoir demandé de l’aide à Équi-Justice pour agir comme médiateur dans la situation.
«J’avais à coeur de discuter avec la direction qui ne m’assurait aucun suivi. Je voulais trouver des solutions pour travailler en coopération et non en confrontation. Ils ont visiblement refusé la démarche puisqu’ils ont préféré me tasser en me congédiant subitement», constate-t-elle.
Mais il n’y a pas qu’elle, note la récréologue, rappelant la démission de plusieurs de ses collègues qui vivaient, selon elle, «des situations désagréables avec l’administration municipale». «Les démissions se succèdent à un rythme impressionnant à Chesterville. Il me semble impératif que quelqu’un intervienne avant que la situation ne dégénère et ne s’aggrave», plaide celle qui craint pour l’avenir.
Réaction du maire
Joint au téléphone, vendredi avant-midi, le maire Vincent Desrochers a confirmé que le conseil municipal allait entériner par résolution, mardi soir, le congédiement de Valérie Nault. Il s’agit, selon lui, de la seule solution possible. «On a eu plusieurs rencontres avec la CNESST et avec nos avocats. On pense que c’est la seule avenue possible», dit-il.
Interrogé sur le climat actuel à la Municipalité, le maire Desrochers observe une nette amélioration. «C’est beaucoup mieux que ça a déjà été. Il n’y a rien de parfait nulle part, mais au conseil municipal, c’est très harmonieux et respectueux», fait valoir le maire Desrochers.